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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le raïs déchu et ses deux fils sont en détention. Les irréductibles de la place Tahrir ont joué leur rôle, mais ils sont de plus en plus impopulaires. Des entreprises ont commencé à licencier. L’insécurité plombe les conversations. Après l’ivresse de la révolution, le pays a la gueule de bois.


L’Égypte ne va pas bien
Incrédule, elle a changé de station-radio, appelé son mari. Puis exulté. Hosni Moubarak en prison, Samar el-Fouly n’en rêvait même pas. Dans la presse ces dernières semaines, les photos des anciens ministres, des arrogants hommes d’affaires, humiliés en uniforme de prisonniers, l’avaient déjà transportée. Le week-end passé, l’arrestation des omnipotents Safwat al-Cherif et Zakaria Azmi, caciques parmi les caciques, l’ont convaincue que des murs étaient en train de tomber.

Mais au réveil mercredi, en apprenant que l’armée avait fini par lâcher son ancien chef aux griffes de la justice, Samar n’en a pas cru ses oreilles. Au terme de vingt-quatre heures d’informations contradictoires et de rumeurs, où on l’a dit en fuite en Jordanie, interrogé au Tribunal d’El-Tur, dans le Sinaï, puis hospitalisé à Charm el-Cheikh après une crise cardiaque, Hosni Moubarak aurait été transféré hier dans un hôpital militaire du Caire. Ses deux fils, Alaa et Gamal, sont arrivés, eux, dans les geôles de la «Ferme», la prison de Tora, au sud de la capitale, où croupissent déjà d’anciens pontes du régime. Une détention provisoire de quinze jours à fin d’enquête, ultime coup de théâtre d’un feuilleton à rebondissements qui prend sa source vendredi dernier, place Tahrir.

Ce jour-là, 100 000 personnes, au moins, se réunissent pour demander qu’Hosni Moubarak soit enfin traduit en justice. Certains conspuent le nom du maréchal Tantaoui, qui préside le Conseil supérieur des forces armées, aux commandes du pays depuis le départ du raïs le 11 février. La foule soupçonne les militaires de protéger leur ancien chef en faisant traîner la mise en œuvre d’une instruction judiciaire à son encontre. Ces dernières semaines, l’armée a plusieurs fois aussi utilisé la méthode forte, et procédé à des arrestations parmi le noyau dur révolutionnaire pour tenter de mettre fin à cette contestation sans fin, qui retarde la remise en marche du pays.

Car l’Égypte ne va pas bien. Dix-huit jours de révoltes ont ouvert la boîte de Pandore, les démons se sont échappés, et s’écharpent. La situation économique est mauvaise. Les touristes, première source de revenus du pays, ne sont pas revenus. Des dizaines de milliers de travailleurs émigrés évacués de Libye se rajoutent au nombre vertigineux de chômeurs. Des entreprises ont commencé à licencier. L’insécurité plombe les conversations. Après l’ivresse de la révolution, le pays a la gueule de bois.///////Claude Guibal


Alaa et Gamal, finale Ghana-Égypte de la Can
Alaa et Gamal, finale Ghana-Égypte de la Can
Portrait des fils Moubarak : Tu ne seras plus président mon fils!


L'ambitieux Gamal rêvait de succéder à son père, le discret Alaa de continuer à s'enrichir. Les deux fils de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak, mis en détention préventive, ont grandi dans l'ombre du pouvoir paternel avec des tempéraments très différents. La chute de leur père le 11 février a révélé leurs dissensions, selon de nombreux témoignages : la veille de la démission du raïs, une violente dispute aurait opposé Alaa à son frère, jugé responsable d'une désastreuse stratégie de fermeté face à la révolte.

Le cadet Gamal, 47 ans, ex-banquier qui incarnait une « nouvelle garde » face aux caciques du régime, est depuis des années la face visible de la fratrie. Cadre dirigeant du Parti national démocrate (PND) présidé par son père, il s'attache à faire de cette formation une machine de guerre pour accéder un jour à la présidence. Dans le cercle familial, sa mère Suzanne soutient activement ses ambitions de devenir le successeur du vieux raïs, au pouvoir depuis 1981.

Mais cette marche présidentielle, brutalement interrompue avec la chute du régime, n'est pas sans écueils. Une grande partie de l'armée, qui a donné au pays tous ses présidents depuis le renversement de la monarchie en 1952, voit d'un mauvais œil l'arrivée possible d'un président sans passé militaire. Ancien banquier formé à l'Université américaine du Caire (AUC), celui qui est surnommé « Jimmy » a travaillé à la Bank of America International à Londres de 1988 à 1994 avant de revenir en Égypte en 1995, après une nouvelle tentative d'assassinat contre son père. Dès 1999, il gravit les échelons du parti présidentiel, et place ses hommes - en majorité issus des milieux d'affaires - au Parlement et au gouvernement où ils s'emploient à libéraliser à marche forcée l'économie égyptienne.

Les élections législatives de novembre et décembre derniers, où l'opposition est quasiment éliminée face au PND, devaient marquer une nouvelle étape dans sa stratégie de conquête du pouvoir. Mais ce scrutin, accusé d'être outrageusement truqué, alimente le ressentiment de nombreux Égyptiens contre le verrouillage politique du pays. Ils se retrouveront dans la rue pour renverser le pouvoir quelques semaines plus tard.

Laissant à son frère les tribunes politiques, l'aîné, Alaa, 49 ans, fait une prospère et discrète carrière dans les affaires, notamment l'immobilier, n'apparaissant que rarement en public. La semaine dernière, il a été traité de « voleur » par le procureur du procès pour corruption ouvert contre un ancien ministre de l'Habitat, Ahmad el-Maghrabi. Son beau-père, selon la presse égyptienne, serait en fuite à l'étranger à la suite d'accusations de corruption liées à des activités immobilières.

Alaa a eu deux enfants de son union avec Haïdi Madi Rassek. Le décès accidentel de l'un d'eux, Mohammad, 12 ans, en 2009, avait très fortement affecté le président Moubarak, son grand-père.
Gamal a eu une fille de son mariage avec Khadiga al-Gamal. (Source : AFP)

Silence


Rédigé par psa le 14/04/2011 à 06:01



Requiem pour Gbagbo


Le glas semble sonner inexorablement pour Laurent Koudou Gbagbo. Ce chant trompe rarement. Une fois franchi l’axe est-ouest (Abengourou-Douekoué) ayant la capitale Yamoussoukro comme épicentre, il est à prévoir que les derniers verrous restant au camp Gbagbo seront soumis à rude épreuve. C’est l’évidence de l’inutilité de l’entêtement Gbagbo, particulièrement après que jour après jour, rencontre après rencontre, toute l’Afrique a basculé du côté de la raison, de l’Angola à l’Afrique du sud en faisant le détour par la Guinée: le choix légal et légitime d’Alassane Ouattara comme président élu de la Côte d’Ivoire désormais s’impose. Le consensus est désormais atteint contre Laurent Gbagbo comme c’est le cas sur le départ du guide libyen Kadhafi. Après la chute de la ville d’origine de Gbagbo en pays Bété, Daloa, les derniers kilomètres vers Abidjan risquent toutefois de redevenir sanglants : c’est le drame de la Côte d’Ivoire, c’est notre défaite à tous que la Côte d’ivoire soit passée par cette inutile tragédie. Pour sûr, ce requiem semble être la dernière des illusions de Gbagbo et des siens, malgré l’appel du jour au recrutement des jeunes patriotes pour sa défense. Peine perdue! Jeunesse sacrifiée!



Silence


Rédigé par psa le 29/03/2011 à 19:19



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