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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Pour avoir fait un séjour des plus inoubliables au Québec, Alain Juppé connait le refrain du début de saison des Canadiens de Montréal, dès lors qu’un soupçon d’une goutte de première victoire se pointe à l’horizon de la longue saison de hockey…Ça sent la Coupe ! De l’autre côté de l’atlantique, plus qu’un slogan, le Juppé2017 a encore plus le goût du « Meilleur de nous tous ». Jamais le Juppé nouveau n’aura été aussi Bordeaux que la France entière, depuis son passage au Québec, depuis qu’il « ne mange(rai) plus de cerises en hiver ».


Le Juppé nouveau: sage, populaire et… jeune présidentiable


Au baromètre des hommes politiques, Alain Juppé vient de prendre la tête. Et dans le cafouillage des ambitions déguisées ou clairement affichées, les observateurs relèvent une si persistance remontée. Pour Europe 1, Olivier Duhamel ne pouvait pas être aussi clair et synthétique devant l’abîme des uns et des autres :

« Les faits l’attestent. Il arrive en tête du baromètre IPSOS-Le Point dans le jugement des Français sur l’action de leurs politiques. Le maire de Bordeaux gagne quatre points, le ministre de l’Intérieur en perd quatre, et, du coup, Juppé l’emporte sur Valls, avec 51% de jugements favorables. Alain Juppé devance François Fillon de sept points, et Nicolas Sarkozy de neuf points – sans parler de Jean-François Copé, dans les profondeurs de l’impopularité.
Moment Juppé, parce que François Fillon vient de se tirer une balle dans le pied, parce que Sarkozy suscite encore de très fortes oppositions (52% de jugements défavorables) et parce que Jean-François Copé ne se remet pas du fiasco de son élection à la présidence de l’UMP. Trop tôt pour le dire, évidemment. Mais plausible, voire probable. Copé semble durablement hors course, Fillon s’est abîmé, Sarkozy risque de ne séduire que son camp, au sens étroit du terme. Si les sondages donnaient Juppé comme seul vainqueur possible de la présidentielle, nul doute qu’il pourrait gagner la primaire.
Trop vieux pour être élu ? Après deux jeunes ayant déçus, les Français pourraient vouloir se rassurer avec un sage. Juppé aura 71 ans lors de la présidentielle. De Gaulle avait 75 ans lorsqu’il fut élu par le peuple en 1965, et Mitterrand 72 ans lorsqu’il fut réélu en 1988. Et, depuis, le corps électoral a vieilli… »


Caution morale
Allant plus loin dans son analyse, Le Monde élève Alain Juppé au rang de la « caution morale » de la droite française lui conférant ainsi une certaine durabilité dans le nouvel positionnement du bien nommé « le meilleur de nous tous » par le président Jacques Chirac lui-même. Ainsi, pour Geoffroy Clavel, la revanche du malaimé Juppé a bien commencé :
« L'embellie est-elle durable? Dans notre palmarès des personnalités réalisé par l'institut YouGov, la cote d'Alain Juppé progresse régulièrement auprès de l'opinion. Une montée en puissance qui doit autant à la dégringolade de Manuel Valls qu'aux prises de position mesurées et remarquées d'Alain Juppé sur la crise syrienne ou la politique intérieure.

Alain Juppé observe depuis maintenant un an un repli stratégique de la scène nationale. Entièrement tourné vers sa réélection à la mairie de Bordeaux en 2014, l'ancien premier ministre choisit ses prises de parole avec discernement, essentiellement sur des sujets économiques. Mais l'actualité l'a régulièrement contraint à jouer les juges-arbitres, qu'il s'agisse du psychodrame de l'UMP ou, plus récemment, sur le délicat conflit syrien.
Caution morale d'une droite "républicaine" en proie au doute, Alain Juppé a ainsi gagné 15 points auprès des sympathisants socialistes en s'opposant à la droitisation de François Fillon.

La revanche d'un politique
Le maire de Bordeaux, qui n'est pas homme à étaler ses sentiments, peut néanmoins déguster ce revers de fortune. Premier ministre conspué par la rue en 1995, chiraquien fidèle frappé d'inéligibilité dans l'affaire des HLM de Paris, super-ministre de l'Environnement battu comme un débutant aux législatives de 2007, le voici au sommet de sa forme politique... à 68 ans.

"Je m'en remets à ce que disait Jacques Chirac : en politique, il faut mépriser les hauts et repriser les bas. Je ne vais pas vous dire que ce sondage ne me fait pas plaisir, car ce serait mentir, mais il n'y a pas chez moi d'esprit de revanche", commente-t-il modestement dans Sud-Ouest.

Mais avec un Copé au sommet de son impopularité et un François Fillon ciblé par les critiques, la dynamique penche du côté du maire de Bordeaux. Les rares sondages en Gironde le donnent réélu dès le premier tour. De quoi lui ouvrir un boulevard pour la présidentielle de 2017, lui qui n'a jamais totalement fermé la porte à une candidature. Trop tard? "En général quand on parle de moi on utilise une expression qui ne me convient pas trop : 'vieux sage'. Je suis sage, mais je me sens très jeune", ironise-t-il. Une coquetterie qui résonne comme un avertissement » à toute la classe politique qui continue à manger des cerises l’hiver tout en se préparant pour les présidentielles de 2017.

