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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Porteuse d'eau ivoirienne
Porteuse d'eau ivoirienne
Revue des troupes à quelques heures des élections en Côte d’Ivoire. Pessimiste n’est plus africain, pertinence est humaine condition! Le constat est plutôt inquiétant: rien ne permet de croire à une élection apaisée en Côte d’Ivoire. La surprise, les heures d’après les élections, serait d’avoir des résultats crédibles et légitimement proclamés à la satisfaction des différents camps. L’Afrique de l’ouest a-t-elle encore les moyens de s’offrir une Cote d’Ivoire non apaisée? Certainement que non! Il y a quelques cinq ans, dans RCI 2005, les Rencontres citoyennes internationales tenues en présence de l’ambassadrice de la Côte d’Ivoire au Canada, les Ivoiriens d’abord, les Africains ensuite, avions tous ensemble pointé du doigt les conséquences de cette fragilité ivoirienne au cœur de l’Afrique de l’ouest. Des années plus tard, à une occasion aussi historique, tout porte à croire qu’un jeu trouble s’est tissé autour de l’évolution que chacun est en droit d’attendre de cet incontournable rendez-vous républicain.

Reconnaissons que des moyens importants ont été mis dans cette élection; il est vrai que la démocratie coute chère tout en restant moins couteux que la non démocratie. Voilà que ces moyens ne permettent pas de saisir adéquatement les intentions et surtout les choix réels des Ivoiriennes et des Ivoiriens. Car, tout autant, des ressources non négligeables ont également été mises en parallèle des moyens officiels… à court-circuiter. Les analyses les plus distantes des partisanneries en viennent essentiellement à cette conclusion étonnante. La réaction des populations, M. et Mme Tout-le-monde avec un peu de moyens, ne semble pas être trompeuse de cette appréhension : les approvisionnements sont faites vers les quartiers, des provisions sont faites intensément par les familles et dans une proportion hors du commun qui ne peut qu’être indicatrice autant des inquiétudes que des indiscrétions. L’enjeu devient bien inquiétant que la présence de l’ancien général et commandant des Forces de la Licorne en Côte d’Ivoire (2002-2003) comme ambassadeur actuel de France au Faso voisin semble apporter de l’eau au moulin des éternels critiqueurs de l’hexagone. Cette présence curieuse d’Emmanuel Beth jointe au déplacement de l’homme de confiance et Secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant à Abidjan redonnent un autre sens aux informations dernières recoupées ici et là sur l’issue des élections ivoiriennes. Que valent le rapprochement du président Gbagbo avec l’Élysée et la sécurisation apparente de la frontière nord de la Côte d’Ivoire? Que représente la confirmation de garantie d’investissement du français Total dans l’exploration pétrolifère ivoirienne de ces derniers jours? Le pari est réellement ouvert…

La mention « Rien ne permet de croire aux lendemains électoraux apaisés en Côte d’Ivoire » ne permet pas non plus de ne pas souhaiter le contraire. C’est donc le meilleur qu’il y a lieu d’espérer pour la Côte d’ivoire… Le meilleur dans les circonstances, le " Pas Pire" comme on le dirait au Québec. Peut-être que l’antidote aux dérapages reste aussi cette situation particulière qui place la Côte d’ivoire encore sous la résolution 1479 du Conseil de sécurité de l’ONU créant la MINUCI (Mission des Nations unies pour la Côte d’Ivoire) ainsi que la présence de nombreuses personnalités internationales, des gens de grandes factures, en ces moments particuliers dans le pays…

Enfin, accrochons-nous à tout pour espérer le mieux, le "Pas Pire!" pour la Côte d’Ivoire. Barack Obama, et surtout le représentant de l’ONU en Côte d`Ivoire, Youn-jin Choi, nous y aide par ailleurs dans sa dernière sortie avant les jouxtes électorales. Pratiquement, à la face du monde Youn-jin Choi s’est engagé jeudi à " Sauvegarder le verdict des urnes" à l`issue de la présidentielle "historique" de dimanche, et surtout pour lui : "Il ne fait aucun doute que toutes les parties et tous les candidats vont accepter le résultat proclamé et certifié". "Proclamé et Certifié" sont donc les mots de passe de ces élections. Il est sur que les proclamations, nous en aurons. Pour la certification, la vraie, M. Choi semble nous donner l’assurance en disant que "Pour ma part, je prendrai toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder le verdict des urnes, conformément au mandat de certification que m’a confié le Conseil de sécurité".

Et voilà! En réalité, la Côte d’Ivoire nous inquiète, et elle a de quoi inquiéter ces dernières heures et au vue des enjeux, des comportements et des moyens latéraux. En parlant de cette Côte d’Ivoire incertaine, peut-être que nous repousseront l’inquiétude aux calandres grecques, la conjurant loin, l’éliminer complètement… Pourquoi pas! Vivement que la vérité des urnes soit préservée autant que la Côte d’Ivoire elle-même.



Silence


Rédigé par psa le 29/10/2010 à 00:00



Nommé numéro deux du gouvernement espagnol pour aider le premier ministre à sortir de la spirale négative des mauvaises nouvelles, Alfredo Pérez Rubalcaba est aussi redouté qu’admiré. C’est le nouvel homme fort de Madrid : le va-tout de José Luis Zapatero, le vrai magicien dont il faut retenir le nom.


