Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




C’est un impératif catégorique que Faure Gnassingbé doit désormais assumer le Togo, un pays toujours absent et encore bloqué. Pour l’instant, le Togo n’est nullement assumé à la hauteur des attentes légitimes d’une masse importante de ses citoyens, où qu’ils se trouvent. Et, assumer le Togo est une responsabilité politique concrète : une éthique républicaine. Assumer le Togo aujourd’hui est un changement complet de paradigme. Assumer le Togo c’est sortir des erreurs récurrentes, des erreurs classiques au Togo politique: défaut de communication politique, usage délibéré de la force, recours constant à l’humiliation des adversaires, absence d’une idée partagée comme idéal permettant d’éviter d’improviser le Togo au seul gré des incidences partisanes. En toute logique, assumer le Togo après le 4 mars 2010 c’est d’abord parler à Jean-Pierre Fabre pour ouvrir la voie sur un pays autre que celui-ci qui présente Faure comme un être pris au piège du triomphalisme.


Jacques Leinne, Implore
Jacques Leinne, Implore
Défaut de communication
Le défaut de communication est toujours une des faiblesses incontestables de la classe politique togolaise; c’est l’un des héritages politiques de Gnassingbé Eyadema et d’un système qui n’a pas valorisé les échanges d’idées et les avis divergents; un système qui a toujours considéré la liberté d’émettre des avis dissidents et argumentés comme signe d’insubordination. Fatalement, cette situation favorise l’unicité des perspectives et affaiblit la capacité de communication du premier magistrat qu’il se propose de protéger. Longtemps, cette situation a prévalu autour de Gnassingbé Eyadema lui-même, mais aussi autour de Gilchrist Olympio que personne n’osait contredire dans ses nombreuses insuffisances politiques. Et c’est ce qui semble prévaloir chez Faure Gnassingbé et autour de lui. Le défaut de communication dont Faure lui-même est conscient ne peut se corriger que dans son ouverture à la délibération et aux échanges d’idées, dans son acceptation et son encouragement de la dissidence et de la survivance des voix discordantes et des avis moins flatteurs qui ne sont pas moins pertinents. Rien ne permet de croire que Faure adhère suffisamment à ces principes fondamentaux qui devraient, instinctivement le porter à communiquer, à soutenir et à argumenter dans l’espace public togolais. Ne pas aller au devant de ses compatriotes assez régulièrement par le biais des interviews et des rencontres de presse fréquentes, c’est tout simplement avouer que l’on a des choses à se reprocher ou à cacher, avouer que l’on ne peut pas communiquer et convaincre les siens, avouer que l’on préfère s’auto-gratifier avec les mêmes laudateurs. De nos jours, du commencement jusqu’à la fin de toute ambition politique quelconque, il reste et demeure encore ce besoin inassouvi d’une communication efficace dans l’espace politique togolais. Il urge que Faure Gnassingbé communique à la hauteur d’un Togo différent… C’est réellement cela assumer le Togo aujourd’hui.


Usage délibéré de la force
Le manque de délibération accroit la tentation du recours constant à la force au Togo. L’usage délibéré de la force répressive est caduque et dommageable de nos jours et Faure Gnassingbé est le premier à en être conscient. Sauf que son rapport à l’usage de la force est flou et même incertain. Il oscille entre le recours clair à la force et le recours déguisé à la force par plusieurs autres moyens et contraintes. Le redémarrage même du Togo et l’adhésion d’un grand nombre à cette volonté doivent faire prévaloir « la force du droit et non le droit de la force »; ce que Faure Gnassingbé lui-même avait décrété au lendemain de l’arrestation de Kpatcha Gnassingbé, son frère. Le recours quasi régulier à la force, souvent disproportionnée, fait du Togo un pays particulier où le respect des droits humains laisse encore à désirer. Et qui de mieux indiqué que Faure Gnassingbé pour sortir la violence du vécu togolais comme il l’avait promis par ailleurs… C’est singulièrement cela assumer le Togo aujourd’hui.


