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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




L’«International Herald Tribune» et «Les Échos» se moquent doucettement de l’inefficacité du World Economic Forum, le Forum économique mondiale. «À Davos, une longue liste de problèmes attend les leaders du monde», titrait l’International Herald Tribune sur son site internet lundi. A quelques heures de l’ouverture du World Economic Forum, il fallait cependant aussi lire, comme sur tout contrat, les petits caractères. Lesquels précisent que ces leaders «vont tenter cette semaine de sauver le monde. On peut parier sans risque que pour la 41e fois, ils vont échouer.» Mais il fallait surtout lire le sous-titre de la version imprimée du Herald: «Après n’avoir pas réussi à prévoir la crise de la dette l’an dernier, Davos se concentre maintenant sur «la prévention du risque».» Pas gentil, ça. Mais il y a plus méchant encore. Les Échos décrivent ainsi «l’invraisemblable survie du forum de Davos» dans un article décapant sur «cette gigantesque business party [qui] aurait dû s’étioler. Car elle a porté toutes les valeurs, toutes les idées balayées par la crise financière.» Voici ce que nous dit « Les Échos » français.


L'invraisemblable survie du forum de Davos
Normalement, Davos ne devrait plus exister. Enfin, pas la tristounette station helvétique de ski, mais le Forum économique mondial, qui y attire fin janvier des centaines de patrons, de ministres, d'universitaires et de journalistes. Cette gigantesque « business party » aurait dû s'étioler. Car elle a porté toutes les valeurs, toutes les idées balayées par la crise financière, qui a connu son apogée en 2008. Nulle part ailleurs la « shareholder value », la valeur actionnariale, n'aura été prêchée avec autant de foi. A Davos, on a aussi prôné avec une rare constance la mondialisation débridée, la finance souveraine et la déréglementation permanente. On s'y est aussi beaucoup trompé. Une session a été organisée chaque année pour tenter de trouver « d'où viendra le prochain choc » sans jamais débusquer autre chose que les pays émergents, l'immobilier chinois ou le pétrole.

En 2007 et 2008, l'économiste Nouriel Roubini avait sérieusement agacé les participants en annonçant des catastrophes. Toutes les étoiles déchues de l'entreprise ont brillé à Davos, de Jean-Marie Messier (Vivendi) à Carly Fiorina (HP) en passant par Kenneth Lay (Enron), Chuck Prince (Citigroup) ou Dick Fuld (Lehman Brothers), qui affichait encore une incroyable morgue début 2008, huit mois avant sa chute. Et en ces temps d'économies tous azimuts pour préserver la trésorerie des entreprises voire des Etats, il peut paraître surprenant de claquer des dizaines ou quelques centaines de milliers d'euros ou de dollars pour aller se faire voir dans un village perdu des Grisons suisses.

Et pourtant, le forum est en plein essor. Le labyrinthique palais de béton qui l'héberge a encore gagné un étage cette année, avec une belle terrasse pour poser les caméras de télé. Les gens de la presse qui avaient été mis à la cave pendant plusieurs années avant d'être exilés dans une tente chauffée vont pouvoir ainsi se rapprocher des lieux. Le World Economic Forum, l'association qui organise le forum de Davos, ainsi qu'une douzaine de grosses déclinaisons régionales et d'autres cercles de réflexion, a multiplié ses effectifs par quatre en une décennie. Il vient d'emménager dans un somptueux bâtiment en verre à Cologny, banlieue chic de Genève. Et il refuse du monde à Davos -les journaux doivent négocier leur quota d'envoyés spéciaux et les dirigeants d'entreprise n'auraient pas la garantie d'entrer même s'ils sont prêts à s'acquitter d'une cotisation annuelle de 42.500 francs suisses (32.000 euros) et d'un droit d'entrée de moitié.

