Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Une Tunisie stable et non éthique? À d’autres!
Il nous faut vite tirer cette affaire au clair. Il n’y a aucune stabilité en dictature! Il semble que c’est au nom de la stabilité que la reprise en main de l’exploit populaire réalisé par les Tunisiennes et les Tunisiens est mis en bière par le reliquat d’apparatchiks du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), épargnés par la grande vague. Une dictature n’est nullement une stabilité, pas plus politique, économique, sociale et touristique. Une dictature n’est pas une destinée des peuples stables ou une destination tranquille pour fonctionnaires de la Banque africaine de Développement.


La preuve est largement faite pour que la paire gouvernante intérimaire, le président Foued Mebazaa et son Premier ministre Mohammed Ghannouchi forment un gouvernement qui soit réellement le reflet de la demande citoyenne : toute stabilité doit être éthique et viser le suprême bien commun. L’Histoire des peuples nous l’apprend et nous le répète, à travers tous les âges.

Il ne peut dont y avoir de stabilité dans un pays lorsque le système, clairement rejeté, est gratifié par les postes stratégiques dévolus aux mêmes personnes, dont particulièrement le ministère des Affaires étrangères (Kamel Morjane), le ministère des Finances (Ridha Chalgoum) et surtout le ministère de l'Intérieur (Ahmed Kriaâ) qui serait en charge des élections prochaines. L’apostasie ne pouvait pas durer trop longtemps. La récupération de la Révolution de Jasmin du 14 janvier 2011 était trop flagrante. On comprend alors la nouvelle détermination du peuple et son retour devant les marches de l’Histoire pour la reconquête de son pouvoir déjà perverti par des gueux politiques.

Il ne peut donc pas y avoir de tranquillité –dixit Martin Luther King, avant que la droiture, la sagesse et le sens de cette Histoire ne soient restitués par ceux-là qui pensent y mettre une digue, des digues sur son cours, et la détourner de sa destination normale… l’embouchure de Liberté-Ordre-Justice, l’embouchure du golfe de Tunis.

Une Tunisie stable, c’est bien ce qu’était la Tunisie d’avant le vendredi 14 janvier 2011 ; une Tunisie stable et aveugle du mal-être des siens ; une fausse stabilité. Prendre la même oligarchie et refaire une Tunisie stable est pure imposture. Ici, là, aujourd’hui, la stabilité est la fidélité à la voix de Dieu, la voix du Peuple. Cette voix nettement audible hurle un véritable changement, un véritable chargement d’éthique, celle qui procure la vraie stabilité. Pour la fausse stabilité, celle du désordre, les Tunisiens peuvent pouvoir s’en passer maintenant au prix de toutes ces années de sacrifice. Ils ont bien raison ! Des centaines de Tunisiennes et de Tunisiens peuvent occuper et remplir admirablement les fonctions gouvernementales encore confisquées au nom de la fausse stabilité. À d’autres !

Tous à bord ! Tous, nous sommes pour Liberté-Ordre-Justice, la devise même de la Tunisie ; elle est suffisante et incarne mieux la stabilité, la stabilité partagée, la vraie stabilité. Pour la stabilité sclérosée, la majorité des Tunisiens n’en veut plus ; elle qui est encore debout, guidée par la Main de Fatimah et la grande histoire de Carthage. Nous sommes tous à cet autre grand rendez-vous de l’Histoire avec nos amis tunisiens. Que ça fait bien longtemps que vous poussiez des cris de désolation ! Désormais, nous sommes à bord avec vous, pour une destination hautement stable, davantage louable et équitable.
Une Tunisie stable et non éthique? À d’autres!

Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 19/01/2011 à 07:00



Il persiste au Togo, la nécessité d’une action politique volontariste, désintéressée, communicative, convaincue et crédible. À l’aube de la nouvelle décennie initiatrice d’un nouvel horizon cinquantenaire pour le développement, c’est probablement le vœu le plus ardent que l’on pourrait former à l’endroit de ce pays de peu de mots. De loin, le Togo porte à confusion et se prête même à un imbroglio politique sans fin. Vu de près, le Togo a le mérite de permettre un diagnostic précis et sans équivoque, clair et non théorique : défaut d’enthousiasme.


Amada, Femme Africaine
Amada, Femme Africaine
Pour avoir pratiquement manqué tous ses rendez-vous politiques par une curieuse et répétitive erreur de jugement –qu’il n’est plus décent d’énoncer ou de dénoncer, c’est désormais d’une véritable rupture de citoyenneté, c'est-à-dire d’un tracé de ligne clairement identifiable par tous et de partout, un véritable cri d’honneur et de compétence politique, dont il faudra se munir pour dépasser les surenchères égoïstes, et aussi ce qu’Édem Kodjo identifie comme « l’accumulation des frustrations » dans sa brûlante Lettre ouverte à l’Afrique cinquantenaire, une Afrique dont le Togo fait toujours partie.

