Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Sous la bannière de la démocratie, «Il faudra peut-être songer un jour à couper les deux bouts de l’omelette pour que les gens raisonnables gouvernent ensemble et laissent de côté les deux extrêmes qui n’ont rien compris du Togo» disons-nous, aujourd’hui encore, pour paraphraser Alain Juppé. C’est aussi cela l’échec de Faure Gnassingbé : n’avoir pas su réconcilier le Togo en un tour de mandat, n’avoir pas su succéder à son père autrement que par la continuité d’une gouvernance désuète en brutalité et en clientélisme ; n’avoir jamais su précipiter le Togo dans la modernité.


Tout change... Les hommes passent
Tout change... Les hommes passent



Les jours passent, et le Togo recule désespérément. Comme dans l’éducation des enfants, les citoyens aussi apprennent par l’exemple de leurs dirigeants. Obnubilé par les friandises du pouvoir, Faure Gnassingbé ne fait pas exemple ; il n’a jamais su quoi faire de noble, et de déterminant, à la tête du Togo. Le résultat est lamentable : une douzaine d’années pour rien, et même la destruction du dialogue sociopolitique entre toutes les solitudes togolaises. Le Togo reste figé !

Mais la question togolaise n’est pas une question de division ethnique ou d’antagonisme politique. Le problème togolais est celui, clair et sans équivoque, centrale et sans extrême, de la compétence politique et de l’audace républicaine. Faure Gnassingbé ne possède ni l’un ni l’autre ou n’en a donné la preuve suffisante, douze années durant.

À l’école du pouvoir, aux côtés de son père Gnassingbé Eyadema, Faure Gnassingbé n’aura manifestement retenu que le mutisme, la tromperie et la brutalité en politique, en plus de ne pas aimer la contradiction jusque dans son prétendu cercle de confiance. En ces temps nouveaux, il faudra beaucoup plus que la distribution de l’idolâtrie encapsulée pour servir le Togo. Tout bouge partout. Le Togo ne peut échapper au permanent changement des choses et des êtres.


La démocratie sauve… Le temps presse… Le monde change

En politique, rouler et enfariner ses adversaires est une voie non pérenne, sans aucune issue et avec nul lendemain. Autant, manquer d’arguments et n’exhiber que la force de sa position transforme, très rapidement, les proches en aplatis courtisans et en fieffés Adowuinon. D’ailleurs, tout le monde se rabat sur le Togo pour des affaires et des choix de carrière, non pas parce que le Togo va bien, mais parce qu’il y a à manger jusqu’à confondre ventres et tambours.

Faure Gnassingbé a échoué de restituer la dignité humaine aux Togolaises et aux Togolais, en comparaison avec les peuples frères voisins du Bénin, du Burkina Faso et du Ghana. Un peuple à dignité bafouée est un peuple en colère. Dans les circonstances, le meilleur service à offrir à Faure Gnassingbé est de lui faire la démonstration que son pouvoir n’a d’avenir que dans l’audace de la renonciation aux indolences de l’inaction et de l’indécision, et au profit d’un appel franc et sincère au Grand Pardon ; lequel reste un acte éthique d’humilité, plutôt que de simples paroles incantatoires.

Le modèle togolais de renaissance reste à inventer. Pour autant, il ne s’agit pas de réinventer la roue : tant d’exemples existent à nos portes mêmes. L’avenir du Togo est probablement hors de vision de Faure Gnassingbé qui ne semble plus être partie lié au pays qu’il dirige. Le modèle togolais à assumer reste dans l’engagement de Faure Gnassingbé à passer à l’histoire aux côtés du peuple togolais lui-même. Aucune autre issue n’existe. Le salut de Faure Gnassingbé réside dans son adhésion, sans restriction aucune, à la démocratie pure, toute la démocratie, rien que la démocratie au Togo. Le monde a changé. Depuis lors, seule la démocratie peut sauver durablement.

Du Nord au Sud, dans l’opposition comme dans les rangs de son parti auquel chacun adhère rien que pour se protéger de la brutalité du régime et pour se sucrer le bec, Faure Gnassingbé doit concevoir que l’avenir réside dans la dissidence et dans le courage de la transgression des règles obsolètes d’un Togo périmé. Le temps presse. Faure Gnassingbé doit se rendre à l’évidence que c’est à lui de s’adapter au Togo qui bouillonne de partout, et non demander le contraire. Tous ces bruits grinçants que tout citoyen entend, c’est le Togo Faure Gnassingbé qui se déboulonne. Immanquablement, un autre Togo se lève.



togo_quoi_faire.pdf Togo Quoi faire.pdf  (321.83 Ko)

Silence


Rédigé par psa le 17/05/2017 à 00:00



Depuis son message de la Lettre Pastorale du 27 avril 2016, message acclamé par toute la population, l’Église catholique du Togo est devenue de plus en plus floue, sibylline, énigmatique, funambule, même sinusoïdale et bizarroïde. Aurions-nous alors besoin d’une « Association des Catholiques pour la Démocratie » avant de nous faire entendre, et demander l’actualisation du message très contemporain de Jésus-Christ? La Vérité ou rien d’autre!