Faites comme lui : Abstenez-vous et faites un tour de dégel et de largesse politique au Québec. À vrai dire –et beaucoup le voyait aussi, l’homme Juppé n’était plus le même au terme de son séjour au Québec. Depuis lors, tout lui sourit… l'avenir aussi.


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Rédigé par psa le 17/09/2013 à 23:30



L'ancien Premier ministre togolais, Édem Kodjo, a été secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) de 1978 à 1983. Il se confie à Jeune Afrique... toujours en homme d'action convaincu du Panafricanisme, un sentiment et un phénomène qui n'existe sur et autour d'aucun autre continent.


Unité Africaine : Souvenirs Palpitants d’Édem Kodjo
Union africaine. Unité africaine. Cela représente beaucoup de choses. C'est cette volonté tirée du panafricanisme, né loin du continent mais qui est devenu une idéologie exaltante pour la construction d'une Afrique unie, la libération de l'être africain dans toutes ses dimensions. Vue ainsi, l'unité africaine est une vraie mystique que nous avons appliquée avant d'avoir, par la suite, la chance de l'incarner. Elle n'est toujours pas construite. J'ai le sentiment, quand j'observe tout ce qui se fait aujourd'hui, qu'on tricote autour, qu'on ne va pas directement au cœur du sujet. C'est à se demander combien de siècles il faudra au continent africain pour qu'il s'affirme de manière plus unitaire. On en est encore loin, et cela me désespère parfois.

L'unité africaine, c'est, pour moi, des souvenirs palpitants. Je sais que je n'aurai plus jamais les mêmes émotions. Quand on a le sentiment de servir le continent africain et qu'on a été, comme moi, élevé dans une sorte de culte de l'Afrique, qui représente à mes yeux presque une personne physique, presque une mère, quand on vous met au sommet pour vous en occuper, c'est avec beaucoup de détermination que vous passez à l'action.

En 1979, déjà, nous nous sommes battus pour que le continent se dote d'une Charte africaine des droits de l'homme et des peuples. C'est l'une de mes plus grandes satisfactions. Il y a eu le grand souffle du Plan d'action de Lagos sur les communautés économiques régionales. Ce texte, qui a été adopté dans l'allégresse en 1980, détermine une conception de l'économie africaine selon laquelle l'Afrique doit essayer de produire ce qu'elle consomme, consommer ce qu'elle produit, cesser de consommer ce qu'elle ne produit pas et de produire ce qu'elle ne consomme pas. Ce texte fondamental est, jusqu'à ce jour, une référence. Mais cette bonne vision, qui ne demandait qu'à être amplifiée, a été contrée par la Banque mondiale.


"Ce n'est pas moi qui ai reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD). J'étais simplement le comptable."


La crise du Sahara occidental a été un moment difficile pour moi. Pourtant, ce qui paraissait évident pour tout le monde ne l'était plus. À partir du moment où le nombre d'États requis pour l'admission d'une entité comme État membre est largement dépassé - il y avait 40 voix pour et 12 contre -, les choses étaient claires. Ce n'est pas moi qui ai reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD). J'étais simplement le comptable en chef et j'en ai tiré des conclusions. Deux ans plus tard, tous les chefs d'État ont approuvé cette admission. Cette affaire date de février 1982. Nous sommes en 2013, et rien n'a évolué.

Confrontée à de nombreux problèmes, l'Union africaine est souvent obligée de se tourner vers l'extérieur pour chercher des solutions. Est-ce encore normal cinquante ans après sa création ? Non. Prenons le cas le plus récent, celui du Mali. On recherchait peut-être une dizaine de milliers de soldats, bien entraînés. Nous n'avons pas été capables de les trouver. Il a fallu qu'un État non africain vienne résoudre le problème à notre place. Heureusement qu'il y a eu les Tchadiens pour laver notre honte. Cet épisode montre bien les limites de la construction de l'unité africaine et de l'Union africaine. Je suis de ceux qui estiment qu'il y a des progrès à faire. Pourquoi ne pas instaurer un fédéralisme régional et avoir, ainsi, des entités qui tiennent debout ? Je sais que ce ne sera pas facile. Mais on ne demande pas aux États actuels de disparaître. Une fédération comporte un État fédéral et des États fédérés, avec des gouvernements.

Cela dit, l'organisation continentale ne doit pas être perçue uniquement de manière négative, comme c'est souvent le cas. Elle a réalisé beaucoup de choses, notamment en ce qui concerne la libération des peuples qui étaient encore colonisés, la paix et la sécurité, la démocratie, la gouvernance, les élections. Tout cela est positif. Ce qui est négatif, c'est la permanence de certains principes comme, par exemple, le fameux principe d'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Conséquence : nous avons une souveraineté juxtaposée qui ne facilite pas l'action.

Nous autres intellectuels, nous ne pouvons pas rester les bras croisés et la bouche fermée face à ce qui se passe. Nous répétons, au fil des années, que les choses ne marchent pas, mais nous ne bougeons toujours pas ! Cela va-t-il durer cent ans ? Je voudrais qu'on me dise si mes arrière-petits-enfants trouveront une Afrique respectable, une Afrique digne, une Afrique solide qui puisse avoir son mot à dire sur le plan international. Nous ne sommes pas seuls au monde. ///// Tshitenge Lubabu M.K.

Ad Valorem


Rédigé par psa le 26/05/2013 à 14:38



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