Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Let there be light
Let there be light



Finalement, notre ami Cyrille Adjogblé s’en est allé le même jour que Theodore C. Sorensen, ce 31 octobre 2010. En recevant le coup de fil du décès de Cyrille aujourd’hui, j’ai eu cette réflexion : il aurait lutté jusqu’au bout. C’est d’ailleurs ce que je lui disais la dernière fois que je l’avais vu : « Cyrille, continues à lutter pour tous ces gens qui t’aiment, tes enfants, ta femme, ta grande famille (…) » Il était touché par ces mots en plus de sa joie de me revoir. L’orfèvre des mots lui-même, Theodore C. Sorensen, vient aussi de quitter ce bas monde ce saint jour que certains nomment curieusement « vodougbé », probablement pour restituer la puissance des mots au travers de cette dénomination également. J’ai connu un Cyrille de peu de mots; peut-être est-il plus volubile en d’autres circonstances? Pourquoi pas!

De Montréal à Gatineau, d’étudiant à enseignant, puis fonctionnaire, puis enseignant, puis étudiant, puis… Cyrille Adjogblé devait bien être aussi un amoureux des mots. Juste assez pour tout dire comme Theodore C. Sorensen : « (…) ne demandez pas ce que l’Amérique a fait pour vous, demandez ce que vous avec fait pour l’Amérique ». Effectivement, certains commencent à voir clair… Comme George Pompidou, Laurent Fabius, Alain Juppé et bien d’autres, Theodore C. Sorensen écrivait des discours, des lettres, des messages de John F. Kennedy; je devais dire que Theodore C. Sorensen écrivait et conseillait son ami John F. Kennedy. Car, dans l’art sublime de l’alignement des mots pour faire des effets justes et réussir à galvaniser les gens, il faut aimer profondément le porteur du message pour lui tailler les mots vrais et justes, particulièrement aux bons moments. On se souvient bien de cette célèbre requête du Général lui-même, une exigence qui scella le destin de George Pompidou : « Trouvez-moi un normalien qui sache écrire ! » Un Alain Juppé en sortira avec la preuve bien établie que « (…) C’est le meilleur de nous tous » au point d’être courtisé pour son retour aux affaires. Theodore C. Sorensen avait aussi fait un retour auprès de Lyndon B. Johnson et dans la campagne de Robert F. Kennedy.

Des années plus tard, Theodore C. Sorensen ne pouvait pas ne pas s’offusquer que l’on ne retenait et ne disait de lui qu’il était la légendaire « Plume de JFK » et son conseiller spécial, son Speechwriter; il avait fini par restituer les choses, disant qu’il était avant tout un artisan, un artiste des mots, un orfèvre d’idées, un véritable Wordsmith comme d’autres sont des Goldsmith pour leurs amis. Les artisans sont bien des lutteurs de talent, fabricant pièce après pièce, chaque discours de peu de mots, mais de grande portée le jour où ces mots sont lâchés dans le public. Cyrille Adjogblé, en lâchant prise aujourd’hui s’offre à nos souvenirs, à nos bons souvenirs, nous qui étions presque de la même épopée quoique venant de points différents, moi aboutissant aux HEC, lui à l’UQAM avec d’autres et ne nous retrouvant alors et souvent que sur le… Togo, déjà à cette époque pas si lointaine.

Seuls les mots voyagent loin, laissons chaque mot et chacun des maux aller le plus loin possible, laissons tout aller et venir dans nos souvenirs, Let the Word Go Forth disait et écrivait Ted Sorensen , laissons aller Cyrille par ses propres mots… Les derniers que j’ai pu retrouver –ne sachant même pas s’il avait eu le temps de les prononcer après les avoir pensés se présentent ainsi, parlant de Transfert de connaissance et de sa nécessité dans les organisations, c'est-à-dire la capitalisation des connaissances pour la performance des organisations et le rendement du personnel:
« Knowledge transfer (KT) is the process by which an organization gains access to its own knowledge or the knowledge of other organizations (Argote, 2000). KT is an increasingly important concern in relation to the performance of modern organizations and the development of their employees. The concern is caused by various factors, including the emergence of the knowledge economy, the growing need to innovate collaboratively, and the demographic changes generated by the aging population, which create the risk of losing strategic knowledge and know-how in organizations. » (Adjogblé, 2009)

Voilà que c’est bien dit Cyrille!

Nous te laissons aller pour reposer en paix et être lumière. Let it be!


Mot à Maux


Rédigé par psa le 31/10/2010 à 19:00



Paul Klee
Paul Klee


Presque simultanément, les responsables du Musée d’art moderne de la Ville de Paris puis ceux du Kunstmuseum et du Centre Paul Klee de Berne ont décidé d’appliquer un principe de précaution sans précédent dans l’histoire récente des expositions.

À Paris, la présentation des photographies de Larry Clark, qui décrivent la quête de la jouissance et la brutalité dans les cités américaines, a été interdite aux mineurs de moins de 18 ans. À Berne, l’exposition «Vice et Volupté, les sept péchés capitaux de », a été amputée de trois œuvres, deux photographies du même Larry Clark et une peinture passablement obscène d’un des grands peintres et caricaturistes du XXe siècle, George Grosz.

Le motif de ces décisions est le même. La crainte qu’une plainte ne soit déposée et ne provoque l’intervention de la force publique, voire la fermeture pure et simple. Cette crainte était-elle fondée? Il sera impossible de le vérifier, la précaution ayant été prise.

Les artistes des pays développés ont anticipé et accompagné dans leurs modes de vie et dans leurs œuvres la libération des mœurs depuis les années 1950. Ils en ont décrit l’exultation mais aussi les souffrances. L’interrogation sur ce qu’il faut interdire et autoriser traverse tous les domaines de la vie en commun. Mais l’art a toujours été un champ d’expérience de la liberté autant que la cible de ceux qui veulent lui fixer des limites.

Serions-nous allés trop loin? Faut-il revenir en arrière? Ceux qui n’ont pas vécu l’après-guerre peuvent difficilement imaginer la chape qui pesait alors sur les existences. Il importe de sauver la planète, de préserver la santé de tous et de léguer un monde impeccable. Mais il est aussi temps de se demander pourquoi et comment y vivre.//////Laurent Wolf


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 30/10/2010 à 01:47



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