Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Ceci est une excellente réaction à la réflexion « Du Togo pour la prospérité » publiée le 8 janvier 2013. A Michel Douti –qui m’a autorisé à publier sa réaction, j’écrivais : « Ton papier, ton analyse est d'un grand intérêt...Je ne te vois pas éloigné de moi par ailleurs. Ce dont il est question c'est de donner du contenu moderne au Grand Pardon (GP). Je suis persuadé, dans le sens de disposer d'une forte hypothèse que la "Peur de la vengeance" constitue un blocage chez certains, ceux-là qui savent que leurs actes de gouvernance sont loin d'être éthique; ceux-là qui savent que la réalité du monde actuel fait que l'on peut les poursuivre et les déposséder de tout s’ils quittaient le pouvoir seulement par les résultats des urnes. En étant institutionnel, le GP devrait rassurer certains de nos gouvernants et leurs bras de terreur... La réalité togolaise que tu expliques bien par le concept de traumatisme historique peut être lancinante si nous n'y prenons pas garde. »
Simple précision de ma pensée, le Grand Pardon ou son absence n’est pas la cause de la situation politique délétère du Togo; le Grand Pardon est une spacieuse avenue de solutions modernes au blocage politique. Dans tous les cas, la perspective analytique de Michel Douti vaut bien cet arrêt et sa lecture attentive. Le texte se lit mieux dans sa version originale, ci-jointe en PDF.


De la nécessité  de nouveaux armistices fondateurs

« Cinquante ans déjà que tout un pays, le Togo, vit à l’ombre de son drame politique fondateur : l’assassinat le 13 janvier 1963 de son premier président de la République Sylvanus Olympio » Ce que le compatriote et patriote Pierre S. ADJETE (affectueusement PSA) appelle, "drame politique", moi je le considère simplement comme un "trauma-historique" car représentant un ensemble de lésions locales provoquées par un événement historique et les troubles qui en résultent.

L’assassinat du président Sylvanus Olympio constitue vraisemblablement un trouble psychologique et moral, une sorte d’empreinte laissée par un événement choquant dans la conscience populaire Togolaise. Explication ! Cynthia C. WESLEY-ESQUIMAUX et Magdalena SMOLEWSKI, s’appuyant sur l’expérience du traumatisme historique et du deuil intergénérationnel dans le cas des peuples indigènes d’Amérique décrivent le trauma-historique comme un bagage psychologique transmis par les parents aux enfants, de sorte que les résidus des expériences traumatiques, historiques et des deuils générationnels non résolus soient non seulement transmis de génération en génération, mais qu’ils fassent continuellement l’objet d’un passage à l’acte et recréés sous diverses manifestations . De ce point de vue, l’assassinant de Sylvanus Olympio qui représentait à certains d’égards le symbole et la conscience des peuples du Sud par des soldats pour la plupart originaires du Nord, semble constituer l’un des blocages et les principaux clivages antagonistes persistants et qui resurgissent fréquemment dans le débat et le combat politique depuis 1963 et jusqu'à nos jours.

Je conviens donc avec PSA que cinquante ans après ce traumatisme, « le passé du Togo fait toujours problème; ce passé est division et particulièrement animosité » Pire, « rien, et absolument rien, n’arrive à ouvrir le Togo et ses citoyens à un autre destin ».

PSA semble trouver la cause dans l’absence « d’un Grand Pardon, c’est-à-dire un pardon franc, sincère et de bonne foi » Ici je ne suis que partiellement d’accord car l’essentiel réside dans la franchise, la sincérité et la bonne foi. Mais c’est ce qui fait le plus défaut au Togo. L’on assiste donc à une véritable inversion de valeurs.

A la place de ces mots cardinaux de vertu, se sont installés durablement la duplicité, le double langage, la roublardise, la mauvaise foi, la duperie…, la gouvernance grégaire et débilitante de jouisseurs et de corrompus étant instituée en mode de captation et de gestion du pouvoir et de la chose publique. En témoigne le faux débat qui agite le landernau politique Togolais actuellement à savoir : réformes intentionnelles et constitutionnelles après élections ou réforme institutionnelles et constitutionnelles avant élections ! Mauvaise foi quand tu nous tiens !