D'où vient cette étonnante résistance de Davos ? La première réponse est évidente : en réalité, rien n'aurait changé. Au-delà de l'émergence du G20 et de quelques paperasses de plus à remplir par les banquiers, le monde serait exactement le même. Et comme Davos avait du succès avant, il continue d'en avoir après. Mais ce n'est pas si simple. Le climat a changé au sein même du forum depuis deux ans. Il y a quelque chose de cassé dans le bel échafaudage de certitudes bâti au fil des décennies. Les questions inquiètes y sont devenues plus nombreuses que les réponses satisfaites. Il faut donc aller au-delà.

L'explication suivante, c'est la force de l'habitude. Car les dirigeants d'entreprise, qui ne cessent de vanter les vertus du changement permanent pour les autres, aiment bien les constances pour eux-mêmes. Nombre d'entre eux prennent le même avion à la même heure pour aller dans le même hôtel. Ils retrouvent des lieux familiers, des visages amis. Même si le forum a toujours été en pointe dans l'usage (et l'éloge) des technologies de l'information, ça fait du bien de se voir en chair et en os au moins une fois par an.

Les relations ne se limitent pas au traditionnel « shake hand », la poignée de main, dans les couloirs du palais. Car, au fil des ans, Davos est aussi devenu une collection de congrès professionnels. Puisque la plupart des dirigeants des grandes entreprises sont là, pourquoi ne pas en profiter pour se voir, discuter des problèmes communs, éclairer les tendances du secteur ? Les patrons de la high-tech se croisent ainsi en dehors du palais, dans des rencontres taillées sur mesure. Tout comme ceux de l'automobile. Ces manifestations consolident le vrai forum.

Partout, on échange des idées. Davos, c'est peut-être avant tout le défilé de la mode des idées. Elles avancent en pleine lumière, sous les vivats... Il est évidemment important de connaître les idées à la mode, qu'on soit chef d'entreprise ou gouvernant. Au-delà, il est toujours utile de se confronter à d'autres visions du monde, de compléter ses connaissances, de se recycler. L'an dernier, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, après avoir été sur scène pour défendre son programme d'austérité, était allé en simple participant à une session sur « les nouvelles approches institutionnelles » afin d'« explorer des propositions innovantes pour relever des problèmes globaux » comme par exemple l'administration électronique ou des pépinières à technologies innovantes !

Davos pourrait donc résister à des crises de la mondialisation encore plus violentes que l'épisode 2008. Mais le forum a pourtant un talon d'Achille : son fondateur, animateur et président. Klaus Schwab a monté en quarante ans de travail acharné et de déplacements incessants une manifestation sans pareille. Mais Klaus Schwab marche sur ses soixante-douze ans. Saura-t-il trouver à temps un horloger des passions humaines aussi subtil que lui pour réussir à faire cohabiter quelques jours à Davos des hommes et des femmes qui s'ignorent tout le reste de l'année, quand ils ne s'affrontent pas dans le cœur des consommateurs voire sur les champs de bataille ? Davos est souvent considéré en France comme une machine obscure de pouvoir. Mais il s'agit avant tout d'hommes qui discutent ensemble. ////////Jean-Marc Vittori


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 26/01/2011 à 07:11



L’effet domino se fait modeste, il s’est transformé en effet damier. Après la Tunisie, le saut est fait et c’est l’Égypte qui s’embrase. Le terme n’est pas fort puisque plusieurs habitants des villes égyptiennes ont battu pavé ce mardi déjà, avec une détermination palpable pour résister aux forces de police et inquiéter les services de sécurité du Raïs Hosni Moubarak. Les premières dépêches confirment cette inquiétude du pouvoir trentenaire du Caire connu aussi pour son intention d’imposer le fils Gamal Moubarak déjà secrétaire général adjoint du parti présidentiel, le Parti National Démocrate (PND). La contagion est réelle et la diaspora égyptienne s’y mêle… Infatigable Liberté! Les peuples en demandent toujours… Gardez les yeux ouverts! Jugez-en!