Littéralement et à travers villes et villages, le Togo croule sous des frustrations et les Togolais manquent d’enthousiasme, conséquemment. Il est temps d’y sonner un réveil audible et crédible à la fois, en diminuant les nombreux bruits de fond dont, essentiellement : le clivage ethnique et ses manifestations réelles et dommageables au tissu social et particulièrement face à la participation à la gestion effective de la chose publique d’une part, l’absence d’un consensus national minimum construit et appliqué dans la bonne foi et présenté par des acteurs crédibles d’autre part. De tels constats, relevés à hauteur des Togolaises et des Togolais et à même le terrain, appellent effectivement un leadership politique médiateur, une gouvernance communicative et intégratrice des citoyens du Togo, la diaspora y compris car recours et supportrice d’une frange importante de la population togolaise; c’est cela un réveil vrai, audible et crédible pour être porteur d’un enthousiasme citoyen contagieux et réparateur des frustrations.

Il est indéniable que l’Histoire politique du Togo demeure encore celle de la division et de son exacerbation au fil des confrontations et malentendus des cinquante dernières années. Et, c’est parce que l’Histoire togolaise se présente ainsi qu’il y a nécessité d’affirmer qu’un autre Togo est possible et s’atteler, l’instant d’après, à le réaliser hors de l’insuccès des sentiers déjà connus et fréquentés toutes ces années durant. On y arrivera en usant de peu de mots et à coup d’actes hautement éthiques : une certaine idée du Togo ouvertement communiquée et assumée. Il ne nous est donc plus permis de continuer à perdre le Togo dans l’inefficacité et l’absence de résultats partagés, encore moins dans l’activisme de la complaisance. Il n’est désormais plus permis d’adopter une posture boudeuse de nous-mêmes et de nos capacités à forger l’avenir. Il est véritablement temps de faire le Togo et le faire pour de bon.

L’essentiel du Togo a été dit et redit. Il est largement connu et reconnu de tous et de chacun maintenant que les hypothèques jadis gonflées à l’orgueil se sont abaissées –et leur modestie même les abuse dorénavant, au point où l’Histoire du Togo s’est arrêtée pour reprendre son souffle. Le Togo est simplifié; il est prêt à un autre ensemencement politique. Le Togo est prêt à recevoir des idées, des idées de bâtisseurs; le Togo politique est devenu un pays normal.

Il faut faire vite et bien! Il faut redonner le goût du Togo aux Togolais dans ces périodes utiles, studieuses et éloignées des soubresauts et fièvres électoralistes de début et de fin de mandat présidentiel. Il faut faire vite et bloc pour assumer collectivement le Togo, liquider ses passifs encore douteux, réaliser ses actifs restés juteux, prêcher par l’exemple et la professionnalisation de la vie publique. Il faut faire vite et brave par des choix audacieusement partagés à la seule lumière du jour et des compétences, celle qui peut faire renaître l’enthousiasme au Togo, en peu de mots et en très peu de maux. Le Togo ne saura se transformer qu’à travers une telle vision et au rythme de cette mutation et de ce dépassement longtemps attendus de ses élites politiques.

Comme le surgissement des nations au moment où l’on s’y attend le moins, il m’a été susurré que l’éveil du Togo coïncide aussi avec un subit changement générationnel qui ne peut se permettre de faire l’économie d’un pays totalement réinventé, mais seulement avec des méthodes nouvelles et la compétence partagée. Le Togo s’est effectivement tu trop longtemps qu’il ne semble plus posséder sa fierté d’être un des fils ainés des indépendances africaines et de ses idées émancipatrices : unité africaine, communauté économique, autonomie monétaire régionale, plan d’action de Lagos, etc. Plus que la politique politicienne, celle des uns et des autres, il y a le métier d’Homme, le métier de Citoyen, le devoir d’Être qui reste à exercer convenablement. Il est donc temps de savoir si Nous, Togolaises et Togolais, voulons rester longtemps couchés ou nous lever et redresser notre pays, avec enthousiasme.

Il y a nécessairement un nouveau pacte de grandeur à présenter aux Togolaises et aux Togolais avec respect, courage et créativité. C’est la confection hardie et le tricotage serré de ce parchemin de large consensus qui serviront de feuille de route à cet autre Togo qui va bien au-delà des querelles partisanes récurrentes et vaut plus que les seules ambitions trop longtemps individualisées… C’est ce qui ressort de mon récent et prolongé séjour au Togo, à la faveur du lancement de l’indispensable Fondation Pax Africana.



Horizon


Rédigé par psa le 12/01/2011 à 03:33



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