Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Après l’affaire de corruption révélée par le «Sunday Times», l’instance dirigeante du football doit réagir prestement. Sa commission d’éthique se réunit aujourd’hui même à Zurich et décidera du sort des accusés. La corruption dans le football, aux yeux des experts ès sciences humaines, c’est comme le trou dans la couche d’ozone ou la tartine qui tombe côté confiture: une fatalité. Faut-il, dès lors, jouer les vierges effarouchées lorsque deux hauts fonctionnaires tombent dans un piège tendu par le Sunday Times? Oui, parce que c’est mal. Non, parce qu’on ne peut pas demander l’impossible à une tartine de confiture; non, parce qu’à la lumière d’un certain passé, le fait que deux membres du comité exécutif de la Fédération internationale de football association (FIFA) acceptent de monnayer leur voix dans le processus d’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 ne relève pas de l’extraordinaire.


Feu à la FIFA

Jusqu’au pavé lancé dans la mare dimanche par l’hebdomadaire britannique, le Tahitien Reynald Temarii et le Nigérian Amos Adamu incarnaient l’universalité du football, une notion que l’instance faîtière aime à vanter. Depuis, ils se sont mués en moutons noirs dans un ciel chargé. Ce mercredi matin, dès 10 heures au siège zurichois de la FIFA, ils devront s’expliquer devant la commission d’éthique de l’organe, dirigée par l’ancien attaquant des Grasshoppers Claudio Sulser, avocat. Dimanche déjà, via une lettre postée sur fifa.org, le président Sepp Blatter informait son état-major d’une «situation très délicate», tout en invitant son monde à tenir sa langue.

Une enquête est en cours, dont les premiers éléments seront dévoilés mercredi en fin de journée lors d’une conférence de presse. «Pour faire la lumière sur cette affaire, on fait appel à l’organe le plus pointu et le plus indépendant qu’on puisse imaginer: la FIFA elle-même», a ironisé la Süddeutsche Zeitung.

C’est-à-dire qu’il faut sauver les apparences, et vite, puisque l’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 doit intervenir le 2 décembre prochain. L’Angleterre, la Russie, l’Espagne en compagnie du Portugal et les Pays-Bas avec la Belgique concourent pour la première; le Qatar, l’Australie, les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud rivalisent pour la seconde. Il reviendra aux membres du comité exécutif de trancher – d’où la valeur de leur avis et l’intérêt qu’il peut y avoir à l’influencer. Or, sur les vingt-quatre noms à convaincre, outre ceux de Reynald Temarii et Amos Adamu désormais, sept ont déjà été soupçonnés, au moins, d’agissements contraires à la morale: Issa Hayatou (Cameroun), Chung Mong-jun (Corée du Sud), Jack Warner (Trinidad et Tobago), Ricardo Teixeira (Brésil), Chuck Blazer (États-Unis), Nicolas Leoz (Paraguay) et Julio Grondona (Argentine).

La corruption dans les hautes sphères du ballon, une fatalité? A en croire certaines publications, oui. David Yallop fut le premier grand dénonciateur, en 1999, avec How they stole the game (littéralement: «Comment ils ont volé le match»). L’enquêteur anglais, spécialiste du crime irrésolu, avait vu la version allemande de son livre interdite en Suisse. Et pour cause: l’accession de Sepp Blatter à la présidence de la FIFA y était dépeinte sous un jour douteux.

Lennart Johansson, ancien président de l’UEFA et éternel rival du Haut-Valaisan, s’exprimait ainsi pendant sa campagne: «Je ne sais pas et je ne vais pas spéculer. J’ai entendu beaucoup de choses au fil des ans, beaucoup d’allégations à propos de Havelange [président brésilien de la FIFA entre 1974 et 1998] et Blatter. Pour ma part, je ne vais pas me battre dans cette élection avec leur éthique. Si le prix à payer pour gagner, c’est que je doive me comporter comme eux, alors je m’abstiendrai.» Après le scrutin, le Suédois lâchait: «J’ai perdu 30 voix pendant la nuit. Il a dû se passer quelque chose.»

Après coup, Farah Ado, président de la Fédération somalienne, admettait avoir vendu sa voix pour 100 000 dollars. Sepp Blatter, lui, a toujours nié tout recours aux pots-de-vin. Et les enveloppes pleines de cash qui ont circulé dans les couloirs de l’hôtel Méridien à Paris, dans la nuit du 7 au 8 juin 1998? La FIFA n’en niera pas l’existence. À l’époque, elle explique qu’il s’agissait d’une avance sur les subsides que l’instance verse chaque année aux fédérations les moins nanties.

Plusieurs autres épisodes alimenteront la rumeur selon laquelle tout peut s’acheter ou se vendre. L’un d’eux est resté célèbre. Lors du vote d’attribution du Mondial 2006, le Néo-Zélandais Charles Dempsey, dont la voix était manifestement promise à l’Afrique du Sud, s’était abstenu au dernier moment, faisant pencher la balance en faveur de l’Allemagne. L’ancien président de la Confédération océanienne s’était par la suite plaint de «pressions intolérables de la part de groupes d’intérêts européens très influents».

