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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le plan d’austérité présenté en détail mercredi à la Chambre des communes n’épargne personne. Même des institutions vénérables comme la monarchie ou la BBC subiront des coupes drastiques.


L’austérité britannique de Thatcher à Cameron

Même des institutions vénérables comme la monarchie ou la BBC subiront des coupes drastiques.
Le chancelier britannique de l’Échiquier, le conservateur George Osborne, va réduire l’aide sociale de plus de 10 milliards de francs par an, voire de 27 milliards si l’on prend en compte les mesures annoncées en juin dernier. Whitehall, l’administration publique, va perdre un demi-million d’emplois. Même la Défense, un bastion qui évoque la puissance impériale britannique d’antan, est frappée de plein fouet par les mesures d’économies. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les Britanniques n’avaient plus connu une telle cure de cheval.

La radicalité des mesures prises par le gouvernement de coalition en place depuis mai 2010 s’explique. Avec un déficit budgétaire de plus de 10% du PIB et une dette astronomique, la Grande-Bretagne se range parmi les cancres européens. Des mesures énergiques s’imposent pour que cette puissance moyenne ne soit pas reléguée au rang de faire-valoir. Le pays entend montrer une nouvelle fois qu’il est encore le «laboratoire de l’Occident» qui ose s’attaquer au «vrai État napoléonien de l’Europe» qu’est devenue la Grande-Bretagne au cours des treize ans de pouvoir travailliste.

Pour se convaincre que la politique budgétaire prônée est la bonne, les Britanniques se souviendront que Margaret Thatcher, par la dureté de ses réformes, avait préparé le terrain à Tony Blair dont le règne a rimé avec une décennie de prospérité. Acculés par les difficultés, ils semblent culturellement plus enclins que d’autres Européens à accepter de durs sacrifices pour mieux rebondir.

Le pari sur l’avenir est audacieux, mais aussi risqué. L’impact social de l’austérité sera d’autant plus douloureux que les ménages britanniques sont, à l’image des États-Unis, très endettés. Une croissance en berne pourrait faire exploser le chômage. Dans une société qui s’est fortement individualisée, il n’est pas certain que le projet de «Big Society» élaboré par David Cameron, qui vise à promouvoir l’altruisme individuel au profit de la société, fasse mouche.

Les Britanniques ont dès lors un espoir: que la brutalité du plan d’austérité soit sous-tendue par une vraie vision politique qui implique du courage et non pas par la seule volonté d’une coalition gouvernementale fragile qui se chercherait une rhétorique convaincante pour s’affirmer. //////////Stéphane Bussard

Horizon


Rédigé par psa le 21/10/2010 à 08:33



Après l’affaire de corruption révélée par le «Sunday Times», l’instance dirigeante du football doit réagir prestement. Sa commission d’éthique se réunit aujourd’hui même à Zurich et décidera du sort des accusés. La corruption dans le football, aux yeux des experts ès sciences humaines, c’est comme le trou dans la couche d’ozone ou la tartine qui tombe côté confiture: une fatalité. Faut-il, dès lors, jouer les vierges effarouchées lorsque deux hauts fonctionnaires tombent dans un piège tendu par le Sunday Times? Oui, parce que c’est mal. Non, parce qu’on ne peut pas demander l’impossible à une tartine de confiture; non, parce qu’à la lumière d’un certain passé, le fait que deux membres du comité exécutif de la Fédération internationale de football association (FIFA) acceptent de monnayer leur voix dans le processus d’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 ne relève pas de l’extraordinaire.


Feu à la FIFA

Jusqu’au pavé lancé dans la mare dimanche par l’hebdomadaire britannique, le Tahitien Reynald Temarii et le Nigérian Amos Adamu incarnaient l’universalité du football, une notion que l’instance faîtière aime à vanter. Depuis, ils se sont mués en moutons noirs dans un ciel chargé. Ce mercredi matin, dès 10 heures au siège zurichois de la FIFA, ils devront s’expliquer devant la commission d’éthique de l’organe, dirigée par l’ancien attaquant des Grasshoppers Claudio Sulser, avocat. Dimanche déjà, via une lettre postée sur fifa.org, le président Sepp Blatter informait son état-major d’une «situation très délicate», tout en invitant son monde à tenir sa langue.

