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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Drôle de situation au Proche Orient. Après les États-Unis, l'Union européenne et l'Égypte, le Quartette pour le Proche-Orient a demandé mardi à Israël de prolonger le moratoire sur les constructions dans les colonies juives de Cisjordanie afin de sauvegarder les pourparlers de paix. Les États-Unis, l'Union européenne, la Russie et les Nations unies font partie du Quartette pour le Proche-Orient, représenté par l'ex-premier ministre britannique Tony Blair. Rien n’est sûr cependant. Des informations contradictoires circulent par les temps qui courent, si rapidement vers l’échéance de cette fin du mois de septembre. C’est en ce moment délicat que des « chrétiens sionistes » de partout, des évangélistes pour la plupart, convergent vers Israël pour donner un soutien à la poursuite de la construction des colonies au détriment de l’espoir de paix. C’est le monde entier qui retient son souffle : les amis d’Israël sont ils des ennemis de la paix toujours recherchée?


Amis d’Israël ou Ennemis de la Paix…Un mur de lamentations


Des milliers de «chrétiens sionistes» sont venus à Jérusalem témoigner leur soutien à l’État hébreu et aux colons. Un lobby important pour le gouvernement israélien. «Shalom peuple élu, que la paix soit sur toi.» Éperdus d’admiration pour Israël, Hildegarde et Stanislas W., un couple de chrétiens évangéliques venus d’Allemagne, ont passé la journée de mercredi à arpenter les rues de Jérusalem pour y rencontrer leurs «frères juifs». Ils n’étaient pas les seuls puisque 5000 autres «chrétiens sionistes» venus de cent pays différents et représentant environ 600 millions de personnes sont réunis actuellement dans la cité sainte.

Objectif? Célébrer le 30e anniversaire de l’Ambassade chrétienne internationale de Jérusalem (ICEJ), le siège de leur mouvement auquel Israël a d’ailleurs accordé le statut de la légation diplomatique, mais également confirmer le soutien de l’organisation à la politique de l’État hébreu ainsi qu’aux colons de Cisjordanie.

«Israël représente une goutte de lumière dans un océan d’obscurantisme violent», assène Roberto Pilos, un évangéliste philippin qui prétend également pratiquer une médecine naturelle ancestrale. «Je ne comprends pas que l’on puisse nier le lien historique et même charnel qui unit le peuple juif à la terre promise, poursuit-il. Ce lien est tellement évident qu’il ne prête pas à discussion même si les Palestiniens affirment avoir été spoliés. Nous aidons Israël de toutes nos forces et nous disposons de contacts partout dans le monde. Nous agissons loin des médias et de sa langue de bois. Nous, c’est aux gens de la rue que nous nous adressons

Une aide que les dirigeants de l’État hébreu ne négligent pas, puisque depuis le début des années 1980 tous les chefs de gouvernement israéliens ont fait acte de présence aux congrès de l’ICEJ. «Quels merveilleux amis vous faites. Dommage que tout le monde ne soit pas aussi fidèle», s’est ainsi exclamé Benyamin Netanyahou l’année dernière.

Malgré sa puissance, l’ICEJ n’est pourtant qu’un maillon parmi de nombreux autres dans la constellation d’organisations évangéliques constituant le lobby «chrétien sioniste». Aux États-Unis, la force de frappe de ces derniers est d’ailleurs plus importante que celle de l’Aipac – le lobby pro-israélien uniquement composé d’organisations juives – puisque les premiers disposent de plusieurs chaînes de télévision privées et de journaux. S’y ajoutent des milliers de comtés locaux ainsi qu’un maillage d’ONG couvrant principalement le monde anglo-saxon.

Certes, l’aide politique et financière apportée à l’État hébreu par certains évangélistes n’est pas toujours désintéressée. Plusieurs de ceux qui financent annuellement à coups de millions de dollars le départ vers Israël de juifs russes et iraniens sont par exemple persuadés que l’installation définitive des descendants d’Abraham sur les sites bibliques accélérera le retour de Jésus parmi les hommes. Donc, la conversion massive des juifs au christianisme.