Alfredo Pérez Rubalcaba
Alfredo Pérez Rubalcaba

«On peut parfaitement sauver deux balles de match et gagner finalement la partie.» Telle fut la réponse d’Alfredo Pérez Rubalcaba, lundi, lorsqu’on l’interrogeait sur les chances du gouvernement Zapatero de rattraper son retard sur la droite d’ici aux législatives générales de 2012. Ce qui dénote chez ce passionné de sport, ancien champion universitaire du 100 mètres, la ferme volonté de remonter la pente et de réconcilier le pouvoir socialiste avec l’opinion, en dépit d’une crise de confiance qui ne cesse d’empirer. Plus encore que l’atout maître de Zapatero, Rubalcaba, 59 ans, est son va-tout, celui qui est appelé à «sauver» un deuxième mandat catastrophique au cours duquel les socialistes ont dû imposer une cure d’austérité très impopulaire, et se sont aliénés aussi bien les syndicats que les partis de gauche. A l’issue du remaniement ministériel orchestré la semaine dernière, Alfredo Pérez Rubalcaba cumule désormais trois casquettes: ministre de l’Intérieur, sa fonction depuis 2008, «numéro 2» et porte-parole de l’exécutif. Autrement dit, le nouvel homme fort du gouvernement espagnol. Il a d’ailleurs commencé tambour battant, présent sur tous les fronts: depuis lundi, son hyperactivité l’a conduit à s’exprimer sur les dossiers brûlants, le ralentissement économique, la réforme du marché du travail, les «nécessaires économies d’énergie», l’immigration («l’Europe ne peut s’ériger en forteresse»), ou encore la lutte contre l’échec scolaire.

Voyant sombrer Zapatero, au plus bas dans les sondages, la droite se frottait les mains… jusqu’à l’irruption au sommet de Rubalcaba, personnalité aussi redoutée qu’admirée. Avec lui, craignent les dirigeants du Parti populaire (PP), il n’est pas impossible que les socialistes se refassent une santé. «L’ascension météorique de Rubalcaba», titrait lundi dans un éditorial El Mundo, qui ne porte pourtant pas le personnage dans son cœur. D’après ce journal, 53% des électeurs socialistes souhaitent qu’il succède à Zapatero en 2012, contre seulement 19% l’an dernier. L’expression plutôt terne, le crâne dégarni, une allure de technocrate, l’intéressé brille moins par son physique que par ses qualités intellectuelles. Chimiste de formation, issu de Cantabrie (nord de l’Espagne), cet homme marié s’est sorti avec brio de toutes les missions que lui a confiées José Luis Zapatero depuis son arrivée au pouvoir en 2004. Rubalcaba fut tour à tour désigné comme interlocuteur avec le PP pour réformer la justice, négociateur de l’ombre avec ETA pour obtenir un cessez-le-feu (qui fut dynamité par les terroristes basques fin 2006), ou en tant que porte-parole parlementaire. Il s’est bâti une réputation de moine soldat de la politique (à pied d’œuvre entre 8h et 22h, avec une courte pause déjeuner), qui n’accorde que très peu de temps à ses hobbys: les rencontres du Real Madrid, dont il est un fervent supporter, les retransmissions télévisées d’athlétisme et la lecture de romans policiers.

Discret, rusé et méticuleux, Alfredo Pérez Rubalcaba est un survivant de la politique. Entré au Parti socialiste en 1974, il s’est rendu indispensable dans plusieurs gouvernements, notamment celui de Felipe Gonzalez entre 1993 et 1996. A cette époque, le scandale des GAL (des groupes antiterroristes à la solde de l’État qui éliminèrent des indépendantistes basques) fait «tomber» nombre de dirigeants socialistes. Mais lui sait se protéger. «Il a un grand talent de stratège, un don pour l’intrigue et il excelle dans l’art du complot», le dépeint férocement Pedro Ramirez, directeur d’El Mundo. Dans la presse conservatrice, on l’a surnommé le «Fouché de Zapatero», en référence à l’implacable ministre de la Police de Napoléon. Au sommet de sa gloire, on disait de ce «superflic» qu’il avait davantage de pouvoir que Napoléon lui-même. Il se dit aujourd’hui la même chose de celui qui cumule les fonctions de ministre de l’Intérieur, de «numéro 2» et de porte-parole du gouvernement. L’habile Rubalcaba se dit être «un simple lieutenant, au service du chef». Reste que ce brillant tacticien affronte un avenir orageux: les socialistes sont donnés grands perdants pour les législatives de Catalogne, fin novembre, et pour les élections locales de mai 2011. Quant aux experts du FMI, ils prédisent une aggravation du chômage (actuellement à 20%) et une récupération plus lente que dans le reste de l’Union européenne. Va-tout de Zapatero, Rubalcaba devra convaincre si, comme on le chuchote en coulisses, il souhaite être le candidat socialiste en 2012. //// François Musseau


Silence


Rédigé par psa le 27/10/2010 à 01:11
Tags : Espagne Rubalcaba Zapatero Notez



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