Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Un directeur général du FMI se promène rarement sans son téléphone portable. Dominique Strauss-Kahn, pourtant, l’avait oublié samedi dans sa chambre d’hôtel, aux côtés d’autres «effets personnels». Le signe, semble-t-il, que l’homme était parti toutes affaires cessantes. La preuve, ont conclu certains, qu’il avait sans doute quelque chose à se reprocher.


La Muse endormie, Constantin Brancusi, 1910
La Muse endormie, Constantin Brancusi, 1910

Les deux hommes en civil qui sont venus le chercher dans son avion à l’aéroport Kennedy (l’homme n’a pas besoin de réserver son billet à l’avance en 1re classe, une place lui est garantie) ne venaient pas lui ramener son portable. Strauss-Kahn a joué la surprise: «De quoi s’agit-il? » Mais il a suivi les agents de la Port Authority de New York qui avaient été alertés par leurs collègues de la police.

Dimanche soir, il était toujours en garde à vue dans un commissariat au centre du quartier de Harlem, inculpé pour «acte sexuel criminel, tentative de viol et séquestration illégale».

Dominique Strauss-Kahn et ses avocats nient tout en bloc. Le Fonds monétaire international ne répond pas. L’ambassade de France ne fait aucun commentaire. Il ne reste donc que la version de la victime présumée. Selon des informations non confirmées, elle serait d’origine afro-américaine, aurait 32 ans, s’appellerait Ophelia, et travaillait depuis trois ans comme femme de chambre à l’hôtel Sofitel, à la 44e Rue, en plein cœur de Manhattan.

Si son identité reste secrète, la version de l’employée est déjà connue de tous: un Strauss-Kahn qui l’aurait accueillie entièrement nu tandis qu’elle venait faire la suite 2806, la plus luxueuse de ce palace qui n’en manque pas. Les deux personnes s’étaient-elles déjà rencontrées par le passé? Le socialiste français l’aurait jetée sur le lit, l’aurait ensuite poursuivie dans la salle de bains, aurait fermé la porte à clé avant que la femme de chambre puisse se dégager et alerte ses collègues. Le temps que la police intervienne, Strauss-Kahn avait quitté l’hôtel en direction de l’aéroport.

La presse populaire américaine, la première, a fait sauter la présomption d’innocence qui devrait être attachée au prévenu. De ce côté de l’Atlantique aussi, les épisodes passés de la vie de Strauss-Kahn, son aventure avec une de ses subordonnées au siège du FMI à Washington, son insistance à se rapprocher plus que nécessaire des jolies journalistes, avaient été largement commentés ces derniers temps: «Le pervers», titrait en une le New York Daily News qui, comme certains de ses confrères ajoutait des détails sexuels de l’épisode qui n’ont pas été confirmés par d’autres sources.

À Harlem, le juge chargé du dossier devait se prononcer sur une éventuelle incarcération ou sur une remise en liberté après le versement d’une lourde caution. C’était hier l’hypothèse la plus vraisemblable, alors que sa comparution se prolongeait durant plusieurs heures. Selon son avocat new-yorkais, Benjamin Brafman, son client devrait plaider non coupable. Une décision qui, étant donné les particularités du système juridique américain, pourrait se révéler périlleuse: alors qu’un aveu, même partiel, peut ouvrir une procédure de «marchandage» avec la justice en vue de réduire la peine, un déni en bloc déboucherait sans doute sur un procès après la constitution d’un jury. En théorie du moins, le candidat socialiste pressenti aux élections présidentielles français risquerait ainsi jusqu’à 26 ans de prison s’il venait à être reconnu coupable de tous les chefs d’accusation.

