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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




La campagne délétère de Nicolas Sarkozy, devenue chaude et touchante aux frontières des idéaux du Front National, embrasse désormais tout ce qui s’y trouve : Oui, il y a trop d’immigrés en France. Jamais, chef d’État français des temps moderne n’a autant été en désespoir de cause… Perdu! Fini!


Après Débat… Fin des Ébats... Élysée Moi
Avant le premier tour, la campagne de Nicolas Sarkozy avait déjà des relents d’extrême droite. L’entre-deux-tours est pire encore. Arrivé derrière François Hollande le 22 avril, le président-candidat flatte comme jamais les 6,4 millions d’électeurs de Marine Le Pen, dont il a un ardent besoin pour remporter l’élection. Les thèmes qui intéressent le plus les Français – l’emploi, le pouvoir d’achat, les moyens de relancer la croissance – sont relégués au bas des discours. Nicolas Sarkozy fait avant tout l’apologie de la «nation», de l’identité nationale, du «mode de vie français». La question des frontières est devenue le «sujet majeur» de sa campagne.

La semaine dernière, Nicolas Sarkozy a choqué en affirmant que la présidente du Front national était «compatible avec la République». Hier, son ministre de la Défense, Gérard Longuet, a déclenché la polémique en déclarant au journal d’extrême droite Minute que Marine Le Pen est devenue un «interlocuteur» possible.

Le cordon sanitaire tendu par Jacques Chirac autour des dirigeants du FN se réduit en fil de soie.
Nicolas Sarkozy a aussi renoué avec les travers qu’il a voulu gommer en 2011. Il attise les divisions, dresse des catégories de Français les unes contre les autres. Un summum a été atteint lorsque le candidat a parlé du «vrai travail» , une expression qu’il a dû retirer, tant elle a mis son propre camp mal à l’aise. Nicolas Sarkozy a alors organisé une «vraie fête» pour célébrer le travail, l’effort, le mérite.

Au Trocadéro, suite aux interrogations d’une partie de la droite devant sa tactique, le président-candidat a quelque peu radouci son discours. Quittant les références nationalistes inspirées par Charles Maurras, il a largement cité Charles de Gaulle. Non sans renoncer à attaquer les syndicats, les exhortant à «poser le drapeau rouge et à servir la France».

Cette stratégie peut-elle fonctionner? Les électeurs du FN qui célébraient Jeanne d’Arc le même jour ne sont certainement pas dupes. Marine Le Pen a beaucoup ironisé sur cette «tendresse […] touchante» pour l’électorat frontiste. Elle appelle à voter blanc.

Reste le grand duel télévisé de ce soir. François Hollande, inamovible dans son statut de favori, ne devrait pas dévier de sa ligne, la nouvelle «force tranquille». Nicolas Sarkozy va jeter toutes ses forces dans la bataille. Ce serait l’ultime occasion d’aborder les «vraies» questions, afin de tempérer un tant soit peu cette campagne délétère. //////Catherine Dubouloz

Silence


Rédigé par psa le 02/05/2012 à 06:00



À Dakar et sans doute dans certaines autres contrées du Sénégal, il ne subsiste que de nombreuses affiches de campagnes déchirées du « Vieux » Abdoulaye Wade dont ce qui reste de sa photo a souvent les yeux crevés. Pourtant son âge –né vers 1926 soit 85 ans ou 86 ans c’est selon, ne faisait pas tant problème que son obstination voire son entêtement à nier la réalité de la suprématie de l’éthique sur le droit, lui qui se considère comme le chef d’État « le plus diplômés » de son temps. Sans doute que dans la besace d’Abdoulaye Wade trouverait-on des parchemins et des tours, de trop, malheureusement.


Abdoulaye Wade, l’inutile tour de trop
Finalement le « Nadem! » des populations sénégalaises en verbe Wolof –rien d’autre que le « Dégage! » des peuples indignés des temps modernes, s’est fait corps en ce dimanche 25 mars 2012 : Abdoulaye Wade s’est fait battre, largement, par Macky Sall supporté par la totalité des autres candidats dans cette course présidentielle sénégalaise qui vient de se terminer, ainsi.

Pour le nouveau président élu du Sénégal, Macky Sall, l’étendue de l’adhésion populaire à sa personne et à la soif du changement s’apparente bien à un plébiscite : « L'ampleur de cette victoire aux allures de plébiscite exprime l'immensité des attentes de la population, j'en prends toute la mesure. Ensemble, nous allons nous atteler au travail. » Et du travail, il y en au Sénégal aujourd’hui comme demain.

