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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Bernard Buffet, Les Folles
Bernard Buffet, Les Folles

S’il y avait une assurance à prendre sur sa tête, probablement qu’elle sera de plus d’un milliard de dollars. Mais ce disant, nous sommes dans l’expectative et la spéculation. La réalité est encore plus frappante et étonnamment élogieuse pour une personne qui fait dans la politique, lorsqu’on sait que depuis quelques années, dans les démocraties comme dans les dictatures, politicien rime difficilement avec popularité chez les citoyens. L’homme Barack Obama, il y a quelques années encore, payaient ses dettes d’étudiant –encore trois ans seulement, en 2005, disent certaines sources. Cet homme rafle la sympathie de tout le monde et surtout les dollars des plus ordinaires citoyens qui n’arrêtent pas de financer sa campagne électorale. La nouvelle n’est point dans les 52 millions qu’il vient de réunir de nouveau pour le seul mois de juin, la nouvelle n’est pas dans son engagement à demander aux donateurs de l’aider à rembourser les 20 millions de dettes de Hillary Clinton, la nouvelle réside bel et bien dans le caractère absolument vendable de sa personne. Le Parti démocrate compte en profiter pour renflouer ses caisses, Hillary, payer ses dettes aux fournisseurs et à elle-même sans aucune honte et, le candidat lui-même, disposer d’une capacité financière quasi illimitée pour affronter les Républicains à armes égales et aussi décourager les candidats indépendants de renoms qui, traditionnellement, font mal aux Démocrates. Il y a environ seize mois, Barack Obama étaient effectivement à 20 points de sondage derrière Hillary. Mais rapidement, sa capacité à réunir du financement ordinaire l’a fait triompher de tous ses adversaires ou l’y a aider, au point où plus du tiers de l’argent rassemblé par les 24 candidats de toutes les sortes de primaires, soit plus d’un milliard de dollars, était attribué au seul Obama. Naturellement, lui seul dans cette phase cruciale menant vers la Maison Blanche, le face-à-face avec le Républicain John McCain, est capable de rallonger les donations populaires pour atteindre le milliard. Et même s’il ne l’atteint pas d’ici novembre, il demeure absolument phénoménal qu’un seul politicien fasse saigner tant de cœurs et de chéquiers –de l’argent proprette durement gagné de M. et Mme Tout-le-monde, en ces temps de désarroi social et économique. Mais au chapitre de la sympathie, la tournée européenne vient de le prouver, le Barack Obama est obligé de limiter ses apparitions, tellement la sympathie et le désir qu’il draine sont sans commune mesure avec la vie d’un simple candidat à une élection présidentielle. Ici, la nouvelle n’est pas dans la jalousie apparente de McCain dont le passage en Europe fut sans relief il y a seulement trois mois, alors que la rivalité Obama-Clinton battait son plein ou encore ses failles de langage seulement truffé de « …I know…. » répétitif, imprécis et royalement ennuyeux. La nouvelle c’est la capacité de Barack Obama à capter toute l’attention mondiale en se mouvant dans un lointain Proche-Orient toujours stratégique et au cœur de la vieille Europe. Ce sont des milliards de personnes qui avouent maintenant avoir déjà entendu parler de Barack Obama en cette ère de l’information et de la communication. À la veille de ses 47 ans, Barack Obama vient de confondre les sceptiques avec son audience internationale redoutablement implantée et à la folie, puisque ministres se bousculent pour faire des photos avec lui, alors que rois et président s’en font des copains. Serions-nous vraiment à trois mois de l’histoire ? Je continue à le croire.

Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 26/07/2008 à 00:29
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Un vendredi 13 inspirant pour les ministres des affaires étrangères du Portugal, de la France et de l’Espagne. La publication de leur lettre commune, un justificatif point de vue sur tout ce qui bouge et dérange, ce jour, par Le Monde, contraste avec le pessimisme des Irlandais. Au nord l’Europe peine toujours à s’entendre, au sud et outre Atlantique, elle hésite à s’étendre. Il semble bien que "Rénover le dialogue transatlantique" comme le propose ces ministres est un peu loin des préoccupations citoyennes du moment. À moins que l'un aille forcément avec l'autre...


