Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




La crise financière, et la crise économique qui l’a suivie n’ont pas déboulonné la statue du libéralisme. Mais celle-ci n’est pas sortie indemne des turbulences de l’année 2009.
Il y a tout à coup comme un grand vide dans les sociétés occidentales. Les mythes ont disparu de l’horizon humain. Les grandes idéologies se sont effondrées. Dieu est mort. Les instances politiques et religieuses peinent à donner du sens à la vie individuelle et collective. La raison, la technologie et la science n’y parviennent pas davantage. Le matérialisme? Une aspiration plus qu’un rêve, dévoyée par la cupidité des chasseurs de primes qui ont voulu en faire la finalité du fonctionnement économique et social. Le fracas de cette illusion anéantit la dernière croyance contemporaine.


Léonard de Vinci, L'homme de Vituve
Léonard de Vinci, L'homme de Vituve

Comment habiter une vie sans repères? On pressent que la réponse se situe du côté de la spiritualité. De la spiritualité, et non de la religion, qui suscite craintes et méfiance. Mais dans une société désormais sécularisée, attachée à sa laïcité, le christianisme a-t-il encore quelque chose à dire? Sans doute. A condition de trouver un langage qui puisse se frayer un chemin vers le cœur de l’être humain. C’est l’épreuve du feu. Comme le dit le théologien, philosophe et psychanalyste français Maurice Bellet dans l’entretien qu’il nous a accordé, «la culture chrétienne est devenue comme une langue morte ne parlant plus qu’à quelques initiés». Or le vide spirituel est propice à la montée des intégrismes et fondamentalismes de toute obédience, c’est pourquoi il devient urgent de le combler. Pas avec des formules désuètes ou une spiritualité vague qui s’apparente à une quête de bien-être personnel. C’est le sens de l’humain qu’il nous faut retrouver. Un défi à la mesure de la foi chrétienne, dont la préoccupation essentielle, contrairement à ce qu’on en retient d’habitude, n’est pas la relation de l’homme avec Dieu, mais des hommes entre eux. Que signifie Noël sinon que Dieu s’est fait homme? Oublions donc Dieu, un terme obscurci par trop de malentendus. Et tournons-nous vers l’être humain. Car l’enjeu est de préserver ce qui fait que l’homme est humain. De fertiliser ce terreau sur lequel ont grandi la compassion, l’amour, la générosité, tant d’autres valeurs cardinales de notre civilisation. Et de veiller ainsi à ce que la lumière qui habite l’homme ne s’éteigne pas.////// Patricia Briel


Silence


Rédigé par psa le 24/12/2009 à 08:20



Dix jours après le vote anti-minarets des Suisses, une nouvelle épreuve s’annonce. C’est la dernière trouvaille de l’Union démocratique du centre (UDC), parti de la droite suisse comme son nom ne le suggère pas forcément pour les non-initiés. Faut-il invalider l’initiative populaire de l’UDC, qui demande l’expulsion des étrangers délinquants? Les droits fondamentaux du Jus Cogens seront-ils sous la menace de la démocratie suisse ? L’inquiétude se lève…


Chemin de Faire la Suisse du Centre
Chemin de Faire la Suisse du Centre
La question agite le Conseil des États, appelé à se prononcer cette semaine déjà. En effet, le texte de l’UDC est problématique. Sa compatibilité avec la Convention européenne des droits de l’homme, avec la Convention internationale sur les droits des enfants et avec l’accord sur la libre circulation des personnes est plus que douteuse. Le principe de non-refoulement, fixé dans plusieurs instruments juridiques de portée internationale, ne serait respecté qu’au prix d’une interprétation laissée au bon vouloir des autorités helvétiques.
Une fois encore l’UDC a grossièrement puisé dans la mine d’or des droits populaires pour se profiler comme le seul parti gardien de la sécurité. Mais le vote anti-minarets a secoué ceux qui, jusqu’à présent, misaient sur la grande sagesse du souverain pour désavouer l’UDC. Objectivement, le risque est élevé que la démocratie du nombre s’exerce une nouvelle fois contre le respect de traités acceptés par la Suisse à l’issue de procédures elles aussi démocratiques. Pourtant il existe des moyens politiques de faire barrage à une nouvelle effraction juridique. Invalider immédiatement l’initiative de l’UDC passerait pour un acte de vengeance des perdants du vote contre les minarets. La procrastination tactique de ce dossier délicat peut en revanche se défendre, à une condition: le répit ainsi laissé doit être activement utilisé pour faire mûrir le constat que la souveraineté du peuple ne peut s’exercer contre les engagements juridiques et internationaux de la Suisse. La Confédération a fondé son développement et sa prospérité sur la fiabilité de l’État de droit et sur la confiance durable qu’inspirent ses institutions. Des esprits progressistes ont lentement bâti cet État complexe admiré pour sa formidable stabilité. Quel bénéfice y aurait-il à laisser casser ce qui fait – encore – cette réputation méritée?////////Francois Modoux


Silence


Rédigé par psa le 08/12/2009 à 00:08



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