Moubarak Dégage
Moubarak Dégage
La révolution tunisienne va-t-elle faire tâche d'huile en Égypte ? Comme les Tunisiens criaient il y a dix jours «Ben Ali dégage», des milliers d'Égyptiens sont descendus dans la rue ce mardi au Caire et dans plusieurs autres villes égyptiennes au cri de «Moubarak dégage». Ce sont les manifestations anti-gouvernementales les plus importantes depuis les émeutes de 1977 dans ce pays, le plus peuplé du monde arable (80 millions d'habitants). Selon les forces de sécurité, un policier aurait été tué après avoir été battu par des manifestants.

D'autres rassemblements ont eu lieu à Alexandrie mais aussi à Suez (nord) où deux manifestants sont décédés après des heurts marqués par des jets de pierres contre la police. Des manifestations ont également eu lieu dans de nombreuses villes du pays, de la Haute-Égypte au delta du Nil, en passant par le Sinaï.

Partout, les manifestants ont fait référence à la révolte populaire qui a fait tomber mi-janvier le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali après 23 ans de pouvoir. «Pain, Liberté, Dignité», scandaient certains, reprenant des slogans des manifestants tunisiens. «Moubarak dégage», criaient d'autres.

Faire de «la journée de la police» une «journée de révolte»
Le ministre de l'Intérieur, Habib al-Adli, a déclaré que les organisateurs des manifestations étaient «inconscients» et que les forces de l'ordre étaient «capables de faire face à toute menace».

Plusieurs groupes de militants pour la démocratie avaient appelé à descendre dans la rue pour faire de mardi, officiellement «Journée de la police», une «Journée de révolte contre la torture, la pauvreté, la corruption et le chômage».

L'idée a été fortement relayée, en particulier auprès des jeunes, à travers les réseaux sociaux sur internet. Sur Facebook, plus de 90 000 personnes s'étaient déclarées prêtes à manifester. Mais un site américain spécialisé a annoncé que le site de micro-blogs Twitter était inaccessible depuis l'Égypte mardi.

Au Caire, environ 15 000 personnes ont manifesté dans plusieurs quartiers, notamment aux abords des bâtiments officiels du centre-ville, selon les services de sécurité. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour tenter de disperser les manifestants.

Parmi la foule venue sur la grande place Tahrir, au centre du Caire, Ibrahim, un juriste de 21 ans, ne mâche pas ses mots : «nous avons un régime corrompu qui veut poursuivre l'oppression sans fin».

Ahmed, un avocat de 28 ans, a lui aussi suivi avec passion la fuite sous la pression populaire du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, après 23 ans de pouvoir, contre presque 30 pour Hosni Moubarak.

«Moubarak dégage, tu es injuste, tu nous affames, tu nous tortures dans tes commissariats, tu es un agent des Américains», lançait une mère de famille venue manifester dans le quartier de Mohandessine, dans l'ouest du Caire, un drapeau égyptien à la main.


Pour Hillary Clinton, le gouvernement est «stable»
D'autres manifestants prenaient d'assaut les caméras des télévisions étrangères avec le même mot à la bouche ou sur des pancartes: «dégage».

La foule est plutôt jeune, largement mobilisée au travers d'internet et des réseaux sociaux comme Facebook. Les messages sur téléphone ont aussi beaucoup contribué à la mobilisation.

Le secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a toutefois assuré depuis Washington que le gouvernement égyptien, ferme allié des États-Unis au Moyen-Orient, était «stable».

Plus de 40% de la population égyptienne vit avec moins de deux dollars par jour et par personne. Plusieurs immolations par le feu ont eu lieu ces derniers jours, rappelant celle d'un jeune Tunisien qui avait déclenché la révolte dans son pays.


Gamal Moubarak
Gamal Moubarak

La liberté ne fatigue pas les peuples... Pain, Liberté, Dignité

Mot à Maux


Rédigé par psa le 25/01/2011 à 18:18



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