Who's this... Jésus-Christ est du côté du Peuple...
Who's this... Jésus-Christ est du côté du Peuple...



Cinquante ans d’errements plus tard au Togo, le diagnostic demeure sans équivoque et conforme aux Saintes Écritures : « Quand on le jugera, qu'il soit déclaré coupable, et que sa prière passe pour un péché! Que ses jours soient peu nombreux, qu’un autre prenne sa charge! » Il n’y a donc aucun mal à persister dans l’acte libérateur du Togo : le peuple togolais veut la pleine démocratie et l’alternance. Et la voix du peuple togolais, tel qu’elle résonne et s’entend de partout, est aussi cette voix inaltérable de Dieu. Partout, la voix du peuple c’est la voix de Dieu.

Comment pouvait-il en être autrement lorsque, témoins privilégiés de l’histoire du Togo, les membres de la Conférence des Évêques du Togo appelaient encore, à peine dix mois, à la conscience collective par un si dense et généreux message : « Soyons responsables dans la Justice et la Vérité »? C’était il y a dix mois. Dix mois prophétiques au bout desquels, en pasteurs avisés, les Évêques sont allés à la rencontre de leurs fidèles pour leur ouvrir, davantage, la fenêtre de l’écoute et de l’espoir; véritablement et sans désespérer, les Évêques togolais avaient su lâcher et relâcher la colombe de l’espoir.

Au Togo également, ce n’est qu’au prix de cette persévérance dans le salut de la Vérité et dans le renoncement aux glissements et aux flottements, pas si lointains, que les terres inondées de la République émergeront de nouveau : « Les eaux allèrent en diminuant jusqu'au dixième mois. Le dixième mois, le premier jour du mois, apparurent les sommets des montagnes. (…)Noé ouvrit la fenêtre qu'il avait faite à l'arche. (…) Il lâcha la colombe, pour voir si les eaux avaient diminué à la surface de la Terre. (…) La colombe revint à lui sur le soir; et voici, une feuille d'olivier arrachée était dans son bec. »


Autant que le Verbe sauve la Démocratie

Faure Gnassingbé a besoin de la Vérité, celle d’avant comme celle d’aujourd’hui; cette Justice et cette Vérité que commande d’ailleurs l’infalsifiable histoire du Togo : la démocratie sauve autant que sauve la parole du Christ. C’est bien cette combinaison gagnante que monseigneur Isidore de Souza, en 1990, avait su incarner aux côtés de Mathieu Kérékou pour accoster « sans violence ni effusion de sang » l’arche Bénin, longtemps en perdition. Et, c’est en portant plus loin encore l’œuvre initiale admirable de l’un des nôtres, Édem Kodjo –pratiquement au prix de la vie de celui-ci, que le clergé local vient d’arrimer l’arche Congo à l’espoir d’une alternance démocratique projetée pour décembre 2017.

Le Togo n’a d’avenir que dans cette Vérité inlassablement servie en des termes clairs et limpides, des mots rassurants et puissants; un message sans cesse répété comme dans la Lettre Pastorale d’il y a seulement dix mois : « le principe de l'alternance politique, avant d'être une valeur démocratique, est surtout une exigence de droit naturel. Précisément parce que les gouvernants sont à notre service, il est légitime de les remplacer quand nous estimons qu'ils ne remplissent plus leur mission ou qu'ils ont atteint une limite qui ne leur permet ou ne leur permettrait plus de bien remplir cette mission.»

La Conférence des Évêques du Togo ne peut donc s’arrêter au beau milieu d’un si bon chemin menant au salut de sa communauté, ou encore se contenter d’un minimum de service après son propre appel à chaque volonté humaine à « Faire son devoir de citoyen ». Les Togolaises et les Togolais s’attendent à ce que l’Église de leurs entrailles leur ressemble au quotidien, dans leurs espoirs et espérances; plus que jamais, que cette Église se montre fière, digne, reconnaissable, luminescente et scintillante même, particulièrement par ces temps de noirceur et d’invouloir persistant.

Après avoir si longtemps accompagné la République, l’Église du Togo ne peut renoncer aux siens; « Après avoir été accompagnés par l'Église, ils poursuivirent leur route à travers la Phénicie [Lomé] jusqu’à la Samarie [Dapaong], racontant la conversion des païens, et ils causèrent une grande joie à tous les frères. » C’est aussi ce devoir de joie que les citoyens attendent et désirent partager avec leur Église. Sans peur ni retenue, Jésus-Christ reste un démocrate.


Silence


Rédigé par psa le 19/01/2017 à 22:22



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