Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Sortie fracassante de notre ami Pius Njawe dans la publication le Messager, dont il est le fondateur de ce jour même. Sa cible, au-delà du président camerounais Paul Biya, est davantage le système éducatif offert aux jeunes de ce pays. Entre discours et réalité, il est vrai que les systèmes éducatifs reproduisent trop souvent les travers de la société, favorisant les riches au détriment des pauvres. Ce constat est d’autant plus important et incontournable que seuls les mieux nantis vont pouvoir réunir les moyens pour assurer la bonne éducation à leurs enfants. Dans plusieurs pays africains, c’est à coup de millions de monnaies locales, les fameux francs CFA, que les bonnes écoles sont accessibles aux plus offrants. En fait, cette situation déplorable est généralisée à travers le monde : l’éducation, la bonne éducation devient élitiste. Pour prétendre à cette éducation solide aujourd’hui, pour y accéder au Canada comme aux États Unis tout comme au Gabon en France ou dans mon Togo natal, il faut s’attendre à débourser suffisamment et suffisamment. Et le Québec se prépare à lever la barrière qui empêchait les universités d’appliquer des frais exagérement élevés aux étudiants étrangers, comme le reste des États en Amérique du nord. La fatalité semble s’installer autour de l’éducation partout, et bien au Camaroun nous dit Pius.


