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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




L'ancien Premier ministre togolais, Édem Kodjo, a été secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) de 1978 à 1983. Il se confie à Jeune Afrique... toujours en homme d'action convaincu du Panafricanisme, un sentiment et un phénomène qui n'existe sur et autour d'aucun autre continent.


Unité Africaine : Souvenirs Palpitants d’Édem Kodjo
Union africaine. Unité africaine. Cela représente beaucoup de choses. C'est cette volonté tirée du panafricanisme, né loin du continent mais qui est devenu une idéologie exaltante pour la construction d'une Afrique unie, la libération de l'être africain dans toutes ses dimensions. Vue ainsi, l'unité africaine est une vraie mystique que nous avons appliquée avant d'avoir, par la suite, la chance de l'incarner. Elle n'est toujours pas construite. J'ai le sentiment, quand j'observe tout ce qui se fait aujourd'hui, qu'on tricote autour, qu'on ne va pas directement au cœur du sujet. C'est à se demander combien de siècles il faudra au continent africain pour qu'il s'affirme de manière plus unitaire. On en est encore loin, et cela me désespère parfois.

L'unité africaine, c'est, pour moi, des souvenirs palpitants. Je sais que je n'aurai plus jamais les mêmes émotions. Quand on a le sentiment de servir le continent africain et qu'on a été, comme moi, élevé dans une sorte de culte de l'Afrique, qui représente à mes yeux presque une personne physique, presque une mère, quand on vous met au sommet pour vous en occuper, c'est avec beaucoup de détermination que vous passez à l'action.

En 1979, déjà, nous nous sommes battus pour que le continent se dote d'une Charte africaine des droits de l'homme et des peuples. C'est l'une de mes plus grandes satisfactions. Il y a eu le grand souffle du Plan d'action de Lagos sur les communautés économiques régionales. Ce texte, qui a été adopté dans l'allégresse en 1980, détermine une conception de l'économie africaine selon laquelle l'Afrique doit essayer de produire ce qu'elle consomme, consommer ce qu'elle produit, cesser de consommer ce qu'elle ne produit pas et de produire ce qu'elle ne consomme pas. Ce texte fondamental est, jusqu'à ce jour, une référence. Mais cette bonne vision, qui ne demandait qu'à être amplifiée, a été contrée par la Banque mondiale.


"Ce n'est pas moi qui ai reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD). J'étais simplement le comptable."


La crise du Sahara occidental a été un moment difficile pour moi. Pourtant, ce qui paraissait évident pour tout le monde ne l'était plus. À partir du moment où le nombre d'États requis pour l'admission d'une entité comme État membre est largement dépassé - il y avait 40 voix pour et 12 contre -, les choses étaient claires. Ce n'est pas moi qui ai reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD). J'étais simplement le comptable en chef et j'en ai tiré des conclusions. Deux ans plus tard, tous les chefs d'État ont approuvé cette admission. Cette affaire date de février 1982. Nous sommes en 2013, et rien n'a évolué.

Confrontée à de nombreux problèmes, l'Union africaine est souvent obligée de se tourner vers l'extérieur pour chercher des solutions. Est-ce encore normal cinquante ans après sa création ? Non. Prenons le cas le plus récent, celui du Mali. On recherchait peut-être une dizaine de milliers de soldats, bien entraînés. Nous n'avons pas été capables de les trouver. Il a fallu qu'un État non africain vienne résoudre le problème à notre place. Heureusement qu'il y a eu les Tchadiens pour laver notre honte. Cet épisode montre bien les limites de la construction de l'unité africaine et de l'Union africaine. Je suis de ceux qui estiment qu'il y a des progrès à faire. Pourquoi ne pas instaurer un fédéralisme régional et avoir, ainsi, des entités qui tiennent debout ? Je sais que ce ne sera pas facile. Mais on ne demande pas aux États actuels de disparaître. Une fédération comporte un État fédéral et des États fédérés, avec des gouvernements.