Pierre Bonnard
Pierre Bonnard
Onze pays se sont réunis à Alger pour préparer l'Union pour la Méditerranée et évoquer la paix au Moyen-Orient. Nous avons dressé le même constat : confrontés aux crises et à des dangers pressants, nous devons faire face ensemble, les Etats de la Méditerranée, l'Europe et les Etats-Unis. L'Union est nécessaire, un véritable partenariat euro-atlantique est indispensable. C'était l'enjeu du sommet du 10 juin entre l'Europe et les Etats-Unis.
L'Union européenne, tout au long de ces dernières années, a cherché à s'adapter à un nouveau système politique et de sécurité internationale. La Russie y a repris toute sa place. Le poids croissant de la Chine, de l'Inde et du Brésil reconfigure les alliances et les valeurs. L'Afrique se construit avec l'Union africaine, comme en témoigne le sommet UE-Afrique à Lisbonne, et offre enfin des exemples réussis de développement.
L'Amérique latine joue à nouveau tout son rôle. La Méditerranée, si divisée, si conflictuelle, se propose un nouveau visage, une nouvelle ambition pour le processus de Barcelone avec le sommet de Paris du 13 juillet sur l'Union pour la Méditerranée et lance un pont entre l'Afrique et l'Europe. Le Moyen-Orient se cherche de nouvelles voies originales bien que fragiles au Liban, comme entre Israël et la Syrie.
L'Union européenne et les Etats-Unis ont su, ensemble, réagir au défi du 11- Septembre. Mais l'intervention américaine en Irak et les différences de stratégie ont empêché de tirer tout le potentiel des relations transatlantiques et de bâtir un partenariat solide, exigeant, sur un pied d'égalité. Nous avons une chance historique de le faire. D'un côté, les Etats-Unis se préparent à une nouvelle administration. De l'autre, grâce au traité de Lisbonne, l'Union européenne disposera de nouveaux instruments de décision qui lui permettront de jouer un rôle à la hauteur, non seulement de ses ambitions, mais aussi de défis comme la prolifération nucléaire, l'instabilité des marchés financiers, la crise pétrolière, le changement climatique ou les exigences alimentaires. Nous proposons donc cinq axes de réflexion pour la rénovation de l'agenda transatlantique.
1. Sauvegarder les valeurs et les principes universels qui constituent le fondement de l'alliance transatlantique. La lutte contre le terrorisme ne se conçoit que dans le respect de nos valeurs communes : il faut trouver une solution pour Guantanamo, et nous attendons aussi des gestes sur la peine de mort. L'imposition de la démocratie par la contrainte n'est pas la bonne voie : un long chemin reste encore à parcourir même si nous sommes d'accord sur l'essentiel.
2. Conférer une nouvelle ambition au dialogue transatlantique. La transformation de l'OTAN, la stabilisation et la reconstruction de l'Afghanistan et de l'Irak ou la prolifération des armes de destruction massive nous obligent à resserrer davantage nos liens. Encore faut-il avoir une stratégie politique avant de penser en termes de moyens. "L'afghanisation", si elle réussit, peut servir d'exemple. La conférence de Paris du 12 juin sera l'occasion d'établir cette stratégie politique.
3. Construire un véritable pilier européen de sécurité et de défense. Une politique européenne de sécurité et de défense plus robuste est dans l'intérêt aussi bien de l'Union que des Etats-Unis dans le cadre du système de sécurité et de défense atlantique. Une défense européenne est indispensable à une alliance efficace, et les Américains eux-mêmes nous encouragent dans cette voie. Les Européens devront assurer toute leur part dans la responsabilité globale de maintien de la sécurité et de la stabilité internationales. A condition qu'ils acceptent d'en payer le prix.
4. Traiter de front les conflits du Proche et du Moyen-Orient. L'Europe ne peut se satisfaire de la perpétuation, dans son environnement immédiat, de conflits aussi graves, aussi existentiels que ceux du Proche et du Moyen-Orient. L'Europe ne doit plus jouer un rôle aussi marginal dans la résolution de ces conflits. Les Etats-Unis ont montré qu'ils ne pouvaient seuls y parvenir. Il est temps qu'ils acceptent que l'Union européenne puisse y travailler à leur côté.
Le Qatar, la Turquie, l'Egypte, la Ligue arabe ont montré que, sur des questions aussi complexes que la crise libanaise, le conflit israélo-syrien ou Gaza, l'on pouvait s'y essayer et parfois même réussir, comme au Liban, avec une méthode simple : le dialogue et la négociation. Nous devons tout faire pour que le processus d'Annapolis se poursuive. Seul un Etat palestinien démocratique et viable peut être le garant de la sécurité d'Israël. L'Europe, parce qu'elle est l'amie des pays arabes comme d'Israël, peut garantir un accord de paix.
5. Renouveler le dialogue stratégique. L'importance des flux commerciaux et financiers entre les deux rives de l'Atlantique devrait nous permettre d'exercer une influence plus marquée dans la régulation des marchés internationaux et de rééquilibrer le système international, pour parvenir à la sécurité énergétique et alimentaire, pour s'attaquer à la pauvreté et au sous-développement.
Tandis que le monde change et que de nouveaux acteurs y prennent place, nous devons revendiquer nos valeurs, nos principes, mais aussi nos réussites, et fonder les bases d'une construction commune renouvelée. Dans les mois à venir, alors que l'administration américaine est appelée à se transformer, l'Europe doit se donner une feuille de route et affirmer davantage son rôle dans cette alliance si nécessaire."

Luis Amado, ministre d'Etat et des affaires étrangères du Portugal ;
Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes de la France ;
Miguel Angel Moratinos, ministre des affaires étrangères et de la coopération de l'Espagne.


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 13/06/2008 à 10:25
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