Bruno Cini, femme fatale
Bruno Cini, femme fatale
Dans son traditionnel message à la jeunesse avant-hier, 10 février 2009, le président de la République, Paul Biya, a validé la formation comme voie royale pour être compétitif dans l’espace de production mondiale et de développement du Cameroun. Ce discours véhicule en effet l’idée que l’éducation institutionnelle et le système des formations offertes à la communauté jeune constituent une sorte d’intégrateur des solutions d’épanouissement personnel et de développement de la nation. Paul Biya suggère la thèse d’une démocratisation des savoirs et savoir-faire, pour donner la chance à tous ceux qui sont ambitieux d’atteindre leurs objectifs. En l’écoutant attentivement, on croit ainsi percevoir, à travers la galaxie des chiffres avancés pour étayer la thèse que l’État fait beaucoup pour la jeunesse, l’image d’une avancée significative de l’offre nationale de formation. L’investissement du cinquième du budget de l’État dans l’édification d’une jeunesse capable d’assurer la relève a également transparu comme indicateur d’une manière de se battre pour l’amélioration des conditions de vie, de formation et éventuellement d’emploi. En réaction à ce discours, comme d’habitude, on a entendu des jeunes et des vieux jubiler, expliquant comment le propos du président était juste et mesuré. Oui, l’homme du 06 novembre 1982 a rappelé la place centrale de l’éducation dans le processus de transformation sociale et de mobilité professionnelle. Cette thèse a été longtemps soutenue par des sociologues fonctionnalistes classiques qui pensaient à juste titre que l’école institutionnelle en Afrique était le centre de rayonnement du village et le levier de développement de la communauté. En observant certains pays de l’Asie du Sud-est qui au début des années 1960 avaient un niveau développement sinon inférieur, du moins égal à celui du Cameroun, on valide tête baissée cette posture idéologique. Ces pays ont en effet investi suffisamment dans la formation des jeunes (environ 30% du budget de l’État chaque année) et on a les résultats aujourd’hui : ils sont passés de pays pauvres à pays émergeants, en transitant par pays à revenus intermédiaires ou pays moyennement avancés. Le Cameroun, lui, est passé de pays à revenus intermédiaires à pays pauvre très endetté ! Cette comparaison semble invalider le schéma classique. Avec raison car depuis longtemps, des partisans de la dissidence critique dont Pierre Bourdieu et, plus proche de nous, Jean-Marc Ela de regretté mémoire, ont montré que l’école est le vecteur de la reproduction des inégalités sociales. Autrement dit, seuls les enfants des riches d’aujourd’hui auront droit à une meilleure formation pour rester leaders et écraser la masse laborieuse qui, déjà, tire la diable par la queue dans la recherche du pain quotidien. Oui, l’État promeut la formation pour tous. Mais combien sont-ils, qui peuvent honnêtement assurer une bonne formation à leurs enfants ? Faut-il le rappeler, environ 51% de la population camerounaise vit avec moins de 1000 Fcfa par jour. Faites un tour dans les quartiers populeux de Kousseri, Maroua, Garoua, Bafoussam, Bamenda, Douala, Yaoundé, … pour voir combien de jeunes ne vont pas à l’école et ne sont inscrits dans aucun centre de formation, faute d’argent. L’essentiel de ceux dont les parents se sont véritablement saignés pour payer une formation de niveau supérieure (BTS, Dut, Licence, maîtrise, …) se tournent les pouces au quartier. Les recrutements se font à travers les réseaux que seuls maîtrisent ceux qui appartiennent aux cercles de pouvoirs. Oui, l’État investit beaucoup dans la jeunesse. Mais où sont les résultats ? Bien malin celui qui pourrait répondre à cette question, car le capitaine Biya mène les jeunes dans un bateau dont l’unique hublot est celui par lequel il voit seul vers où il les mène. Dans son discours d’avant-hier, il a avancé des chiffres (enseignants recrutés, établissements transformés, salles de classes construites, centres multifonctionnels créés, etc.) mais s’est gardé de préciser le niveau de la demande de formation pour permettre à chacun de voir où l’on se situe dans la satisfaction de cette demande. Beaucoup ont expliqué que le discours a été fait dans une dynamique bilan/prospective. Mais le bilan, dans notre acception élémentaire, signifie prévision, provision, réalisation. Biya n’a rien fait de tel. La prospective, quant à elle suppose que l’on se fixe des objectifs clairs et surtout mesurables. Là aussi, on n’a rien senti ! Soit Paul Biya n’a pas l’ensemble de données qui seules donnent sens aux chiffres présentés, soit il s’est gardé de les révéler de peur d’effrayer les citoyens par le fossé qui sépare l’offre de la demande de formation et d’emploi. Là, on le comprend, la logique démagogique reprend le dessus. On se rappelle que le mouvement populaire de revendications sociales de février 2008 s’est déclenché deux semaines seulement après le discours de Paul Biya à la jeunesse. Ces jeunes qui exigeaient de meilleures conditions de vie se sont laissés à des débordements qui ont causé des dommages à certains investisseurs. Reconnaissant la pertinence des réclamations, le président Biya a menacé son gouvernement en lui demandant notamment ce qu’il avait fait pour répondre à leurs revendications légitimes. Le discours prononcé avant-hier devait au moins faire le point pour rassurer. Qu’est-ce qui, un an après, garantit que les jeunes ne peuvent plus se laisser vaincre par une telle manifestation du désespoir ? La gestion malheureuse et mafieuse des biens publics ainsi que le déficit de préservation des intérêts collectifs qui ont plongé la jeunesse dans le découragement restent le seul vrai mode de gouvernance des affaires publiques. Les budgets publics sont systématiquement détournés, les projets sont pilotés avec dilettantisme, … Presque rien ne change dans le fond. Pourtant les dettes contractées aujourd’hui seront remboursées par ces jeunes qui n’en bénéficient que accidentellement. A écouter le président, ceux qui pensent véritablement à cette jeunesse ne peuvent s’empêcher de méditer profondément. Mais vous, jeunes, vous êtes très jeunes pour vous taire. Et c’est trop tôt pour vous résigner./// Pius N. Njawe

Mot à Maux


Rédigé par psa le 12/02/2009 à 09:17
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Yves Poulain, correspondant de Radio Canada à Washington DC, pense que notre ami, Barack Obama, fait face à ses premières difficultés. Probablement que oui, pour un président qui a la transparence comme promesse. Ce qui est aussi merveilleux dans cette tournure, c’est aussi la réaction rapide de ce président qui n’a pas hésité à avouer que des erreurs aient été commises dans le choix de certaines personnes. À retenir dans tout cela, le ton présidentiel a vraiment changé et un humain semble être désormais aux commandes des États Unis d’Amérique. C’est aussi cela la beauté Obama dont le parcours est sans aucun doute semé de nombreux trous après le passage de notre autre ami Georges W. Bush. Et Dieu sait qu’il a commencé à en remplir adéquatement de ces trous pour refaire le passage.