Cela dit, l'organisation continentale ne doit pas être perçue uniquement de manière négative, comme c'est souvent le cas. Elle a réalisé beaucoup de choses, notamment en ce qui concerne la libération des peuples qui étaient encore colonisés, la paix et la sécurité, la démocratie, la gouvernance, les élections. Tout cela est positif. Ce qui est négatif, c'est la permanence de certains principes comme, par exemple, le fameux principe d'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Conséquence : nous avons une souveraineté juxtaposée qui ne facilite pas l'action.

Nous autres intellectuels, nous ne pouvons pas rester les bras croisés et la bouche fermée face à ce qui se passe. Nous répétons, au fil des années, que les choses ne marchent pas, mais nous ne bougeons toujours pas ! Cela va-t-il durer cent ans ? Je voudrais qu'on me dise si mes arrière-petits-enfants trouveront une Afrique respectable, une Afrique digne, une Afrique solide qui puisse avoir son mot à dire sur le plan international. Nous ne sommes pas seuls au monde. ///// Tshitenge Lubabu M.K.

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Rédigé par psa le 26/05/2013 à 14:38



C’est le ras-le-bol de l’austérité à l’italienne et le désir d’une moralisation de la vie politique…


Pier Luigi Bersani
Pier Luigi Bersani


La gifle magistrale que les Italiens ont administrée aux partis traditionnels lors des législatives de dimanche et lundi en ne consacrant aucun vainqueur et en offrant un quart de leurs voix au mouvement populiste de Beppe Grillo a précipité le pays dans une zone de turbulences politiques. Avec des conséquences immédiates et néfastes: déjà mal en point, la Péninsule a vu le coût de sa dette augmenter. Ce n’était évidemment pas le but recherché.

Le succès fracassant du chantre de l’anti-politique s’explique non seulement par le ras-le-bol de l’austérité (qui a également profité à Silvio Berlusconi), mais aussi par le rejet massif et violent d’une classe politique qui, toutes formations confondues, ne cesse d’être éclaboussée par des scandales de corruption et d’usage répréhensible des deniers publics.

Il émane des 25% d’électeurs qui ont soutenu le Mouvement 5 étoiles, mais aussi des quelque 25% de personnes qui ont renoncé à voter (l’abstention est en hausse de plus de 5 points par rapport à 2008), un impérieux appel à un changement radical passant par une moralisation de la politique. Sera-t-il entendu? Il est trop tôt pour le dire, mais les premiers signes ne sont pas encourageants: depuis que les résultats sont connus, l’heure n’est guère à l’introspection dans les rangs des partis traditionnels. En coulisses, seuls les marchandages et les considérations stratégiques ont voix au chapitre, alors que démarrent les négociations destinées à former un gouvernement.

Trop heureux d’être revenu d’entre les morts, Silvio Berlusconi prépare les revendications qu’il entend faire valoir auprès de ses partenaires potentiels dans une coalition. Peu réceptif pour l’heure, Pier Luigi Bersani, contraint de chercher un allié au-delà du centre pour former une majorité, promet pour sa part des «changements», concernant notamment «la réforme de la politique». Une démarche qui tient davantage de l’appel du pied à l’intention du Mouvement 5 étoiles que de la proposition désintéressée. À ce stade, il est difficile d’imaginer que ce dernier entre en matière, son leader, Beppe Grillo, ayant juré qu’il ne frayerait avec aucun des camps honnis.

Qu’il s’y résolve ou pas, les tractations en cours n’offrent de toute façon que des perspectives limitées. Même s’il parvient à voir le jour, le gouvernement en gestation sera le fruit d’une alliance fragile. Il paraît d’ores et déjà condamné à une échéance assez brève, avec, à la clé, un retour des Italiens aux urnes. La Péninsule se prépare à une année encore plus difficile que prévu, au grand dam d’une Europe piégée dans son orbite. /////////Sandra Moro


Ad Valorem


Rédigé par psa le 27/02/2013 à 03:27



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