Tenez, le samedi 05 Janvier 2013, je suis tombé fortuitement sur un Tweet de Faure GNASSINGBE (que je ne connais pas particulièrement à part qu’il est président du Togo) et une réaction de ma part a suscité une sérié d’échanges entre lui et moi. Voici le fil des échanges.

1. Faure GNASSINGBE ‏@FGNASSINGBE : 1er Week end 2013 Profitons de ce moment en famille & entre amis Puisse DIEU conduire le Togo sur le chemin de la Paix & de la Prospérité
2. Michel DOUTI ‏@DoutiNdouti :@FGNASSINGBE DIEU oui, mais vous d'abord! Acceptez l'alternance et il aura PAIX et PROSPERITE au Togo!
3. Faure GNASSINGBE ‏@FGNASSINGBE @DoutiNdouti Si ns sommes d'accord ke l'alternance se décide dans les urnes alors oui elle viendra mais par la seule volonté du peuple PAIX.
4. Michel DOUTI ‏@DoutiNdouti @FGNASSINGBE Bien dit! Nous vous demandons seulement de créer les conditions idoines pour une alternance par les urnes!
5. Michel DOUTI ‏@DoutiNdouti @FGNASSINGBE J’espère que vous avez lu mon article sur les CENI professionnelles et non politiques
6. Faure GNASSINGBE ‏@FGNASSINGBE @DoutiNdouti Non. Merci de me le transmettre ou de me donner le lien.
7. Michel DOUTI ‏@DoutiNdouti @FGNASSINGBE L’article a été publié par le journal Liberté au Togo et plusieurs sites web dont mo5-togo, togocity, lynx…
8. Michel DOUTI ‏@DoutiNdouti @FGNASSINGBE voici un lien http://www.mo5-togo.com/le-mo5-vous-donne-la-parole/4883-conduite-des-processus-electoraux-au-togo-ceci-est-la-solution-.html …. Bonne lecture ! Puisse l'article vous convaincre de procéder autrement.
9. Faure GNASSINGBE ‏@FGNASSINGBE @DoutiNdouti Piste que ns allons explorer avec 1 grand intérêt et votre contribution Mais le + dur sera 2 convaincre l'opposition qui est...
10. Michel DOUTI ‏@DoutiNdouti @FGNASSINGBE Pour la patrie, je suis dispo à apporter ma contribution sans a priori. Une autre façon d’organiser les élections est possible.

Comme on peut le constater les échanges se sont arrêtés après que j’ai donné mon accord pour ma contribution pour la patrie.

Un autre hic vient du fait que le président, garant de l’unité nationale et de la cohésion sociale ait des appréhensions et des a priori par rapport à son opposition « le + dur sera 2 convaincre l'opposition qui est...», estime-t-il par avance.

Lorsque j’ai partagé ces échanges avec un certain nombre de compatriotes politiques, de la société civile et des médias et sollicitant leurs commentaires, unanimement, ils ont trouvé que "ceci révélerait d’une pure opération de communication et de la duplicité du langage de la part du président". Ont-ils raison ou tors ? Ils ont aussi dit attendre avec impatience la suite qui sera donné. Depuis nous attendons toujours un contenu concret à la manière dont Faure Gnassingbé entend explorer avec un grand intérêt cette nouvelle piste !

La question lancinante est alors de savoir pourquoi, malgré les discours mielleux de "Grand Pardon", "Main Tendue", Réconciliation", "Unité Nationale", "Solidarité" et que sais-je encore…professés depuis des lustres "cinquante ans plus tard, le passé du Togo fait toujours problème; ce passé est division et particulièrement animosité" ?

La vérité est que les oppresseurs et les opprimées -que nous sommes-, ne parlent pas du tout le même langage, comme le confirme si bien la définition de l'opprimé chez Christiane Rochefort.
« L'oppresseur n'entend pas ce que dit son opprimé comme un langage mais comme un bruit. L'oppresseur qui fait le louable effort d'écouter n'entend pas mieux. Car même lorsque les mots sont communs, les connotations sont radicalement différentes. C'est ainsi que de nombreux mots ont pour l'oppresseur une connotation jouissance, et pour l'opprimé une connotation souffrance. Ou : divertissement-corvée. Ou : loisir-travail ». Mon cher PSA, allons donc causer sur ces bases !

