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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




L’un voulait exercer le pouvoir, l’autre désire l’incarner autrement, maintenant que tout est possible. Le QG de campagne du candidat socialiste François Hollande n’a plus seulement les yeux rivés sur les meetings et le scrutin. En coulisses, le passage de relais présidentiel est soigneusement préparé. Cette équipe se définit autant sous les filtres du pouvoir de la Mitterrandie que sous les lustres du pouvoir de la Sarkozie. Un autre demain semble bien être possible pour la nouvelle Hollandie : le «Tony Blair», le «filtre», les «amazones».


Retour dans le futur: de Hollande à  Mitterrand
L’homme balaie la salle d’un regard. Furieux. Au pied de l’estrade des invités la semaine dernière au Grand Palais de Lille, Manuel Valls avait du mal à se contenir. Pas assez de militants nordistes. Une grande partie de l’immense salle restée vide, dans la ville de Martine Aubry, fief historique du socialisme français.
«Manuel scanne tout. Il est déjà sans son costume de ministre de l’Intérieur», ironise un responsable de l’équipe «François Hollande 2012», dont le maire d’Evry dirige la communication. L’affaire, d’ailleurs, est entendue. Manuel Valls, l’ex-candidat aux primaires, le «Tony Blair» français, s’est imposé comme le vrai patron du QG au détriment de Pierre Moscovici, directeur de la campagne en titre. «Pierre est un surdoué des concepts. Manuel un expert en logistique. Or une élection, ça se gagne sur le terrain», persifle un élu PS de Picardie.

Le mélange des genres est inévitable dans l’entourage du candidat socialiste. Chaque meeting, chaque déplacement, chaque prise de parole de l’adversaire de Nicolas Sarkozy est doublée, en coulisses, de prises de contact politiques, de tractations discrètes, de rapports confidentiels destinés à s’assurer, dès le 6 mai, de la maîtrise de l’appareil d’Etat si «François» est élu. Les personnages politiques clés de ce dispositif à double commande se nomment Alain Rousset, président de la Région Aquitaine chargé du pôle économie, Marylise Lebranchu, patronne du pôle élus, Jean-Yves Le Drian, chargé des questions de défense, Catherine Trautmann pour le pôle Europe. D’autres, comme l’ancien secrétaire général du PS, Maurice Braud, activent leur réseau international. Les notes pleuvent au fil des rendez-vous. Pour remonter ensuite jusqu’à Faouzi Lamdaoui et Stéphane Le Foll, respectivement chef de cabinet et principal collaborateur de l’ex-patron du parti.


«Girl power»
Faouzi Lamdaoui est «la» clé. Celui qui suit partout François Hollande, avec Christian Gravel, le jeune responsable des relations presse. Le premier, toujours tiré à quatre épingles, affable, charmeur, est surnommé «le filtre». Le second, plus décontracté, flegmatique dans la cohue des caméras et des micros, joue dans l’ombre une partition destinée à surtout mettre dans la lumière les séduisantes Aurélie Filipetti, Delphine Batho et Najat Vallaud-Belkacem, les trois «amazones» de la campagne. Les deux premières sont parlementaires, l’une en Moselle, l’autre dans les Deux-Sèvres où elle a succédé à Ségolène Royal. Toutes sont de la «génération Sego». Charmeuses. Conquérantes. «Girl Power» titre à leur propos les «Inrockuptibles».

Christian Salmon, spécialiste de l’image en politique, aime opposer le récit «long» de François Hollande, de la Corrèze à l’Élysée, au «24 heures chrono» de Nicolas Sarkozy. Le QG de campagne socialiste, lui, ne se pose pas ces questions. L’impression de placidité qui s’en dégage est contredite par l’organisation «au jour le jour». Un haut fonctionnaire proche du candidat confirme: «Le message, c’est: étape par étape. Surtout ne pas anticiper.» Un rôle très important est ainsi dévolu au «panel des élus de base», une centaine de conseillers municipaux, départementaux et régionaux chargés de sonder l’électorat. C’est ce panel qui, avant le premier tour, a décelé la montée du Front national. François Hollande a aussitôt été informé. Aurélie Filipetti confirme: «On est tout, sauf un QG de campagne hors-sol

Cette dernière est l’archétype de cette synthèse que François Hollande a su engendrer. En 2007, Ségolène était assaillie. Les éléphants du PS la snobaient. Najat Vallaud-Belkacem, à ses côtés, «sentait chaque jour la pointe des poignards». Aurélie Filipetti, passée depuis sur les bancs de l’Assemblée nationale, en a tiré les conclusions. Aux grands élus les travées VIP, les applaudissements des militants, les images-souvenirs des clips vidéos. A elle le soin de chauffer les salles, d’incarner le changement. «Hollande a ce qui manquait à François Mitterrand en 1981: des groupies intelligentes», ricane un diplomate socialiste. Lesquelles savent aussi donner à la campagne son ton festif.