Tandis qu’en France fleurissaient les théories d’un «coup monté», voyant s’activer les adversaires politiques de Strauss-Kahn, ou la Grèce soumise à un plan d’austérité par le FMI, ou encore la femme de chambre, personne n’évoquait aux États-Unis ce type de complot. La réputation de l’employée de l’hôtel était sans failles, expliquaient les dirigeants de la chaîne en se refusant à toute autre déclaration. Une femme de chambre qui savait se faire transparente dans le luxe apparent de cet établissement situé à un jet de pierre de Times Square, où se succèdent les personnages influents.
Les équipes de policiers ont passé au peigne fin la suite où était arrivé Strauss-Kahn la veille et qui comprenait une salle de conférences, un foyer, un salon, une salle de bains et une chambre à coucher, et dont le prix a été dévoilé par la police: 3000 dollars la nuit. Faute d’éventuelles preuves ADN, ce sera la parole de la femme de chambre contre celle de l’un des hommes les plus puissants de la planète.

Dominique Strauss-Kahn avait-il réservé son vol à l’avance? Que faisait-il à New York tandis qu’il avait rendez-vous le lendemain à Berlin avec la chancelière allemande Angela Merkel? Etait-il sujet à des «pulsions» incontrôlables, comme l’évoquent de plus en plus ouvertement les journaux français qui avaient gardé un silence précautionneux sur la question? Autant d’interrogations auxquelles devra répondre le juge new-yorkais. /////Luis Lema


Horizon


Rédigé par psa le 15/05/2011 à 19:30



La place de la femme en politique, souvent Tata zizi du gouvernement, a longtemps été très liée aux amours du prince. Tout de même! Qu’est-ce que c’est que cette histoire? Dans le cas de Dominique Strauss-Kahn, le problème semble aller au-delà d’un manque de maîtrise vis-à-vis des femmes. «Il a un comportement transgressif, il considère que les règles ne s’appliquent pas à lui». Depuis les révélations de Tristane Banon, l’omerta sur la sexualité des politiques en France a couvert les dérapages de «DSK» et place désormais toute la gente politique dans un grand embarras. C’est toute la sommation en une Annus horribilis du « sexus politicus » permissif de tous ces hommes qui confondent aimer les femmes et sauter sur toutes les femmes qui est questionné à travers le monde. L’aventure extraconjugale du directeur du FMI a réveillé les langues sur les mœurs de la classe politique.


Gustave Courbet, L'Origine du monde, 1866
Gustave Courbet, L'Origine du monde, 1866
Ce n’est pas un ouf, mais un hourra de soulagement qu’a poussé ce week-end la classe politique française. De la gauche radicale à la droite musclée, une unanimité rare a salué le maintien de Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds monétaire international (FMI). Le fait qu’il ait été blanchi par une enquête interne, après une liaison extraconjugale avec une employée, a été vu comme une victoire de la France gauloise et épicurienne sur l’Amérique puritaine.

Mais l’affaire a aussi délié les langues, à la fois sur le rapport aux femmes des politiciens français et sur le tempérament singulier de Dominique Strauss-Kahn. Depuis quelques jours, les médias laissent suppurer des allusions entendues à sa «gourmandise» (L’Express) ou à de «vieilles histoires» (Le Figaro) qui circulaient bien avant son arrivée au FMI, en 2007. L’intéressé a réagi en promettant de poursuivre en justice ceux qui relaieraient des «rumeurs malveillantes» sur son compte.

De quoi s’agit-il? Pour l’essentiel, de témoignages montrant que le dérapage de Dominique Strauss-Kahn au FMI était programmé. La faute à un comportement pesant, presque obsessionnel envers les femmes, que le contexte permissif du milieu politique français a sans doute encouragé.

Le récit le plus détaillé est celui de Tristane Banon, une journaliste et romancière qui a rencontré «DSK» il y a plusieurs années pour une interview. Le lieu du rendez-vous était insolite: une garçonnière proche de l’Assemblée nationale, avec pour tout mobilier un grand lit et une télévision. «La partie interview a duré cinq minutes et demie», précise Tristane Banon, le temps que l’ancien ministre de l’Économie pose sa main sur elle et lui propose de transformer l’entretien en ce que la terminologie du FMI appellerait une physical affair. «J’ai déjà croisé des dragueurs un peu lourds, dit-elle. Mais là, c’était effrayant. Il n’était plus lui-même