Une théorie que les dirigeants israéliens font semblant de ne pas connaître tant les «chrétiens sionistes» sont utiles à leur cause. «Bien sûr, on peut toujours chicaner, mais pour une fois que nous avons des amis, nous n’allons pas nous en priver», affirme le député David Rotem, responsable du Groupe parlementaire de contact avec les alliés chrétiens. Quant aux responsables de la mouvance nationaliste-religieuse (la frange politique israélienne à l’origine de la colonisation des territoires), ils ne refusent jamais une invitation lancée par des organisations protestantes américaines parfois plus sionistes qu’eux. Voilà pourquoi l’État hébreu déroule le tapis rouge lorsque les 1500 cadres du mouvement œcuménique Word of Life débarquent à Jérusalem. Et pourquoi les rabbins de plusieurs colonies de Cisjordanie, telle Efrat, se pressent pour serrer la main du pasteur texan John Hagee et de ses ouailles regroupés au sein des Chrétiens unis pour Israël.

Parmi les projets caritatifs soutenus par ce pasteur figure en tout cas la construction d’une salle ¬polyvalente à Ariel, une implantation de 25 000 habitants où quelques dizaines de chrétiens sionistes se sont installés au début de la deuxième Intifada (en 2000). «Nous voulons soutenir le peuple élu agressé par les forces du mal», affirmaient-ils à l’époque. Ils n’ont pas changé d’avis depuis lors puisque plusieurs ont également demandé à rejoindre des colonies plus radicales.

En 2008, John Hagee avait pris fait et cause pour John McCain parce qu’il le considérait comme le «plus pro-israélien» des candidats républicains pour la course à la Maison-Blanche. Depuis, les Chrétiens unis pour Israël, associés à des dizaines d’autres organisations évangéliques, multiplient les interventions auprès des membres du Congrès et des sénateurs pour les convaincre que Jérusalem ne devrait pas être divisée en deux capitales de deux États. Les mêmes appuient également la reprise des constructions dans les colonies de Cisjordanie dès le 26 septembre, date officielle de la fin du moratoire de dix mois décidée par l’État hébreu.

Des heurts ont fait au moins une dizaine de blessés mercredi à Jérusalem-Est après la mort d’un Palestinien tué par un vigile employé par des colons. La police israélienne a pénétré dans l’après-midi sur l’Esplanade des mosquées, qui abrite le troisième lieu saint de l’islam et surplombe le mur des Lamentations, affirmant être intervenue à la suite de «jets de pierres» de jeunes Palestiniens. //////////Serge Dumont


Horizon


Rédigé par psa le 23/09/2010 à 00:00
Tags : Israël Jérusalem Paix Notez



La table est bien mise pour des élections contestables en Guinée. L’ère post-Conté qui devrait porter l’espoir d’un réel changement dans la gouverne publique et aider à l’émergence d’un vivre-ensemble démocratique -quoique déjà tronquée par Moussa Dadis Camara, ne semble pas avoir été suffisamment remise sur les rails afin d’éviter les contestations dommageables et incertaines de la phase électorale ultime. Le décompte d’une semaine brumeuse vient de commencer réellement.


Quels lendemains électoraux à la Guinée ?
Il y a une blague qui circule dans le cercle des chefs d’État africains; elle est simple : « Tu vas faire des élections? Attends-toi à ce que les résultats soient contestés par l’opposition! Ah bon? Je pensais l’opposition… démocrate et bon perdant en Afrique…» Les élections ont ceci de particulier en Afrique que ceux qui sont au pouvoir et les organisent, ne les perdent presque jamais. Pour autant, le cas guinéen qui ne se présentait pas sous cet aspect, se prépare à nous offrir une contestation dont les citoyens pouvaient bien se passer. Saveur après saveur, tous les ingrédients sont actuellement réunis.

Nul n’est plus qualifié à être citoyen de la Guinée que les autres, pas plus les intellectuels dans leur suffisance que les chefs de groupes sociaux dans leur ignorance. Choisir un chef relève du sens commun, du respect et de la dignité humaine qui autorisent à écouter les inquiétudes des uns autant que celles des autres à huit jours des élections présidentielles en Guinée, faute de l’avoir fait auparavant.

Il est vrai que le temps va à l’encontre des contestataires de la procédure électorale, dans son ensemble, mais cela ne rend pas non pertinentes les observations dont ces personnes se sont donné la mission tardive. Tout, malheureusement, annonce des lendemains électoraux qui chantent faux en cette Guinée qui pourtant a besoin de l’harmonie la plus large pour faire son passage initiatique à une démocratie dont l’ensemble du pays a soif.

Il est difficile de livrer un blanc seing d’étanchéité à une structure de gestion des élections, la Commission électorale nationale indépendante (CÉNI), dont le président est condamné pour malfaisance. Naturellement, dans un environnement politiquement exemplaire, le président de la CÉNI, Ben Sékou Sylla, dès sa citation, devrait avoir formellement démissionné de cette fonction. Il se trouve maintenant qu’il est condamné à une sentence d’emprisonnement ferme, en plus d’être absent de la Guinée pour des raisons de maladie.