«A la Mitterrand»
Le choix du décor, de la musique, des ambiances, est en effet décisif. Mitterrand, pour sa réélection en 1988, avait accepté que la chanson Un autre monde de Téléphone, ouvre ses meetings. En se bouchant les oreilles pour ne pas l’entendre… François Hollande l’a réclamé, «pour que les militants se souviennent». Tout en mélangeant les registres. Il a relu, avant le premier tour, tous les discours de l’ancien chef de l’Etat en 1981. Il a demandé à sa «plume», Aquilino Morelle, d’écrire «à la Mitterrand». Il s’est mis à agripper les pupitres «à la manière de…». Tout en faisant ce que Mitterrand détestait: passer du temps avec les élus, s’attarder, blaguer. «Un apparatchik qui aime les gens», résume un cadre du PS lillois.

La conquête du pouvoir est programmée en coulisses. Confiée à des experts reconnus pour leurs compétences. Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne et pressenti comme futur ministre de la Défense, en est l’archétype. A tous, ce dernier indique que sa mission «s’arrête le 6 mai au soir». Tout en pointant l’agenda du prochain sommet de l’OTAN des 20 et 21 mai à Chicago. Les fêlures de la Sarkozie permettent en plus les «coming out». Jean-Pisani Ferry, le patron de l’institut Bruegel, ancien collaborateur de Dominique Strauss-Kahn, est à la manœuvre à Bruxelles. Jean-Pierre Jouyet, l’actuel président de l’Autorité des marchés financiers qui fut le ministre des Affaires européennes de Nicolas Sarkozy en 2008, intime de Hollande, est un «connétable» indispensable. Le plus frustré, dit-on, est Jacques Delors. Ce grand européen râle de ne pas être consulté ou, mieux, associé. «La vérité? Il est trop âgé pour le rythme de la campagne. On le perdrait en route», pique un cadre.

Le commun dénominateur de ces différentes équipes est le consensus. François Hollande, à chaque meeting, le rappelle aux élus qu’il rencontre. Il doit apparaître comme l’anti-Sarkozy. «Au fond, il a compris que sa mollesse supposée était son meilleur atout. Il veut incarner le compromis possible», explique un collaborateur de Manuel Valls. «Sa démarche n’est pas militaire, elle est collégiale. Il ne veut pas être le chef suprême», poursuit René Dozière, un autre élu picard. L’équipe Sarkozy, en 2007, avait été surnommée «la firme» pour son côté tribal, fermé, brutal. «Lui voulait prendre le pouvoir. Nous on veut l’exercer» conclut l’eurodéputée Catherine Trautmann. ///////// Richard Werly


Horizon


Rédigé par psa le 27/04/2012 à 07:35



Hier s’en était allé de Bamako à Dakar, en exil forcé par un malheureux évènement du 22 mars 2012, Amadou Toumani Touré (ATT). Personnage charmant et agréable à vivre, ATT ne constitue pas moins une aberration démocratique, militaire qu’il fut, haut-gradé en inaction politique qu’il restera. Pour tout héritage laissé derrière lui, son pays est aujourd’hui divisé en deux, occupé dans sa partie septentrionale par des forces islamistes radicales, une fois identifiée clairement que le Mali constituait sous la gouverne d’ATT l’archétype du maillon faible d’une ligne de front qui se voulait pourtant vigilante contre la propagation du terrorisme international dans les difficiles dunes du Sahara africain. Au Québec, ATT a un cousin proche en incompétence politique, un tout aussi beau parleur et blagueur, un fort en contemplation et en déni des faits : Jean Charest. Indignation!


Eliana Minillo, Les uns et les autres
Eliana Minillo, Les uns et les autres
Arrivé au pouvoir aussi par le pur des hasards en piégeant son adversaire lors du débat pré-électoral, le Premier ministre du Québec règne sur une province gangrenée par un niveau de corruption politique jamais inégalé. Ici et là répandus dans l’espace politique québécois, les entremetteurs, les corrupteurs et les corrompus de tout acabit font la loi autour des projets gouvernementaux, des marchés publics et des élections clé-en-main.

