Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




« Quand, enfin, se rendra-t-on compte que le discours de bien des gouvernants, depuis des mois, sur le retour de la croissance, l'efficacité du G 20 et la fin de la crise, n'est qu'une mascarade ? Non seulement rien n'est réglé, non seulement aucune mesure réellement sérieuse n'a été prise, mais encore la gestion de la crise n'a-t-elle, jusqu'à présent, fait que grossir l'avalanche qui dévalera sur les générations suivantes. » C’est Jacques Attali qui parle. Et Jacques Attali, c’est quelqu’un. C’est quelqu’un qui sait ce dont il parle. Et il poursuit…


Buffetrille William, Une des Origines du Monde
Buffetrille William, Une des Origines du Monde
D'abord, les faits : la croissance, dans nos pays, ne repart pas et le chômage, considérable, réduit la capacité des gens à consommer et à rembourser leurs crédits. En France, 4,7 millions de personnes sont en situation de ne pas avoir autant d'heures de travail qu'elles le souhaitent, ou de ne pas en avoir du tout. Aux Etats-Unis, 17,5 % de la population sont dans ce cas, et ceux qui travaillent ne sont occupés en moyenne que trente-trois heures par semaine. La durée du chômage s'allonge partout. Le commerce international se contracte. La baisse des prix mondiaux et celles du dollar et du yuan fabriquent du chômage et poussent encore plus les consommateurs à rechercher les produits à bas prix, ce qui détruit encore plus d'emplois.
Les banques, dont on a dit qu'elles étaient sorties d'affaire, ne pourront pas financer les investissements nécessaires à la reprise : nombre d'entre elles, parmi les plus grandes, que ce soit aux Etats-Unis, en Chine ou en Europe, manquent dramatiquement de fonds propres, au point que Jean-Claude Trichet leur a demandé de ne pas distribuer de dividendes. De plus, les gouvernements des pays industrialisés doivent trouver, cette année et l'an prochain, 12 trillions de dollars pour financer leurs déficits ; leur dette dépassera bientôt 80 % du PIB mondial, ce qui conduira les consommateurs à épargner plus encore pour se préparer à une inévitable hausse des impôts. En outre, les bons du Trésor ne seront plus considérés comme des placements sûrs pour les banques ou les compagnies d'assurances, ce qui mettra en cause les retraites complémentaires et par capitalisation. Enfin, les risques pris, sans transparence, par les banques centrales, sont vertigineux, et les fonds souverains sont gravement touchés, comme le montre ce qui se joue à Dubaï.
Les périls qui en découlent sont pires encore. Menacent à la fois des interruptions de services publics, des faillites de banques, d'entreprises et de nations, la ruine des salariés et des épargnants, en un jeu de dominos conduisant à une spirale dépressive, suivie d'un rebond inflationniste. Et même si la reprise se consolidait, contre toute raison, tous les précédents historiques montrent que l'emploi ne retrouvera pas son niveau d'avant la crise avant au moins deux ans.
On ne peut se contenter d'accepter ces menaces sans réagir, ni laisser l'espérance d'une minuscule croissance artificielle reporter sur l'avenir des difficultés de plus en plus grandes. Il faut, au moins en France, engager d'urgence les réformes de structure qui permettront de retrouver les chemins d'une croissance forte. C'est parfaitement possible. Encore faudrait-il avoir le courage de la vérité, seule justification de l'effort, seul préalable au succès./////Jacques Attali


Horizon


Rédigé par psa le 05/12/2009 à 11:05
Tags : Attali Crise Notez



Peur et Ignorance Au “Non” du Coran
Contrairement à ce qu’avaient prédit les sondages, l’initiative contre la construction des minarets est acceptée à une large majorité, avec 57,5% des voix (résultats officiels). La majorité des cantons est acquise. Dix-neuf et demi d’entre eux sont en faveur de l’initiative, la palme revenant à Appenzell Rhodes-Extérieures (71,5%) et Glaris (68,8%). Seules exceptions, à Genève (59,7%), Bâle-Ville (51,6%), Vaud (53%) et Neuchâtel, le Non l’emporte. Le Conseil fédéral prend acte du résultat dans un communiqué qui tend la main aux musulmans.
Tout au long de la campagne, les sondages avaient prédit le Non à 53% il y a encore deux semaines. Ces derniers jours cependant, le Oui avait légèrement remonté dans les intentions de vote. Un mot revient dans la bouche de tous les commentateurs: la surprise. Les sondages avaient en effet annoncé le Non gagnant Le résultat de la votation faisait la une de plusieurs titres internationaux comme Le Monde ou la BBC en début d’après-midi. Selon l’éditorialiste François Modoux c’est probablement « La Peur et l’Ignorance » qui se serait emparées de la tolérante Suisse que le monde entier admire : « L’acceptation de l’initiative anti-minarets surprend par sa netteté. Les sondages n’avaient pas écarté l’hypothèse d’un succès étriqué. Mais, loin d’une majorité de hasard, c’est un oui sans discussion qui sort des urnes. Une gifle aux musulmans de Suisse. Le peuple a voté avec ses tripes contre une disposition que les autorités helvétiques, le parlement fédéral et la quasi-totalité des élites politiques et économiques lui recommandaient de rejeter, au nom de solides arguments rationnels. L’image maudite qui colle à l’islam depuis de nombreuses années – un intégrisme religieux qui se décline dans des formes aussi choquantes que le terrorisme, la charia, la burka, la lapidation des femmes infidèles, etc. - est certes en total décalage avec la réalité de l’islam vécu par la très grande majorité des musulmans en Suisse. La campagne l’a très bien démontré, elle qui a amené les musulmans du pays à se présenter au grand jour et à s’expliquer sur leurs valeurs, lesquelles puisent à un islam européen, très éloigné d’un islam conquérant et intégriste. Mais c’est pourtant bien cette image négative de l’islam, ancrée dans les esprits de Suisses désécurisés, qui a tout emporté. »
À la même heure, au Togo, dans la Suisse de l’Afrique, Rock Gnassingbé, président de la Fédération togolaise de football, a essuyé un dur coup par un vote de défiance favorable à ses adversaires conduits par le vice-président Gabriel Ameyi. La surprise n’y était plus, encore moins la Peur et l’Ignorance : les gens ont voté largement en faveur du départ de notre ami Rock. Normalement, dans ces conditions, Rock Gnassingbé devrait penser à rendre immédiatement son tablier et laisser le football circuler dorénavant sans lui, au Togo. En Guinée équatoriale aussi, la surprise n’était pas au rendez-vous. Teodoro Obiang Nguema est reconduit à la tête de l’État pétrolier africain avec un score à la Ben Ali tunisienne…


1 ... « 61 62 63 64 65 66 67 » ... 148