Une enquête est en cours, dont les premiers éléments seront dévoilés mercredi en fin de journée lors d’une conférence de presse. «Pour faire la lumière sur cette affaire, on fait appel à l’organe le plus pointu et le plus indépendant qu’on puisse imaginer: la FIFA elle-même», a ironisé la Süddeutsche Zeitung.

C’est-à-dire qu’il faut sauver les apparences, et vite, puisque l’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 doit intervenir le 2 décembre prochain. L’Angleterre, la Russie, l’Espagne en compagnie du Portugal et les Pays-Bas avec la Belgique concourent pour la première; le Qatar, l’Australie, les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud rivalisent pour la seconde. Il reviendra aux membres du comité exécutif de trancher – d’où la valeur de leur avis et l’intérêt qu’il peut y avoir à l’influencer. Or, sur les vingt-quatre noms à convaincre, outre ceux de Reynald Temarii et Amos Adamu désormais, sept ont déjà été soupçonnés, au moins, d’agissements contraires à la morale: Issa Hayatou (Cameroun), Chung Mong-jun (Corée du Sud), Jack Warner (Trinidad et Tobago), Ricardo Teixeira (Brésil), Chuck Blazer (États-Unis), Nicolas Leoz (Paraguay) et Julio Grondona (Argentine).

La corruption dans les hautes sphères du ballon, une fatalité? A en croire certaines publications, oui. David Yallop fut le premier grand dénonciateur, en 1999, avec How they stole the game (littéralement: «Comment ils ont volé le match»). L’enquêteur anglais, spécialiste du crime irrésolu, avait vu la version allemande de son livre interdite en Suisse. Et pour cause: l’accession de Sepp Blatter à la présidence de la FIFA y était dépeinte sous un jour douteux.

Lennart Johansson, ancien président de l’UEFA et éternel rival du Haut-Valaisan, s’exprimait ainsi pendant sa campagne: «Je ne sais pas et je ne vais pas spéculer. J’ai entendu beaucoup de choses au fil des ans, beaucoup d’allégations à propos de Havelange [président brésilien de la FIFA entre 1974 et 1998] et Blatter. Pour ma part, je ne vais pas me battre dans cette élection avec leur éthique. Si le prix à payer pour gagner, c’est que je doive me comporter comme eux, alors je m’abstiendrai.» Après le scrutin, le Suédois lâchait: «J’ai perdu 30 voix pendant la nuit. Il a dû se passer quelque chose.»

Après coup, Farah Ado, président de la Fédération somalienne, admettait avoir vendu sa voix pour 100 000 dollars. Sepp Blatter, lui, a toujours nié tout recours aux pots-de-vin. Et les enveloppes pleines de cash qui ont circulé dans les couloirs de l’hôtel Méridien à Paris, dans la nuit du 7 au 8 juin 1998? La FIFA n’en niera pas l’existence. À l’époque, elle explique qu’il s’agissait d’une avance sur les subsides que l’instance verse chaque année aux fédérations les moins nanties.

Plusieurs autres épisodes alimenteront la rumeur selon laquelle tout peut s’acheter ou se vendre. L’un d’eux est resté célèbre. Lors du vote d’attribution du Mondial 2006, le Néo-Zélandais Charles Dempsey, dont la voix était manifestement promise à l’Afrique du Sud, s’était abstenu au dernier moment, faisant pencher la balance en faveur de l’Allemagne. L’ancien président de la Confédération océanienne s’était par la suite plaint de «pressions intolérables de la part de groupes d’intérêts européens très influents».

Bref, la FIFA, une «société à but non lucratif» rappelons-le, est rompue à ce genre de contrariétés. Elle a, pour l’instant, maintenu le vote au 2 décembre prochain, confiante dans sa capacité à éteindre le feu dans les plus brefs délais. Ensuite, pour Sepp Blatter, il sera grand temps de se consacrer pleinement à sa réélection en 2011. «Je n’ai pas terminé ma mission et si le congrès en décide ainsi, je serai à disposition pour continuer», répète le Haut-Valaisan de 74 ans. Ce jour-là, il y aura 208 voix à conquérir – celles des 208 présidents de Fédérations nationales.//////// Simon Meier



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