J’en arrive donc à la résolution suprême et avec l’énergie du désespoir qu’il faudrait peut un nouveau traumatisme historique qui ouvrirait la porte et balisera la voie à des "armistices fondateur" d’un autre Togo qui j’en conviens reste à inventer.

Derniers Tours de Jéricho ou Premiers Tours d’Agbétiko ou Prémices d’Ekougnohou

Je convoque ici l’artiste de la chanson Togolaise, TEKO Folly connu sous le nom de Ras-Ly dans sa chanson sa "Agbétiko" pour illustrer ma réflexion. L’artiste joue au bourlingueur désabusé qui part d’Elavagnon à Agbétiko et finalement est tenté de se rendre à Kougnonhou. Tout semble indiquer que l’histoire politique du Togo de 1958 à nos jours a suivi une trajectoire allant du mal en pis.

Ainsi, si les premières heures de l’indépendance semblaient ouvrir la voie à des lendemains meilleurs "Elavagnon", le Togo s’est rapidement et durablement installé dans "Agbétiko" (y’en a marre de la vie) et pire semble s’acheminer vers "Ekougnohou" (mieux vaut la mort). Schématiquement la trajectoire donne ceci :

1958----------------------- 1963---------------------------- 2013




Pédagogue et philosophe, l’artiste nous apprend, que nous sommes partis de "Elavagnon", pour nous retrouver durablement à "Agbétiko" et s’interroge si nous devions maintenant nous orienter vers "Ekougnohou". Avec résignation et la mort dans l’amen, je m’inscris de plus en plus dans sa dynamique.

Alors, Derniers Tours de Jéricho ? Premiers Tours d’Agbétiko ? Prémices d’Ékougnohou ? C’est ici que sans le vouloir, un autre traumatisme historique serait peut-être souhaité pour déboucher sur de nouveaux armistices fondateurs à convenir en commun accord. Les évènements des 10, 11 et 12 janvier 2013 peuvent-ils en constituer le déclic ? Wait and see !


Michel DOUTI
Sociologue et Politiste
Dakar, Sénégal

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Rédigé par psa le 10/01/2013 à 07:24



La fin des exonérations fiscales pour les riches n’est plus taboue. Les Patriotic Millionaires veulent payer plus d’impôt et le font savoir à Barack Obama : «Notre pays a été bon envers nous. Il nous a donné les conditions-cadres qui nous ont permis de réussir. Maintenant, nous voulons apporter notre contribution pour maintenir ces bonnes conditions-cadres de sorte que d’autres puissent réussir


Las Vegas, Wes Stevenson et son cheval à dompter
Las Vegas, Wes Stevenson et son cheval à dompter

Un symbole. Le républicain Jim DeMint a annoncé jeudi qu’il quittait le Sénat pour diriger le groupe de réflexion conservateur Heritage Foundation à Washington. Le sénateur de Caroline du Sud est l’une des figures de proue du Tea Party au Congrès. Pour lui, toute hausse d’impôt est contraire à l’esprit de l’Amérique.

En restant au Sénat, Jim DeMint aurait dû avaler des couleuvres dans le cadre des négociations sur le «précipice budgétaire». Le Congrès pourrait accepter d’augmenter le taux d’imposition des 2% de foyers les plus riches gagnant plus de 250 000 dollars. Rien n’est pour l’heure décidé, mais le président américain le répète à chaque occasion. La hausse de la fiscalité des plus aisés est une condition sine qua non pour trouver un accord visant à réduire le déficit budgétaire (7% du PIB en 2012) et la dette (16 200 milliards) et à augmenter les recettes de l’État de plus de 1000 milliards sur dix ans. Longtemps réfractaires, les républicains n’excluent pas de briser un tabou pour autant qu’un effort important soit fourni du côté des dépenses sociales. Une concession que Ronald Reagan, critique d’un État trop présent, avait dû faire en 1983. Pour Jim DeMint, il y a pourtant pire cauchemar: si le précipice budgétaire (conjugaison de hausses fiscales et de coupes dans les dépenses pour un montant de 500 milliards dès le 1er janvier) devient réalité, les impôts de tous les Américains vont augmenter et le pays pourrait plonger dans la récession.