Un journaliste qui a enquêté sur l’affaire relativise: «Il a mis sa main sur sa cuisse, elle a dit non et puis basta.» Ce qui n’enlève rien au caractère désagréable de l’expérience: «Une drague aussi crue peut être très impressionnante lorsqu’elle vient d’un homme public», estime le psychiatre Paul Bensussan (lire ci-dessous). Car elle traduit une «abolition du sens du risque», de la part d’un perso

Sexus Politicus… Il se voyait déjà
Tristane Banon n’est pas la seule à être ressortie choquée de sa rencontre avec Dominique Strauss-Kahn. Ainsi, l’avocat parisien Emmanuel Pierrat explique avoir été approché par une femme gravitant dans le milieu politique, qui avait répondu à une «annonce censée améliorer sa situation professionnelle». Confrontée à des avances pressantes de la part du politicien, elle a «pris la poudre d’escampette avant que les choses ne dégénèrent», affirme l’avocat.

Dans le monde politique, les habitudes de «DSK» étaient bien connues. Aurelie Filippetti, aujourd’hui porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a gardé un mauvais souvenir d’une tentative de drague «très lourde, très appuyée» de la part de son camarade de parti. Depuis, «je me suis arrangée pour ne pas me retrouver seule avec lui dans un endroit fermé», explique-t-elle. D’autres témoignages décrivent toujours le même comportement: une sollicitation immédiate, insistante et directe, suivie de coups de téléphone et d’envois de SMS qui peuvent durer des jours. Mais le grand public n’en a guère entendu parler, les médias français observant un silence presque absolu sur ces pratiques.

Les raisons en sont à la fois historiques et philosophiques. «En France, depuis les favorites royales, on considère que la conquête des femmes est un attribut du pouvoir», rappelle Christophe Deloire, directeur du Centre de formation des journalistes à Paris et coauteur du best-seller Sexus Politicus (Éditions J’ai lu, 2008). Selon lui, les journalistes politiques n’aiment pas évoquer ces sujets, sauf entre eux, parce que la loi française sur la vie privée est très stricte, mais aussi «parce que pour certaines journalistes femmes, parler de ces aventures serait parler de leur propre vie privée». Quant aux politiciens, «ils considèrent que c’est leur liberté, et la beauté de la vie».

Cette tolérance générale a deux inconvénients. D’abord, estime Christophe Deloire, «la place de la femme en politique a longtemps été très liée aux amours du prince». Ensuite, le mutisme des médias a transformé Paris en nid de bruits malsains, où les préférences sexuelles des personnalités sont avidement consignées par des officines parapolitiques, voire par la police elle-même. Divulgués il y a peu, les carnets d’Yves Bertrand, ancien patron des Renseignements généraux, fourmillent d’anecdotes sur les liaisons ou les déviances supposées des uns et des autres.

Dans le cas de Dominique Strauss-Kahn, le problème semble aller au-delà d’un manque de maîtrise vis-à-vis des femmes. «Il a un comportement transgressif, il considère que les règles ne s’appliquent pas à lui», confie une personne qui a travaillé à ses côtés. Ce complexe de «maître du monde» se serait aggravé après 1999, lorsque Dominique Strauss-Kahn avait dû démissionner du Ministère de l’économie à cause d’une affaire de financement politique où on lui reprochait une lettre antidatée. La justice a conclu au non-lieu.

Très réactif durant la crise au FMI, l’entourage de «DSK» est devenu ces derniers jours curieusement silencieux. Son avocat et ses communicants de l’agence Euro-RSCG n’ont pas répondu aux questions du Temps. «Je ne me crois pas autorisé à faire la psychanalyse sauvage du directeur du Fonds monétaire international», commente son ancien bras droit au PS, Jean-Christophe Cambadélis./////////Sylvain Besson



Silence


Rédigé par psa le 15/05/2011 à 14:24



1 ... « 234 235 236 237 238 239 240 » ... 727