Bref, la FIFA, une «société à but non lucratif» rappelons-le, est rompue à ce genre de contrariétés. Elle a, pour l’instant, maintenu le vote au 2 décembre prochain, confiante dans sa capacité à éteindre le feu dans les plus brefs délais. Ensuite, pour Sepp Blatter, il sera grand temps de se consacrer pleinement à sa réélection en 2011. «Je n’ai pas terminé ma mission et si le congrès en décide ainsi, je serai à disposition pour continuer», répète le Haut-Valaisan de 74 ans. Ce jour-là, il y aura 208 voix à conquérir – celles des 208 présidents de Fédérations nationales.//////// Simon Meier



Voilà que l'on reparle beaucoup de mon professeur Alain Juppé... « le meilleur d'entre nous », comme le surnommait, admiratif, Jacques Chirac. Alors que le remaniement ministériel s'approche, un poids lourd comme Alain Juppé peut-il revenir sur le devant de la scène politique ? Et où ? C'est ce que se demande toute la France et même le milieu des particuliers entrepreneurs et PME...


Gilles Rousset
Gilles Rousset


À l'heure où Nicolas Sarkozy est de plus en plus critiqué, Alain Juppé - dont la stature d'homme d'État ne fait aucun doute -redonnerait en effet de la consistance au quinquennat en cours. Il est vrai que l'homme ne manque pas d'atouts : entré en politique il y a plus de trente ans, il dispose d'une remarquable expérience de l'exercice du pouvoir et de ses vicissitudes. Plusieurs fois ministre, il est également passé par la case Matignon en 1995 avant que la dissolution orchestrée par son ex directeur de cabinet au Quai d'Orsay (Dominique de Villepin) ne tourne au fiasco deux ans plus tard... Frappé de plein fouet par l'affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris, il faillit ne jamais s'en relever. L'accession à la Mairie de Bordeaux lui remit le pied à l'étrier avant qu'il ne devienne « le moins durable des Ministres du développement durable » comme il se qualifie, pour cause de défaite aux élections législatives de 2007.

En dépit de ses indéniables qualités, force est de constater que sa personnalité et son tempérament sont loin de faire l'unanimité. Affichant une certaine supériorité intellectuelle, cette grosse tête (énarque et normalien) garde encore l'image du technocrate cassant et droit dans ses bottes. Son nom est également étroitement lié aux grèves de l'hiver 1995 ainsi qu'à Jacques Chirac, dont le bilan ne restera pas gravé dans les livres d'histoire. En d'autres termes, Alain Juppé appartient quelque part au passé et manque cruellement de popularité. Même si son arrivée à la mairie de Bordeaux a considérablement lissé son image, il n'est pas encore prêt d'avoir le capital sympathie d'un Chirac.

Dans ce contexte, la question est de savoir à quel poste il peut prétendre. Son passage réussi au Quai d'Orsay (1993-1995) pourrait donner l'idée à Sarkozy de le substituer à Bernard Kouchner, donné partant, mais cela aurait un petit air de déjà vu. Bercy serait également une option puisque cet Inspecteur des Finances qui fut Ministre du Budget en a tout a fait l'envergure. Reste à savoir s'il serait en phase avec les grandes orientations de politique économique de Nicolas Sarkozy. Hervé Morin étant également dans la charrette de départ pour cause d'ambitions présidentielles, la défense pourrait également lui être proposée. Cela dit, le Président restant le chef des armées, cette hypothèse a peu de chance de voir le jour.

Tout compte fait, Juppé serait peut être l'un des meilleurs candidats à Matignon. Reste à savoir ce que donnerait un tandem Sarkozy- Juppé au plus haut niveau de l'État. Il faut tout de même se rappeler qu'avant de se réconcilier, ces derniers étaient considérés comme des frères ennemis. Juppé ayant toujours été préféré par Chirac à Sarkozy, ce dernier finit par trouver en Édouard Balladur son véritable père politique. Pourront-ils faire table rase du schisme de 1995 où, alors que Sarkozy avait «lâché» Chirac, Juppé le dévoué fut l'un des derniers fidèles à mener campagne pour l'ex maire de Paris ? Qui plus est, il y a fort à parier que Juppé ne tolérerait pas l'omniprésence du tout puissant Claude Guéant dont le titre de Premier Ministre bis est tout à fait justifié. Enfin, au regard de son envergure politique, il pourrait bien créer un contraste et faire de l'ombre à Sarkozy. Et nul doute que, comme nombre de ses contemporains en politique, Alain Juppé n'a jamais vraiment renoncé à la tentation de l'Élysée... ////////Jérôme Boué

La phrase de la semaine :
«Je n'y pense pas constamment mais j'y pense épisodiquement» de Alain Juppé à propos d'une éventuelle entrée au gouvernement.


Horizon


Rédigé par psa le 19/10/2010 à 22:39



1 ... « 2 3 4 5 6 7 8 » ... 10