Le combat fiscal américain est multiforme. D’un côté, Barack Obama, qui a fait campagne sur le sujet et qui a été réélu avec une confortable avance, estime avoir un mandat pour agir et pour protéger la classe moyenne. L’État doit avoir les moyens de restaurer un système d’éducation en perte de vitesse et les infrastructures obsolètes du pays. La Maison-Blanche s’appuie sur des chiffres. Selon les économistes Emmanuel Saez et Thomas Piketty, 93% des hausses de revenus depuis 2009 ont bénéficié à 1% des contribuables. Le milliardaire Warren Buffett soutient le président démocrate, estimant qu’il est injuste de «payer moins d’impôt que sa secrétaire».

Dans son sillage, des centaines de millionnaires réunis au sein de l’association Patriotic Millionaires jugent normal d’augmenter la fiscalité des Américains dont les revenus dépassent le million de dollars. Dans une lettre adressée au président, ils déclarent: «Notre pays a été bon envers nous. Il nous a donné les conditions-cadres qui nous ont permis de réussir. Maintenant, nous voulons apporter notre contribution pour maintenir ces bonnes conditions-cadres de sorte que d’autres puissent réussir.» Quant aux grands patrons consultés par Barack Obama, plusieurs d’entre eux approuvent une hausse d’impôt pour autant que l’administration opère des coupes budgétaires. Ce qui leur importe, c’est que l’Amérique se débarrasse du climat d’incertitude qui pèse sur l’économie.


Retrouver le taux d’imposition de l’ère Bill Clinton

De l’autre côté, le Tea Party, Grover Norquist, le président de l’association «Les Américains pour une réforme fiscale», et d’autres milieux anti-étatistes avancent que faire payer davantage les riches, c’est une manière de sanctionner l’esprit d’entreprise et le succès qui est l’un des moteurs du rêve américain. C’est surtout risquer de porter un coup dur à la croissance économique, car ce sont les riches qui, par leurs entreprises ou leurs investissements, créent de l’emploi. Or, le Congressional Budget Office, un organisme non partisan, a fait ses calculs. Si seuls les riches ne bénéficient pas d’une extension des allégements fiscaux de l’ère Bush, l’économie ne perdrait que 0,1 point de croissance par rapport à une situation où tous les allégements seraient reconduits.

Rival de Barack Obama dans la course à la présidence, le républicain Mitt Romney est lui-même concerné par les débats de Washington. Ayant une fortune personnelle estimée à 250 millions, il a payé en 2011 14% d’impôts sur des revenus de 20 millions issus de ses investissements. Plusieurs grosses fortunes ont soutenu la candidature de Mitt Romney, dont le milliardaire Sheldon Adelson qui aurait pu, dit-on, épargner 2 milliards de dollars d’impôts, si le républicain avait été élu et que son plan budgétaire avait été mis en œuvre.

Concrètement, quatre millions des 114 millions de foyers que compte l’Amérique pourraient subir une hausse d’impôt. L’imposition maximale des hauts revenus pourrait passer de 35 à 39,6% et retrouverait le niveau des années de la présidence de Bill Clinton. Les gains en capitaux, actuellement imposés à 15%, pourraient l’être à 20%. Quant aux dividendes, l’administration propose de les taxer comme d’autres revenus. C’est à ce niveau que les riches pourraient être les plus touchés, car c’est de leurs investissements qu’ils retirent le principal de leur richesse.

Les riches pourraient aussi être touchés par la suppression d’une centaine de déductions fiscales dont le coût est estimé à 1100 milliards. L’effort fiscal serait une manière de combler une grave lacune: le code fiscal américain est dépassé et arbitraire. En raison d’une perception d’impôts inefficace, l’État n’engrange pas assez de recettes. /////////Stéphane Bussard



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Rédigé par psa le 09/12/2012 à 21:42



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