Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le rendu de Serge Truffaut du quotidien Le Devoir, sur ce qu’il a qualifié de « Combat Dobbs-Obama » est révélateur de la guerre acharnée qu’une certaine droite américaine livre à Barack Obama. Le « petit Noir » est effectivement le président de ces suprématistes blancs qui digèrent toujours très mal la chose. Du coup, celui que personne n’arrive plus à suivre sur CNN trouve et invente toute sorte d’ineptie pour illégitimer Barack Obama, les immigrants et quoi encore. Les lecteurs du Devoir, chose assez rare, ont quasi-unanimement endossé cette dénonciation des exagérations du journaliste prédicateur droitiste qu’est Lou Dobbs. On se croirait à une époque que l’on pensait révolue, qui semble se rajeunir à la Madonne…


Madonna, à 20 ans, sous l'œuvre de Lee Friedlander
Madonna, à 20 ans, sous l'œuvre de Lee Friedlander
C'est l'histoire d'un animateur qui a perdu tout sens de la mesure et d'une chaîne télé qui le protège pour des motifs strictement ou plutôt bassement financiers. L'animateur s'appelle Lou Dobbs. Tous les soirs, gracieuseté de CNN, l'atrabilaire en chef de la télévision américaine aiguise la fibre du racisme, se délecte dans le mensonge, se pose en caisse de résonance des pires rumeurs qui soient pour le bonheur de la faction regroupant les acariâtres du Parti républicain. Pour faire court, disons que Dobbs est un mélange de Jean-Marie Le Pen et d'André Arthur.
Au cours des dernières semaines, il a fait la chronique en alimentant l'ineptie suivante: Barack Obama n'étant pas né aux États-Unis, contrairement à ses prétentions, il doit démissionner puisque la Constitution ne permet pas à un étranger de se porter candidat. Pour mémoire, on se rappellera que lorsque Obama s'est lancé dans la mêlée il y a des mois et des mois de cela, il a évidemment fourni copie de son acte de naissance, qui stipule qu'il a vu le jour à Hawaii.

Mais voilà, au lieu de reconnaître la crédibilité du document en question, Dobbs est intervenu à la télé en demandant au président de communiquer un acte de naissance autre que celui présenté. Son compère Rush Limbaugh, le fou furieux de la radio poubelle, s'est signalé en formulant le trait d'esprit (sic) suivant: «Dieu et Obama ont ceci de commun qu'ils n'ont pas communiqué d'acte de naissance.»

Si cette histoire avait duré le temps d'une journée ou deux, on pourrait la ranger dans le livre noir du journalisme, mais il se trouve que des millions et des millions d'Américains y croient dur comme fer. Pire, par le biais d'Internet, le Saint-Graal informatique devant lequel on se prosterne, ces citoyens amplifient le phénomène en y greffant les préjugés racistes d'une profondeur si abyssale qu'elle s'avère un écho puissant à une peste brune née, elle, à Munich au milieu des années 1920.

Il faut savoir, voire préciser que Dobbs, en nationaliste fervent, adore nourrir la mentalité d'assiégé en cassant du sucre sur le dos de tous les immigrants. Sachez que la crise économique n'a pas été causée par les institutions financières ou on ne sait qui, mais bel et bien par l'immigrant. Cet étranger qui, entre autres choses, est à l'origine des 7000 cas de peste répertoriés par monsieur Dobbs. C'est pas des blagues! Dobbs a fait passer une avocate des suprématistes blancs pour un médecin ayant calculé que 7000 personnes l'avaient contracté... Et ce, pour mieux stigmatiser l'autre en insinuant qu'il avait contaminé le sang pur de l'Amérique.

Le pire c'est que CNN, à l'instar de la bourgeoisie d'affaires allemande au début des années 1930, laisse faire parce que sa direction a une peur bleue que son concurrent Fox le récupère. Bien. CNN est la honte du journalisme télé. Quant à son patron, le fait, le seul fait qu'il feigne d'ignorer que «nous sommes tous des accidents géographiques» en fait un lâche. /////////Serge Truffaut