« On est resté dans l’opposition pendant longtemps… il faut placer notre monde maintenant! » aurait déclamé une des personnes identifiées à ce douteux sérail. Tout y passe alors, et complaisamment : juges nommés, contrats accordés, ponts déchaussées, routes chaussées, garderies subventionnées, services démantelés, santé à-deux-vitesses institutionnalisée, séjours sur terre-et-mer dorés, avantages privés, richesses naturelles privatisées, coûts environnementaux collectivisés, cadeaux personnalisés, informations privilégiées, amitiés consolidées, départs du gouvernement rentabilisés, loi électorale étouffée, élus récompensés, etc.

Dès le début du mandat de Jean Charest –renouvelé par deux fois au moment où ses adversaires politiques étaient en grande réorganisation, le ferment pour faire croître la corruption à un haut niveau et remplir les caisses du parti au pouvoir était ensemencé : chaque ministre devait faire rentrer, annuellement, une somme déterminée par le Premier ministre lui-même dans les caisses du parti au pouvoir. Aucun dirigeant d’une République bananière ou celui d’un État manioceux n’aurait pu trouver mieux. C’est au Québec de Jean Charest que tout cela se passe ainsi.

Une décadence clé-en-main en démocratie
Mais alors, « Trop n’est jamais assez » pour faire la démonstration de l’incompétence politique dont on est porteur. Il faut identifier les plus vulnérables de la société et les cibler par une des politiques les plus abjects à l’ère de la mondialisation et du règne du savoir : tarifer les études et la scolarité. « Vous, enfants gâtés du Québec qui voulez étudier, vous qui ne pensez qu’à étudier au collège ou à l’université au lieu d’en sortir au plus s… et aller occuper les emplois précaires, vous les boutonneux et les bougonneux d’éternels insatisfaits, vous allez payer plus cher vos frais d’études. » Aussitôt pensés, aussitôt imposés dans le budget : ces frais déjà majorés de 100$ sur chacune des cinq dernières années ne connaitront pas de répit et seront désormais majorés de 325$ pour chacune de ces cinq autres et très prochaines années. Trop, c’est comme pas assez du tout!

Si 100$ de majoration lors des inscriptions à toutes les sessions de ces cinq dernières années ont pu passer, certainement que 325$ de plus à chaque occasion, sur les cinq années suivantes, devraient également passer. Ainsi raisonne-t-on dans tout un gouvernement au Québec, poussant l‘essentiel des étudiants des niveaux collégiaux et universitaires, particulièrement ceux et celles qui n’ont pas la chance d’être inscrits dans des établissements privés, d’aller en grève et d’y rester pratiquement depuis plus de deux mois.


Manifestations, affrontements, arrestations, menaces, injonctions, judiciarisation, et tout y passe jusqu’à la bonne vieille recette du Diviser pour régner: diviser les associations d’étudiants, cultiver la zizanie par des tactiques dilatoires; tout faire pour monter ceux qui ont les moyens de payer les hausses déraisonnables des frais d’études contre ceux qui seront obligés de s’endetter pour étudier, infantiliser astucieusement les étudiants contestataires et accablés dans une société où il est entendu que ce sont ces jeunes qui paient leurs études, généralement, en travaillant des heures durant en semaines et par temps de vacances scolaires. Diviser pour faire régner l’incompétence, la condescendance et la non-écoute.

À tout cela il faut dire non! Un gros Non citoyen!

C’est ce que font les étudiants pour la plupart. C’est ce que font les enseignants pour l’essentiel. C‘est ce que font les syndicats et groupes divers. C’est ce que les citoyennes et citoyens feront de plus, jeunes et vieux, en manifestant par solidarité dans les rues de Montréal ce dimanche 22 avril 2012.

Voilà ce que sont de nos dirigeants incompétents qui sévissent sans éthique sous tous nos cieux, minimisant et blaguant même sur leurs responsabilités. Vivement les élections pour mettre fin à ce mandat de trop de Jean Charest, un mandat cauchemardesque pour tous, un mandat qui a totalement perdu le nord de la bonne gouvernance, perdu son Plan Nord, mordu sa propre crédibilité. Vitement même, les élections.


Mot à Maux


Rédigé par psa le 20/04/2012 à 18:32



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