Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Dans une autre vie pas trop lointaine, Joe Biden lui-même était un gaffeur patenté. Il a trouvé chaussures à ses pieds en Israël. Dans ce pays, une commission vient d’être créée pour mesurer l’étendue de la gaffe diplomatique du siècle à l’encontre de Joe l’ancien gaffeur lui-même. Personne ne rigole toutefois. Les incendiaires sont de retour. Et depuis quelques jours, le Proche-Orient semble à nouveau au bord de l’implosion. Étant donné le pourrissement de la situation sur le terrain, ce ne devrait pas être une surprise. Mais nombre d’observateurs veulent croire que l’heure de vérité approche: le pouvoir israélien pourrait chanceler et tous les ingrédients d’une troisième Intifada sont réunis.


Remi Chapeaublanc, L'Après... gaffe.
Remi Chapeaublanc, L'Après... gaffe.
Côté israélien, les incendiaires sont l’extrême droite, laïque ou religieuse, à laquelle Benyamin Netanyahou a choisi de lier son destin politique pour gouverner. C’est ainsi qu’un ministre du Shas – parti ultra-orthodoxe – vient de créer très volontairement une crise diplomatique majeure avec les États-Unis en annonçant la construction de 1600 logements réservés aux Juifs à Jérusalem-Est alors que le vice-président américain, Joe Biden, venait peaufiner les derniers détails pour la reprise des négociations de paix israélo-palestiniennes. Cette humiliation infligée par Israël à son plus sûr allié a provoqué une brusque réaction de la Maison-Blanche qui a saisi cette opportunité pour poser une sorte d’ultimatum: l’émissaire George Mitchell ne reprendra le chemin de Tel-Aviv qu’en échange de la garantie d’un gel de toute nouvelle colonie dans les territoires occupés ainsi que la formulation d’un plan de paix qui inclue la question de Jérusalem-Est. Benyamin Netanyahou a-t-il fait une erreur de calcul en pariant sur le fait que Barack Obama serait trop affaibli sur le plan intérieur pour se permettre un bras de fer avec Israël? Ce qui est sûr, c’est que dans l’entourage du président américain certains conseillers verraient bien désormais un changement de gouvernement israélien. La crise est réelle. Et puis il y a les incendiaires du côté palestinien qui n’allaient pas rater une telle occasion pour rallumer le feu. Les islamistes du Hamas ont ainsi appelé mardi à une nouvelle Intifada au prétexte de l’inauguration la veille d’une synagogue dans le quartier juif de la vieille ville de Jérusalem. Bien mieux que le Fatah laïc, le parti religieux a su mobiliser des milliers de manifestants frustrés par la poursuite de la colonisation israélienne pour envahir les rues de Jérusalem-Est et de Gaza.
Comme souvent dans pareil cas, les incendiaires des deux camps sont des alliés objectifs. Ici, il s’agit de saboter toute solution de paix basée sur deux États. Mais l’espoir surgit parfois de telle crise. En l’occurrence, celle-ci pourrait enfin forcer le seul arbitre possible de ce conflit, Washington, à s’impliquer pour imposer une paix dont les contours sont connus./////////Frédéric Koller


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 17/03/2010 à 03:03
Tags : Biden Israël Obama Palestine Notez



Nous aime-t-on encore? C’est la question que pose Jean-Jacques Roth face aux récentes mésaventures de la Suisse. Cette question est constitutive d’une posture particulière à la Suisse, que l’ethnologue Pierre Centlivres explique ainsi: parce qu’il souffre d’un «déficit de substance identitaire commune» (les langues, le fédéralisme, etc.), ce pays a plus que d’autres besoin du regard extérieur pour se sentir exister. Qu’en est-il du Togo où les résultats des dernières présidentielles portent toujours à confusion? Au Togo, la banalité réside dans la nécessaire démocratie au piège de laquelle le parti au pouvoir, le RPT, est pris en croyant prendre l’opposition. Un regard intérieur s’impose chez les acteurs togolais : dans un élan de pacifisme, convoquer au plus tôt la démocratie serait le mieux.


Inattendue crise de banalité
Inattendue crise de banalité
La nécessité démocratique vient de s’imposer au Togo. Par deux banales manifestations le même jour, l’une organisée par l’opposition togolaise et son parti majoritaire, l’UFC de Jean-Pierre Fabre, et l’autre par les troupes du RPT présidentiel de Faure Gnassingbé, un cap vient d’être franchi. Toujours redoutées, les manifestations de l’UFC viennent de prouver qu’elles peuvent et doivent rester pacifiques, même si les deux manifestations antagonistes s’étaient croisées dans les rues de la capitale, Lomé. Ce pari gagné, il deviendra difficile aux autorités togolaises d’interdire ces protestations de l’opposition à l’avenir, sans des raisons solides. Dans le camp de Faure, les faucons ont manifestement laissé la place aux colombes cette fois-ci. Que ces manifestations populaires se tiennent les samedis ou un autre jour de semaine, elles finiront par exposer durablement les faiblesses de Faure, particulièrement les points litigieux du processus ayant mené autant à son élection en 2005 qu’à sa réélection actuelle. Les manifestations du mois d’avril –autour des Fêtes de Pâques et des cinquante ans du Togo, seront particulièrement expressives et dérangeantes. Le pouvoir aura beau exploité les dissidences, les dissonances et les cacophonies de l’UFC –dont celles de Gilchrist Olympio lui-même, que le camp RPT et son président Faure n’ébranleront que faiblement la détermination en face d’eux. Jean-Pierre Fabre n’est pas Gilchrist Olympio. Contrairement à Gilchrist Olympio, Fabre ne reprendra pas prochainement la route pour Accra ou Paris pour toutes sortes de raison; lui, il restera sur le terrain de la contestation quasi quotidienne et ceci change énormément le jeu politique au Togo. De plus, la mise à l’écart de Gilchrist Olympio permet à l’UFC de bénéficier d’une large coalition arc-en-ciel, allant de Dahuku Péré à Agbéyomé Kodjo en passant par Aimé Gogué, Kofi Yamgnane et autres. On ne dort pas tranquille avec une telle coalition sous le dos : Faure se doit donc de surveiller ses arrières. La banalisation dont le RPT a toujours fait montre face à l’opposition togolaise pénètre dans une crise profonde qui risque de modifier, en profondeur, la stratégie politique de Faure. On a prêté à Faure, l’idée de vouloir se débarrasser du parti de son père, le RPT. Un tel affranchissement serait dans sa stratégie postélectorale, afin de ratisser large dans le paysage politique togolais. Il va devoir faire attention pour ne pas se fragiliser ou retarder carrément cette initiative qui devrait l'aider à répondre aux questions: "À quand ma crédibilité?", "M'aimera-t-on un jour pour moi-même?" lui qui un jour avait déclaré, parlant de son père, "lui c'est lui, moi c'est moi". Crise d'identité, crise de banalité. Toujours est-il que la nouvelle configuration de l’opposition togolaise et le gain des manifestations obtenu par cette nouvelle garde de l’UFC et ses alliés changent totalement la donne, et sort le jeu politique de la banalité habituelle. Il y a désormais une crise de banalité d'une nouvelle génération au Togo; c’est la plus difficile, incertaine et inattendue des crises.

Horizon


Rédigé par psa le 14/03/2010 à 22:22



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