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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Dans un pays toujours traumatisé par son passé nazi, les thèses pseudo-scientifiques de Thilo Sarrazin, sur le caractère hostile à la culture de l’islam, le manque d’intégration des immigrés et le «gène juif» ont provoqué un trouble profond. Statistiques à l’appui et à l’excès… ces mêmes statistiques affirment que le groupe d’immigrés qui réussit le mieux est celui des Iraniens chiites.


Retour au racisme : un filon politico-scientifique

À cause de la personnalité de l’intéressé, un ancien ministre social-démocrate aux Finances de la ville de Berlin, mais aussi en raison de la délectation des médias allemands pour l’odeur de soufre. L’effet est foudroyant: près de 20% des Allemands voteraient pour le parti de Thilo Sarrazin s’il venait à en créer un. L’homme a brisé un tabou politique. Alors que le parti néonazi NPD, caractérisé par sa violence et sa vulgarité, stagne, les thèses d’un Thilo Sarrazin, qualifiées de «nouveau racisme intellectuel», profitent de sa respectabilité.

Il n’y a donc pas de raison que l’Allemagne ne soit pas atteinte à son tour par une vague de rejet de l’islam et des immigrés qui traverse l’Europe depuis une décennie, des Pays-Bas de Pim Fortuyn à la Suisse du refus des minarets, en passant par la Hongrie, l’Italie ou l’Autriche. Le mouvement des trois «i», immigration, intégration, islam, est un filon politique. Le problème, c’est que Thilo Sarrazin, plus habile que d’autres populistes, joue sur deux tableaux.

D’un côté, des vérités et des statistiques que les partis traditionnels refusent de voir, par conformisme: oui, il y a deux fois plus de chômage dans la population musulmane en Allemagne, oui, les familles dépendent davantage de l’assistance sociale, oui, les jeunes musulmans sont trois fois plus nombreux à sortir de l’école sans diplôme. De l’autre, il lance des affirmations pseudo-scientifiques, darwinisme bricolé, et des généralisations abusives. Par exemple lorsque Thilo Sarrazin déduit que l’islam est par nature hostile à la culture et à l’éducation. En Allemagne, le groupe d’immigrés qui réussit le mieux est celui des Iraniens chiites. Brillants. On oublie que 80% des immigrés turcs proviennent de provinces rurales et sont issus de familles où l’on savait à peine lire. Il en va exactement de même avec les Latinos catholiques aux États-Unis.

L’indignation bien-pensante contre ce racisme rampant est insuffisante. Nous avons besoin d’une politique de migration exigeante mais qui soutienne l’égalité des chances, pas de discrimination ni de rêves «multi-kulti». Nous avons surtout besoin des intellectuels et scientifiques musulmans pour un islam moderne. //////////Yves Petignat


Silence


Rédigé par psa le 06/09/2010 à 02:50



Les pays de la région des Grands Lacs ont multiplié les pressions pour étouffer l’inventaire du Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Chacun a pris part aux atrocités qui ont transformé la RDC en un champ de bataille sans précédent entre 1993 et 2003. Il sera publié le 1er octobre 2010. En attendant, Paul Kagamé vient de prêter serment après sa nouvelle victoire présidentielle de 93%.


Crever l’abcès autour du Congo
Transformée en un champ de bataille sans précédent, otage de conflits polymorphes aux innombrables intervenants, entre 1993 et 2003, la République démocratique du Congo a enduré l’enfer. L’inventaire dressé par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) des crimes les plus atroces perpétrés durant cette période est une manière de rendre hommage à ces millions de victimes civiles, décimées dans un silence international assourdissant.

Si on peut redouter que justice ne leur soit jamais rendue, le rapport du HCDH, qui ne sera publié que le 1er octobre, a le mérite courageux de consigner noir sur blanc certaines vérités taboues. À divers degrés, tous les pays de la région des Grands Lacs, et quantité de factions rebelles, ont pris part aux tueries. Tous ont du sang sur les mains. Mais il est une responsabilité plus délicate que les autres à pointer: celle du Rwanda, dans les massacres des réfugiés hutus sur le sol congolais. Entre 1996 et 1997, ils ont péri par dizaines de milliers, sous le feu de l’Armée patriotique rwandaise.

En 1997, Roberto Garreton, le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme en RDC, a voulu enquêter: ses initiatives ont été paralysées, sa parole discréditée. En 2003, pour avoir rouvert le dossier, Carla Del Ponte a été éjectée du Tribunal pénal international pour le Rwanda, dont elle était la procureure. Aujourd’hui, cette réalité, étayée, documentée, refait surface dans le rapport du HCDH. Beaucoup ont encore du mal à la regarder en face, en témoigne le bras de fer pour entraver sa publication. Oui, le régime tutsi, qui a vaincu les génocidaires hutus, s’est à son tour rendu coupable des plus terribles exactions. Quatorze ans après les faits, il faut crever l’abcès.////////Angélique Mounier-Kuhn


Mot à Maux


Rédigé par psa le 04/09/2010 à 19:28
Tags : Congo RDC Rwanda Notez



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