Depuis quelques années, le président sortant, Abdoulaye Wade, a complètement perdu la mesure et la temporalité de son pouvoir, se transformant en un maitre absolu, pouvant faire le Sénégal à sa seule guise, surtout en défaisant les carrières et les collaborateurs autres que son propre fils, Karim Wade. Depuis lors, tout était fait et conçu en fonction de ce fils –titulaire d’un énorme ministère et en attente alléguée de la nouvelle fonction de vice-président créée par le père Wade. Ce dernier demandait trois ans de plus pour parachever ses œuvres, dans un mandat de sept ans; le reste du temps devrait accommoder un successeur de vice-président. Lequel? Les Sénégal n’avaient eu aucun mal à l’imaginer…

Cette entourloupette de dévolution monarchique du pouvoir directement à un héritier de sang a plus qu’horrifié la nation sénégalaise et qui, en l’espèce, n’est pas plus différente dans sa réaction de celle d’Allemagne, du Brésil, du Canada, du Congo, des États-Unis, de la France, du Ghana, de l’Inde, de la Malaisie, du Togo, de Vietnam, de la Zambie ou d’ailleurs. Comme sanction, la mairie de Dakar avait déjà été refusée à Karim Wade le 22 mars 2009, lors des élections municipales. Le message n'avait nullement ébranlé les Wade dans leur volonté successorale. Tout sera mis en œuvre pour que lors du Sommet du G8 à Deauville, en France, le président Sarkozy présente Karim à Barack Obama lui-même, au grand étonnement habile de ce dernier par ailleurs, une fois la supercherie ressentie. C’était bien après qu’une valise de devises fortes, l’Euro et le dollar américain, de la présidence sénégalaise eurent été portées et proposées sans succès –car délicatement retournées, au représentant du Fonds monétaire international, Alex Segura, en fin de séjour au Sénégal en 2009.

Des rapports diplomatiques fiables ainsi que des déclarations publiques de diplomates et organes de presse respectables ont d’ailleurs diversement confirmé que le président Abdoulaye Wade et son fils Karim Wade étaient devenus davantage occupés à « ouvrir la voie à une succession présidentielle dynastique et à tirer les ficelles du monde machiavélique de la politique sénégalaise qu'à s'attaquer aux problèmes urgents que sont le prix élevé des denrées de première nécessité, les coupures électriques fréquentes ou la périlleuse émigration des jeunes vers l'Espagne. » C’était ainsi depuis 2002 l’année du déménagement de Karim Wade de Londres à Dakar où il est devenu conseiller personnel de son père de président, et particulièrement depuis sa nomination comme président de l’ANOCI, l’Agence Nationale pour l’Organisation de la Conférence islamique à Dakar en 2008. Une expérience de gestion qui est devenue le symbole éloquent d’opacité en gestion publique que le Sénégal ait connu jusqu’à ce jour.

Seulement, il est clair que partout où les peuples se sont librement exprimés et leurs votes respectés et non détournés par toutes sortes de subterfuges et stratagèmes, rien n’est plus familier aux générations de citoyens à travers les âges que le libre choix du constant changement et de la valorisation de l’intégrité.

C’est cette loi de continuité dans le culte du changement permanent, celui-là même qui a conduit Abdoulaye Wade au pouvoir en 2000 par son cri de ralliement d’alors, « Sopi » le changement, que l’intéressé a voulu défier, par une candidature inutile et dégradante de sa propre personne et de son itinéraire politique vieux de plus de soixante ans. Il est indéniable que l’œuvre et la personnalité d’Abdoulaye Wade se sont assombries au soir de sa vie politique, devenue intempestive et impertinente, en plus de se muer en menace pour la démocratie sénégalaise, surtout le modèle que ce pays constituait pour toute l’Afrique.

De paroles données et non respectées en propos désinvoltes et irrespectueux des adversaires –lesquels dires considéraient Macky Sall comme son « apprenti » et lui le « maitre », l’avocat Abdoulaye Wade quitte la scène politique en président déchu et déshonoré par son seul désir, malicieux et maladroit, de se succéder à lui-même. Son score d'à peine 35% en dit long...

La démocratie a des exigences que seule la politique, encore moins les règles de droit ne peuvent satisfaire. Le tour de trop qu’Abdoulaye Wade a voulu grugé sur les marges de l’éthique publique -qui demeurent les cadres les plus durables de l’action publique, confirme cette règle immuable. Impardonnable erreur!

C’est bien une amère conclusion qu’il en soit ainsi que ce vieux baobab de la politique sénégalaise et africaine finisse ainsi par rendre la chose, plutôt difficile, pour sa progéniture de sang, Karim Wade qu’il voulait coûte que coûte imposer aux Sénégalais –quel que soit ce que la famille Wade serait tentée de déclamer aujourd’hui pour se dédouaner. Ce serait tout autant difficile pour son parti, le Parti démocratique sénégalais (PDS), fondé il y a une quarantaine d’années, depuis 1974 alors que Karim avait six ans, un parti détourné pour le service de l’enfant prodige et au détriment de toutes les autres ambitions dont celles de tous les anciens premiers ministres d’Abdoulaye Wade; Macky Sall y compris.

La résistance démocratique farouche du peuple sénégalais restitue la fierté africaine assez malmenée par temps d’élections. C’est un pas salutaire. La dizaine de vies humaines sacrifiées depuis le forcing démocratique d’Abdoulaye Wade ne le sont donc pas pour rien. Une consolidation démocratique unique est née de tant de morts et de déshonneur politiques.


Silence


Rédigé par psa le 27/03/2012 à 06:53



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