Recours constant à l’humiliation
Le recours constant à l’humiliation des adversaires est devenu la marque caractéristique de la gouverne politique au Togo. Il est particulièrement triste et très peu élogieux pour tous les Togolais de constater qu’au Togo, au-dessus de toutes les règles de droit, l’atteinte à la dignité et l’humiliation sont consacrées comme la Grundnorm, la norme fondamentale. Et pourtant, c’est écrit et le Togo a adhéré à cette Déclaration universelle que les valeurs humaines et les principes généraux du droit -bien au-dessus des constitutions, des lois et des traités- exigent par ailleurs: « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants». Le triomphe totalitaire sans aucune porte de sortie honorable à l’adversaire et l’humiliation facile demeurent encore la règle au Togo, et cette règle n’a aucune limite lorsqu’elle s’emballe sur le chemin des traitements dégradants. La dernière trouvaille dans ce registre est la dissolution et la disposition des biens du parti politique OBUTS d’Agbéyomé Kodjo, en total reniement du droit. Car, tout inculpé a le droit de ne pas être déclaré coupable en raison d’une action ou d’une omission qui, au moment où elle est survenue, n’avait pas de caractère délictuel ou criminel d’après les principes généraux du droit reconnus par l’ensemble des nations. L’humiliation servie par Faure Gnassingbé à son ancien ami et aujourd’hui adversaire et président du parti dissout n’honore aucunement tout le Togo devant la communauté internationale qui tient là une preuve énorme de l’asservissement et de l’instrumentalisation de la justice au Togo. Cet exemple comme bien d’autres constituent des humiliations inutiles à proscrire dans la philosophie politique du Togo. Humaniser l’adversité et éduquer la pratique politique au moyen du compromis, de l’élégance, de la raison et de la juste mesure s’imposent désormais. Si un jour le Togo doit être une nation, il le sera sans cette humiliation constante de ses enfants ; une tâche que Faure Gnassingbé doit commencer sans aucune réserve mentale et en toute circonstance… C’est véritablement cela assumer le Togo aujourd’hui.


Absence d’un idéal politique partagé
Dans tout ce Togo, aucune idée claire ne traverse les divergences et n’atténue les rivalités. On ne fait pas un pays sans un idéal partagé en tout temps et en tout lieu : un possible petit dénominateur commun. L’absence d’une idée politique partagée par tous les Togolais est en soi un drame national. Rien ne fait consensus au Togo. Dans l’histoire passée autant que dans les évènements récents, les points de convergence des Togolais sont difficilement repérables. On ne fait pas un pays sans des points de ralliement suffisants et puissants. Tout est dilué ou tout est diviseur : des institutions aux personnalités, des évènements aux symboliques, du tout politique au tout social en passant par le tout économique et le tout autre. Rien au Togo ne fait date et n’est repris en chœur; tout est fait à la marge du Togo et sans créativité, trop souvent avec arrogance, dol et mépris politiques. Même les attributs de la nécessaire réconciliation sont, à chaque occasion, dilués dans la controverse par des calculs partisans seuls qui ne trompent plus personne au Togo. Nul ne peut conduire un pays sans une réelle base de lancement consensuelle. Il appartient à Faure Gnassingbé de constituer cette rampe de lancement du Togo et l’arrimer à des balises solides de la bonne foi, de l’équité, du raisonnable et de l’éthique reconnaissables par toute Togolaise et par tout Togolais, quelle que soit son allégeance politique… C’est définitivement cela assumer le Togo aujourd’hui.


Assumer le Togo à grande hauteur
Dans un Togo toujours bloqué malgré le rapprochement d’ailleurs divisif avec les Amis de Gilchrist Olympio, dans un Togo bloqué avec la dissolution d’ailleurs politique du parti politique OBUTS, dans un Togo bloqué par le refus de reconnaitre le changement d’ailleurs normal du leadership dans l’opposition officielle, dans un Togo bloqué par l’abandon d’ailleurs frileuse de la diaspora togolaise, dans un Togo bloqué par des marches et des veillées de prières seulement hebdomadaires, il est difficile de passer à coté de la réalité d’un malaise et d’un manque d’audace politique.