Mot à Maux


Rédigé par psa le 08/08/2009 à 10:08
Tags : Barack Obama Dobbs Média Notez



Stéphane et Nicole DIMITRIJEVIC, Silence apprivoisé
Stéphane et Nicole DIMITRIJEVIC, Silence apprivoisé
La manipulation de l’information semble redevenir la règle dans le domaine du journalisme. En fait, je voudrais dire et convenir avec Walter Cronkite que la majorité des médias et des journalistes ne font pas bien leur travail. Triste! Il faut le dire pour que les gens ne prennent pas toujours ce qui est dit dans les journaux comme de la vérité absolue. Trop souvent, et malheureusement, la plupart des médias présentent leurs nouvelles comme crédibles, absolument crédibles, alors que c’est tout le contraire sur des nouvelles importantes et décisives. Les exemples de cette manipulation des consciences foisonnent et sautent à l’observation ces derniers jours; ils vont de CNN à Jeune Afrique, de RFI à Radio Canada en passant par des dizaines d’autres organes de presse nationale africaine. Beaucoup trop de journalistes n’ont pas la distance et surtout la maturité d’analyse nécessaire à dépouiller les informations de leurs propres préjugés et de leurs propres besoins de rentabilité de l’entreprise de presse qui est la leur, ensuite seulement pouvoir se prémunir contre les infestations et pollutions idéologiques externes qui sont souvent à la naissance ou aux sources des informations qu’ils choisissent de mettre en valeur. En démocratie, mieux, en situation de naissance ou de quête de la démocratie, il faudra normalement que la presse joue un rôle d’indépendance à toute épreuve. Du moins une certaine presse qui se veut non partisane et désire forcer le respect comme « nulle part ailleurs ». Cela commence à manquer cruellement, ce respect des lecteurs et des citoyens. Parce que je me dois de donner un exemple tout de même, je vais prendre celui, discrètement annoncé de Jeune Afrique, avec ce fameux sondage sur les élections présidentielles en Côte d’Ivoire. À égale distance des acteurs engagés dans cette course, je trouve totalement manipulateur qu’un journal aille donner une si grande place et faire l’évènement avec un sondage interne d’un parti politique. C’est tout simplement inacceptable. Et cela ne se fera nulle part ailleurs dans un journal sérieux et rigoureux; à peine un entrefilet sur les sondages des différents camps politiques… à peine. C’est d’autant plus inacceptable que la méthodologie du sondage n’est soumise à aucune critique scientifique objective en termes statistiques par les soins de Jeune Afrique lui-même. Et sur deux parutions successives, notre Jeune Afrique récidive. Évidemment, on trouvera bientôt de beaux messages publicitaires des entreprises ivoiriennes : généralement, ce genre de nouvelles n’allant pas sans l’autre contrepartie. Jamais ailleurs, si l’intention n’est pas manipulatrice, un média respectueux de la démocratie et de l’équité politique à un moment si crucial ne s’emparera du sondage d’une des parties prenantes pour en faire un évènement. Ce dernier devant polluer un environnement politique, pas du tout éclairci, comme celui de la Côte d’Ivoire. Ce sont des situations de ce genre qui doivent nous désoler, nous déranger. Et aujourd’hui, sans excès, nous ne pouvons que convenir que dans le cas de ce fameux sondage ivoirien, l’abus de dépendance informationnelle, la manipulation journalistique intéressée est encore « répulsivement » à l’œuvre. Il appartient à l’organe de presse qu’est Jeune Afrique d’offrir, hors de tout doute raisonnable et professionnel, la preuve par la diffusion complète de la méthodologie comme il s’en fait dans tous les sondages crédibles, donnant ainsi l’occasion que la rigueur scientifique soit évaluée par toute personne, avant même de donner Focus à cette manipulation qui trompe l’intelligence des masses non habituées dans l’opinion ivoirienne et africaine, poluer les débats et analyses dans les milieux citoyens et diplomatiques auxquels l’outil pervers est destiné. Cette preuve n’a pas été faite, en dehors des formules alambiquées de justification très savamment distillées ça et là : titres, chapô, interviews, etc. Et cela ne sert personne! Pas plus Jeune Afrique que TNS Sofres dont le fait qu’elle soit cotée à la bourse n’est nullement une preuve de crédibilité quelconque ou du travail bien fait, particulièrement dans le cas de cet exemple ivoirien. Comment peut-on même oser écrire cela dans son journal : « TNS Sofres est un groupe coté en bourse »... Ridiculement insultant! Nous réserve-t-on la même chose pour le Gabon, le Togo, le Burkina Faso, etc.? Un nouveau bar ouvert dans le marché florissant de la manipulation des consciences en Afrique? Notre ami Sesse Rekwa Ayeva avait vu juste, en son temps, en présidant l’ATLMC (je n’y étais pas mais je crois que son Association avait la noble vocation de… Lutter contre la Manipulation des Consciences). Certains journaux et journalistes devraient y adhérer afin d’épouser de nouveau l’éthique fondamentale, avant même la déontologie professionnelle. Et, se gêner eux-mêmes avant d’oser titrer : «Côte d’Ivoire : Le sondage qui dérange », se déranger eux-mêmes autrement… Même ceux-là aux petits raisonnements et qui proclament des liens douteux entre toutes les situations devraient prendre leur carte de membre de l’ATLMC pour s’affranchir de ce mal de la manipulation toujours trompeuse et intéressée, de la partisannerie continuellement excessive dont eux-mêmes ne sont plus conscients: « un Kpatcha en prison et un Faure qui ne réussirait pas plus », cherchez l’erreur; « un Obama né d’une Américaine et qui ne serait pas Américain à la naissance », rions un peu; etc. Le professionnalisme et la rigueur de Walter Cronkite et autres rares perles seront toujours d’actualité. Vivement! Pour la vie démocratique, nous devons tous travailler, particulièrement dans cette Côte d’Ivoire qui revient de loin.


Mot à Maux


Rédigé par psa le 02/08/2009 à 16:16



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