Impossible n’est pas guinéen
Le président de la CÉNI, condamné, malade et à l’étranger ou à l’étranger, malade et condamné; dans un sens ou l’autre, il y a un lourd déficit politique, une curieuse souillure historique et une insuffisance éthique certaine qui, ensemble, plombent l’envolée des espoirs démocratiques et campent ces élections dans une contestation facilement prévisibles si rien de significatif n’est fait dans ces jours cruciaux.

Mais alors, pourrait-on faire quelque chose d’acceptable dans les circonstances et malgré tout? « Impossible n’est pas guinéen! » entend-on. « Il peut être opéré une correction raisonnable et suffisante de la situation présente » ajoute-t-on. Cette correction résiderait davantage dans la bonne foi de la reconnaissance des insuffisances, plutôt que dans la surenchère juridique et déclaratoire qui s’est emparée de tout le monde à Conakry et au-delà.

Il est donc urgent d’aider la Guinée dans le sens du rétablissement précautionneux et sensé de la confiance jamais retrouvée, depuis les nombreux cafouillages de la CÉNI. Il ne s’agit nullement pour le médiateur Blaise Campaoré et son envoyé spécial de pointer du doigt les insatisfaits de tout bord qui se sentent toujours lésés par une administration électorale des plus approximatives. Il s’agit véritablement d’apporter des solutions pratiques que ces quelques jours décisifs pourront apporter dans le renversement du destin de la Guinée.

Il est alors difficile de passer à côté de la possibilité de changer, de manière consensuelle, le président de la CÉNI et son bras-droit Boubacar Diallo, coupables tout de même d’avoir fait détruire ou faire disparaitre complètement des procès-verbaux du premier tour des élections. Il est surtout impératif de combler les manquements administratifs de divers ordres, et souvent des omissions douteuses ayant trop souvent défavorisé le même camp dans cette course présidentielle de tous les dangers.

En réalité, la bonne foi et la preuve d’une capacité de bonne gestion électorale doivent être apportées par la CÉNI. C’est ce que, maladroitement, l’actuel premier ministre, Jean-Marie Doré, voudrait corriger il y a quelques jours en tentant de donner plus de place à l’administration publique, au détriment de la CÉNI elle-même, dans l’organisation du second tour présidentiel. Il en est sorti amoindri et désormais suspect aux yeux d’une certaine opinion guinéenne.

La Guinée est à un carrefour particulier. Ce dimanche 19 septembre 2010, quelques jours avant le premier anniversaire des tristes évènements du 28 septembre 2009 ayant sonné le glas du désormais tristement célèbre Moussa Dadis Camara en politique, de l’intérieur comme à l’extérieur, la Guinée est fébrile et cela se voit. Elle est surtout fébrile face au risque de perdre sa chance d’entrer dans l’histoire moderne; entrer définitivement dans la démocratie réelle ou perdre encore sa chance dans un avatar démocratique, difficile à corriger plus tard, comme il en pullule désormais en Afrique francophone, si ce ne sont carrément des démocratures, c'est-à-dire de vraies dictatures habillées de quelques attributs scintillants d’une démocratie tropicalisée qui fondrait sous l’effet des premières critiques dans n’importe quelle autre partie du monde. Tout commence bien et souvent patatras, tout s’écroule, faute d’une entente de bonne camaraderie que les institutions et les principaux protagonistes auront dessinée par leur seule volonté.

Au début de cet exercice électoral, les propos de l’envoyé spécial de l’Union africaine, M. Édem Kodjo, étaient prémonitoires à ce sujet : « Nous ne venons pas en donneurs de leçons (…) Nous venons en frères », persuadés que c’est avec un certain souci de la Guinée que cette étape déterminante vers la démocratie pourrait être franchie à la satisfaction de toutes les composantes de ce Peuple à « l’illustre épopée ».

Heureusement que la Guinée est là, « fière et jeune » de son histoire autant que de son avenir, une Guinée droite devant nous et appelant toujours au Travail, à la Justice et à la Solidarité, une Guinée dont l’Afrique attend encore d’être un modèle glorieux de son renouveau. Pour avoir souvent chanté et rêvé l’Afrique, c’est toute l’Afrique qui se doit aujourd’hui d’exhausser et d’exalter la Guinée à la démocratie, vraie et non faussée, vivement.




Horizon


Rédigé par psa le 11/09/2010 à 00:22
Tags : Afrique Guinée Élections Notez



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