Profil
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.
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Au réveil rapide de la Côte d’ivoire déjà engagée dans la reconstruction et la réconciliation, à la course en tête du Ghana longtemps sorti de la division et de la diatribe, s’oppose la longue agonie du Togo où l’inconsistance dispute le terrain à l’incompétence. C’est bien le constat de près qu’offre notre ami Antoine Kodjo Épou dans son billet « Ça va de mal en pis ». Excellent texte d’Accra parti! Portrait amère d’une terre natale saccagée! Désenchantement d’une diaspora toujours désorganisée! La liste est longue…
Mais le drame n’est pas la diaspora togolaise. Le drame demeure l’état lamentable du Togo à Lomé, dans le Yoto ou ailleurs comme le constate le compatriote, du nord au sud de cette bande territoriale au destin maintenu tragique. Le drame, parce qu’il y a véritablement un drame, c’est cette incapacité notoire à tracer une ligne de fin qui servira à coup sûr à un nouveau départ. En réalité, le drame demeure l’inaction, cette absence de volonté et de courage à enlever cette ligne de démarcation qui sépare les Togolais eux-mêmes et fait vivre et survivre, en eux et autour d’eux, les Deux Solitudes sous toutes les formes. Aucunement, cela ne se fera sans conviction, sans souci de l’autre, sans enthousiasme, sans « Grand Pardon », sans éthique. Le texte suivant a été écrit en septembre 1822 –pratiquement deux siècles plus tôt, par un homme de la diaspora à son ami, même si le terme diaspora remonterait seulement à 1881. Cet homme dont le nom importe peu dans les circonstances, écrivait à son ami comme s’il traduisait, anticipait ou prédisait le mal togolais : « Comme toutes les pensées sont tournées maintenant vers la politique, je l’étudie malgré moi… L’honneur, la générosité, le vrai patriotisme, tous les éléments dont sont sorties les prospérités de (la Côte d’ivoire, du Ghana, etc.) se retrouvent aussi abondamment au (Togo). Un jour il sera possible aux Hommes désintéressés de tous les partis de se parler et de s’entendre. » Sans blague! Ce même personnage, très curieusement, écrivait en décembre 1820 ces « lignes singulières » comme s’il parlait aux Togolaises et aux Togolais : « Nous avons deux peuples, deux intérêts, deux politiques, il ne faut jamais l’oublier; il faut donc de nécessité agir faiblement et doublement. » Il n’y a peut-être pas de découragement chez l’ami Épou. Toujours est-il que le temps reste encore au ressaisissement et à l’action. Le temps reste encore au recommencement et à l’exemplification du bien faire, du doublement bien faire dans le cas du Togo, même si les bannières politiques des uns et des autres sont différentes. D’ailleurs, ce curieux personnage qui aurait pu être Togolais comme Rabelais qui ne lui est pas moins compatriote, ce merveilleux personnage qui m’a fait sortir du lit au lieu de meubler paisiblement ma lecture matinale, pour ce légitimiste les preuves abondent, et sans flagornerie s’il vous plaît: « Le bonheur et l’honneur de notre patrie. Nos fils, plus heureux que nous n’auront pas à déplorer ces divisions intestines et ces dénominations insultantes. (…) Rêve des nations (…) Liberté dont la Grèce a salué l’aurore… Chaque peuple à son tour te possède ou t’espère… Viens donc! Viens, il est temps, tardive Liberté!» Diplomatie Publique
Rédigé par psa le 21/09/2011 à 06:25
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