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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Toute la France en frémit toujours. Et elle doit encore attendre lundi. Les membres du gouvernement eux en tremblent carrément au point où Jean-Louis Borloo, bien coiffé s’est vu décoiffer au passage en force du même François Fillion plus combatif dans le dernier droit du Matignon. Et pourtant, François ne va nullement battre le record du plus long locataire moderne de Matignon... Qu’à cela ne tienne, il est combatif et les sondages l’adoubent. Mais en bon avocat, JLB résiste et résistera. Alors, tout ça pour ça ? Pourvu que l’exercice finisse effectivement ce lundi après les discrets déménagements des prochaines heures et le retour du dernier vol de Kouchner à Paris.


The Onion, Joe Biden depuis la Maison Blanche, Tout ça pour ça!
The Onion, Joe Biden depuis la Maison Blanche, Tout ça pour ça!


Cela fait cinq mois qu'il est annoncé ce remaniement du siècle. Un feuilleton nourri de rumeurs, de campagne pour les uns, de non-dits pour d'autres, de compétition inédite entre un Premier ministre et son ministre de l'Écologie. Et de silence pour Nicolas Sarkozy qui se borne ces derniers jours à distribuer des marques d'attention à l'un ou l'autre, seuls indices de ses préférences. Nous voici dans la dernière ligne droite. Selon les derniers échos en provenance des cabinets ministériels et des états-majors politiques, le chef de l'État doit -enfin- annoncer lundi le remaniement très attendu de son gouvernement qui doit le porter jusqu'au terme de son mandat et à la campagne présidentielle de 2012.

Selon deux sources parlementaires, Jean-Louis Borloo a confié mardi à des parlementaires radicaux qu'il ne serait pas nommé Premier ministre lors du prochain remaniement, qui pourrait avoir lieu lundi.

Signe que la fin approche, la salle de presse de l'Élysée a, de manière exceptionnelle, été fermée pour tout le week-end, y compris aux journalistes qui y ont un accès permanent. Nicolas Sarkozy doit, lui, s'attaquer dès samedi, sitôt rentré du sommet du G20 à Séoul, au classique "mercato" gouvernemental qui précède l'annonce. Autre fait plutôt inhabituel, le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, que la rumeur donne entrant au gouvernement, a effectué vendredi après-midi une visite à Matignon pour s'entretenir pendant près d'une heure avec François Fillon, donné restant à Matignon et conforté par les sondages face à un Jean-Louis Borloo, défenseur d'un "virage social" que le président a encore repoussé cette semaine.

Pour le reste de l'équipe renouvelée, ministres et élus ont affiné leurs pronostics : en ressortent les probables départs de Bernard Kouchner (Affaires étrangères), Hervé Morin (Défense) et Michèle Alliot-Marie (Justice), l'arrivée d'Alain Juppé, le retour de Xavier Bertrand et les déménagements de Christine Lagarde et Valérie Pécresse. Et une incertitude de taille sur le sort du "battu" Jean-Louis Borloo, qui pourrait être tenté de faire bande à part. Comme ce remaniement doit s'accompagner de changements à l'UMP et à l'Élysée, d'autres noms circulent. Ceux du patron des députés UMP Jean-François Copé ou de Brice Hortefeux (Intérieur) pour succéder à Xavier Bertrand à la tête du parti présidentiel. Quelle qu'en soit l'issue, tous à droite voient poindre avec soulagement la fin du "cauchemar du remaniement", selon une source gouvernementale, mais certains craignent aussi un "tout ça pour ça", "si tout ça aboutit à faire rempiler Fillon, arriver Juppé et déplacer Copé".



Horizon


Rédigé par Pierre S. Adjété le 13/11/2010 à 00:13



Le ministre de l’Environnement deviendra-t-il premier ministre lors du remaniement tant annoncé? Le duel fait rage avec François Fillon qui défend sa place. C'est la semaine décisive qui commence...


Quand Borloo n’est plus Columbo, il fait Fillon.

Le signe ne trompe pas et fait jaser les commentateurs politiques: Jean-Louis Borloo a changé de look et de coupe. Les mèches rebelles du ministre aux cheveux en bataille sont désormais ordonnées. Le costume tombe bien, la cravate aussi. Une apparence soignée pour gommer celle de Columbo, l’inspecteur au manteau informe, le surnom dont l’affublent les mauvaises langues. Cette image rangée alimente la rumeur: le ministre de l’Écologie et de l’Énergie préparerait activement la suite de sa carrière.