Dorothy
Dorothy
Barack Obama avait promis d'insuffler un vent de renouveau à Washington. Fini les intérêts particuliers, les lobbyistes! Place à la responsabilité, à l'éthique et à la transparence! Mais à peine deux semaines de présidence se sont écoulées que le nouveau chef de la Maison-Blanche est victime de ses propres règles ou des enquêtes bâclées au sujet des membres de son Cabinet. L'ancien leader démocrate du Sénat Tom Daschle, nommé secrétaire à la Santé, a dû renoncer à son poste. On a appris qu'il avait « promis » de payer 140 000 $ en impôts. Il paraissait aussi en grave conflit d'intérêts, puisqu'il avait touché des millions de dollars comme consultant auprès des industries liées à la santé, après son départ du Sénat, en 2005. Tom Daschle était perçu comme le meilleur candidat pour convaincre le Congrès et les divers groupes d'intérêts de doter enfin les États-Unis d'un régime universel d'assurance santé. La réforme de la santé, l'une des priorités du président, sera ainsi retardée de plusieurs mois, sinon davantage. L'opposition républicaine au Congrès et plusieurs journaux, dont le New York Times, avaient souhaité que Tom Daschle renonce à sa nomination. Le « démission » de Tom Daschle est survenue le même jour que celle de la contrôleuse du budget de la Maison-Blanche, Nancy Killefer, également en « indélicatesse » avec l'impôt américain. Le président Obama n'avait guère le choix d'accepter « avec tristesse et regret le retrait volontaire » de Tom Daschle et Nancy Killefer. Ces deux distractions s'ajoutaient à celle de Timothy Geithner, secrétaire au Trésor, confirmé dans ses fonctions malgré ses omissions répétées de régler certains impôts (43 000 $) quand il était à l'emploi du Fonds monétaire international. Dans les tribunes téléphoniques à la radio américaine, plusieurs citoyens commençaient à évoquer la règle des « deux poids deux mesures » devant le fisc. Les humoristes de la télévision avaient aussi commencé à ridiculiser les « distraits » de l'impôt du Cabinet Obama. Ces affaires ont rappelé le goût amer laissé par l'épisode Leona Hemsley, l'ancienne propriétaire de luxueux hôtels à New York. Elle avait affirmé, avant d'aller en prison pour évasion fiscale, que « seules les petites gens » payaient de l'impôt. Sans oublier le cas de Bill Richardson, le gouverneur du Nouveau-Mexique, qui a dû renoncer au poste de secrétaire au Commerce, en raison d'une enquête sur des allégations de corruption dans son administration. On peut aussi ajouter dans la liste le sous-secrétaire à la Défense William Lynn III, nommé en dépit de ses antécédents de lobbyiste pour Raytheon, un des grands fournisseurs militaires du Pentagone. Le président Obama a tenté de limiter rapidement les dégâts après les départs de Tom Daschle et de Nancy Killefer. Il a reconnu avoir manqué de jugement au cours d'une série d'entrevues aux grands réseaux américains de télévision. Il a affirmé: « Je pense que cela a été une erreur. J'ai foiré. (I screwed up) J'en prends la responsabilité et nous allons faire en sorte de régler le problème pour être sûrs que cela ne se reproduira pas ». Tout un contraste avec George W. Bush, qui a pratiquement toujours refusé la responsabilité de toute erreur. Cet aveu d'échec sera-t-il suffisant pour maintenir le lustre de la jeune présidence? À peine 24 heures, après le départ de ses deux collaborateurs, le chef de la Maison-Blanche a tenté de rassurer les contribuables, en annonçant des règles salariales strictes pour les grands patrons des entreprises renflouées par le gouvernement fédéral. Barack Obama, le candidat qui en campagne électorale avait promis de faire de la politique autrement et de changer les moeurs à Washington, écope malgré tout de ses premières tuiles.

Mot à Maux


Rédigé par psa le 05/02/2009 à 10:45
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