Cette réalité demeure complexe en apparence seulement : les peuples ont la résilience en partage. La réalité togolaise reste donc gérable et elle commencerait bien par le commencement : Faure Gnassingbé doit parler à celui-là même qui conteste son pouvoir, Jean-Pierre Fabre. Parler à Jean Pierre Fabre c’est inscrire le Togo dans la durée avec un certain courage politique, une certaine audace républicaine vers laquelle l’équipe présidentielle doit savoir clairement amener le chef de l’État, si tant est qu’il est encore dubitatif sur l’issue de ce noble et inévitable tournant.

Assumer le Togo aujourd’hui c’est véritablement accepter que le Togo ne puisse toujours s’improviser en dehors des limites de la raison et de l’éthique publique. Faure Gnassingbé doit réellement assumer le Togo, autrement et sans aucun faux fuyant de la réalité comme elle est aujourd’hui et comme elle se dessine pour demain. Assumer dignement le Togo est désormais un préalable à toute autre initiative. Et cela est entièrement de la responsabilité de Faure Gnassingbé.



Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 01/07/2010 à 00:00



On s’attendait à la disparition du G8, le club sélect des vieilles gloires qui n’avait plus tellement sa raison d’être face aux enjeux mondiaux beaucoup plus inter-reliés. Mais non! Une entourloupette a été trouvée : les questions de politiques économiques, financières et de développement iront au G20; les sujets de sécurité et de paix dans le monde seront désormais les rayons d’action du G8. Le tour est joué : G8 différent et voisin du G20.


Gilles Rousset, Dos tourné à la réalité
Gilles Rousset, Dos tourné à la réalité

Les pays du G20 ont trouvé un consensus et renvoyé à plus tard les questions qui fâchent. Finalement, un compromis a été trouvé. C’est la bonne nouvelle. Malgré leur différend ces dernières semaines, les pays du G20 ont convenu dimanche de réduire leur endettement, de manière à ne pas compromettre une reprise qu’ils qualifient de «fragile». L’effort est chiffré et tenu par un calendrier.
Peut-on y croire? L’incapacité des États européens à respecter le Traité de Maastricht constitue un mauvais précédent. On peut cependant espérer que la crise de la zone euro a servi de leçon, et que la discipline budgétaire finira par être respectée. Par ailleurs, l’assainissement va prendre trois ans. Et il n’impose pas un retour à l’équilibre brutal, ce qui devrait éviter une rechute de l’économie mondiale. Du côté de la stabilité financière, le moment déterminant interviendra plutôt à Séoul, en novembre. Il s’agira alors de quantifier les nouvelles exigences prudentielles.

La réunion de Toronto s’achève aussi, cependant, sur trois mauvaises nouvelles. Tout d’abord, le G20 a revu à la baisse ses ambitions en matière de commerce. L’engagement pris en septembre dernier à Pittsburgh de conclure le Cycle de Doha d’ici à la fin 2010 a disparu. Tant pis pour les pays émergents, à qui il aurait le plus profité. Et pour l’économie mondiale, que le G20 veut soutenir mais qui ne profitera pas d’une ouverture accrue des échanges.

La deuxième déception concerne le climat. La lutte contre le réchauffement ne semble plus figurer parmi les priorités du G20.

Enfin, le G8 pourrait lui ravir le thème du développement et de l’aide économique. Car le club des vieilles grandes puissances a tenté de renaître ce week-end. Réunis juste avant le G20, les Américains, les Japonais et les Européens, plus la Russie, ont décidé d’une nouvelle division du travail international. Au G8 de traiter les questions de sécurité et de paix internationales. Au G20 de seulement coordonner les politiques économiques à travers la planète. Les Chinois, les Indiens et les Brésiliens apprécieront. La réforme de la gouvernance mondiale espérée lors du sommet de Washington, en décembre 2008, a fait une pause à Toronto.////////Frédéric Lelièvre


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 28/06/2010 à 07:51
Tags : G20 G8 Gouvernance Toronto Notez



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