Aujourd’hui, il fait partie des favoris à la succession de François Fillon, aux côtés du premier ministre lui-même, de François Baroin ou de Bruno Le Maire, respectivement ministres du Budget et de l’Agriculture. Jean-Louis Borloo, politicien atypique, est plus âgé que les deux derniers. Ministre depuis 2002, il est extrêmement populaire dans l’opinion publique. «Depuis qu’on le teste, il fait partie des deux ou trois membres du gouvernement les plus appréciés», confirme Gaël Sliman, directeur général adjoint chez BVA.

Ces dernières semaines, Jean-Louis Borloo a mis en avant son profil de politicien centriste et rassembleur, ancien porte-parole de l’UDF, proche de Bayrou au début des années 2000, actuel président du Parti radical associé à l’UMP. Dans les médias, il se pose comme l’incarnation du virage social que pourrait prendre Nicolas Sarkozy après le féroce conflit autour de la réforme des retraites.

L’ancien maire de Valenciennes montre qu’il a entendu la révolte de la rue. «Il faut reprendre le chemin de la cohésion sociale», «tendre la main aux plus fragiles», affirmait-il récemment sur Canal+. «Plus il y a de crise, plus il y a besoin de justice sociale, de justice fiscale et de respect.» Dans une interview, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a renchéri: «C’est un orfèvre en matière sociale et il a l’oreille des syndicats.» «Nicolas Sarkozy pourrait se servir de lui comme d’un complément d’image, car il apporte réellement quelque chose de différent, une bouffée d’oxygène», ajoute Roland Cayrol, directeur de recherche associé à Sciences Po.

La fibre sociale de cet ancien avocat d’affaires, ami de Bernard Tapie, s’accompagne d’une méthode mise en œuvre lors du Grenelle de l’environnement: la négociation entre cinq partenaires – Etat, associations, collectivités, syndicats et entreprises. «Le Grenelle est devenu le symbole de la démocratie participative. Le Grenelle, c’est apprendre à jouer collectif, avoir une analyse partagée de la situation et finir par se mettre d’accord sur 80% des points», expliquait-il récemment dans Le Parisien, lançant l’idée de s’en inspirer pour réformer la fiscalité.

Jean-Louis Borloo a été successivement ministre de la Ville et de la Rénovation urbaine, de la Cohésion sociale, de l’Emploi et du Travail, sous les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin, puis Dominique de Villepin. Il a très brièvement été ministre de l’Économie et des Finances avant de reprendre le maroquin de l’Écologie.

«Il a été l’un des artisans de la bataille pour l’emploi et a contribué à faire baisser le chômage. Ses idées sont réalistes et réalisables, rappelle Frank Melloul, ancien conseiller de Dominique de Villepin à Matignon. Pendant la crise des banlieues, il a aussi joué un rôle important.» On lui doit notamment le vaste plan de rénovation urbaine toujours à l’œuvre aujourd’hui. «Si Nicolas Sarkozy cherche à donner un nouveau souffle au gouvernement en s’attaquant à ces sujets, Jean-Louis Borloo possède l’expérience nécessaire», souligne-t-il. Les résultats du Grenelle de l’environnement sont, eux, en revanche plus contrastés.

Créatif et intuitif, inventif, original et spontané, le centriste aurait pour ses détracteurs les défauts de ses qualités. Il est souvent décrit comme brouillon, voire «bordélique» et nombre de députés UMP se demandent s’il a les épaules assez larges pour Matignon. «Il ne suit pas les dossiers, se met à l’abri des conflits et des sujets polémiques», critiquent ses adversaires qui s’en sont donné à cœur joie dans la crise des carburants, au début de laquelle le ministre avait minimisé la gravité de la pénurie. «Borloo est un zozo. Il m’a fait passer pour un con!» aurait même dit François Fillon, cité par le Journal du Dimanche.

«Il a une image de dilettante, mais je pense qu’il est moins brouillon qu’il n’en a l’air. N’oublions pas qu’il a été avocat et qu’il a eu un certain succès professionnel. Je crois aussi qu’il sait bien s’entourer», estime Roland Cayrol. «Il est le meilleur pour mes sujets, l’a aussi défendu la secrétaire d’État à la Ville, Fadela Amara. Il est fédérateur, intelligent et très besogneux, contrairement à la réputation qu’on lui donne. Et surtout, il a une humanité plantée dans le cœur
Malgré sa profession originelle, Jean-Louis Borloo ne joue guère du registre de l’éloquence. Mais s’il n’est pas toujours très bon à l’oral, «ce trait est pour beaucoup dans sa popularité, souligne Roland Cayrol. Il ne manie pas la langue de bois, parle comme tout le monde et ne paraît pas avoir endossé le costume de l’homme politique.» Un style qui peut le porter comme le perdre. ////////Catherine Dubouloz


Horizon


Rédigé par psa le 06/11/2010 à 10:40



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