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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Après un demi-siècle de lutte politique, le prochain président, réputé incorruptible, entend démocratiser son pays et promet un gouvernement d’union nationale. Les défis sont immenses, il hérite d’une Guinée en ruine. De l’avis de ceux qui l’ont fréquenté, un mot dépeint l’homme mieux que tout autre: «Engagement.» Au terme d’une élection certes chaotique mais incontestablement démocratique pour la première fois de l’histoire du pays, Alpha Condé, 72 ans, prendra prochainement les rênes de la Guinée-Conakry. Annoncé par la commission électorale la semaine passée, son avènement à la présidence de ce pays peuplé de 10 millions d’habitants doit encore être proclamé, dans les jours à venir, par la Cour suprême guinéenne.


Alpha Condé, Petit-Mandela et Engagé


Cette victoire, remportée le 7 novembre dernier avec 52,5% des voix contre 47,5% à Cellou Dalein Diallo est l’aboutissement d’un demi-siècle de combat obstiné, d’abord contre le «Père» de l’indépendance viré despote, Sékou Touré, puis contre son successeur, l’autocrate corrompu Lansana Conté. Cinq décennies semées d’épreuves: Alpha Condé a connu l’exil, vécu pour large part en France des années 1960 au début des années 1990; il a été condamné à mort par contumace en 1970 par Sekou Touré; et il a enduré la prison deux ans et demi sous Lansana Conté.

Musulman pratiquant, à l’hygiène de vie réputée irréprochable, le futur président guinéen «a un très fort tempérament, il a toujours été sûr de son destin et su ou il allait. Il était convaincu qu’un jour ou l’autre, les urnes le porterait au pouvoir», relate le juriste Albert Bourgi, fin connaisseur de la politique africaine et ami d’Alpha Condé. Mais sa quête n’a jamais été «le pouvoir pour le pouvoir», ajoute Jean Bothorel, auteur d’un récent livre d’entretiens avec Alpha Condé (Un Africain engagé, Éditions Jean Picollec). Un Africain, qui est tout sauf «complexé», souligne l’écrivain. Bachelier en France, au crépuscule des années 1950, diplômé d’économie, de droit et de sociologie, Alpha Condé a enseigné à la Sorbonne. «Ce «petit Mandela» possède un bagage intellectuel que partagent peu de ses compatriotes, i[poursuit Jean Bothorel. Ce qui lui confère un certain orgueil et de l’autorité. Il parle de lui comme du professeur Alpha Condé, à la troisième personne]i.»

Fier d’un parcours tout entier voué à la politique, ce panafricaniste qui fut autrefois pénétré de marxisme n’en nourrit pas moins une «volonté sincère de démocratiser la Guinée», affirme Jean Bothorel. «i[Je n’aime pas ce regard que l’on porte sur l’Afrique qui mêle insidieusement paternalisme, mépris et ignorance […]. C’est ma conviction. La Guinée peut demain accéder à la démocratie si ses dirigeants ont la volonté d’en appliquer les règles]i», assène Alpha Condé, dans son livre d’entretiens. Pour s’être refusé à la moindre compromission, et n’avoir jamais cédé à la tentation de rallier un gouvernement d’alliance, il est perçu comme un incorruptible dans un pays rongé de longue date par ses élites parasites.

«Il hérite d’une Guinée en ruine, alors qu’elle pourrait être l’un des pays les plus riche d’Afrique, lâche Albert Bourgi. Elle a été laissée en jachère par une armée de prédateurs. En Guinée, tout est à faire.» Sa devise tiendra en trois mots: «volonté, imagination et dignité», affirme lui-même Alpha Condé. Très bien introduit dans les milieux internationaux, il «ne fait pas un rêve éveillé, assure Jean Bothorel. Il a une vision saine et pragmatique» de la manière dont il entend relever les défis.

Procéder par étapes d’abord. Soit, à très court terme, œuvrer à l’amélioration des conditions de vie de la plupart des Guinéens, qui livrent chaque jour bataille pour leur survie. Il lui faut aussi réformer l’armée et les administrations clés (budget, santé, éducation et justice), remettre de l’ordre dans le secteur névralgique des mines, puis promouvoir une politique de développement agricole. Pour s’atteler à la tâche, Alpha Condé s’est engagé à mettre sur pied un gouvernement d’union nationale. La semaine passée, il appelait le candidat défait à la «concorde». «Il n’y arrivera pas sans un appui populaire le plus large possible», affirme Albert Bourgi.

Pour l’heure, Cellou Dalein Diallo a rejeté cette main tendue. Il accuse Alpha Condé d’avoir «provoqué» les violences ethniques qui auraient coûté une dizaine de vies la semaine passée. C’est peut-être l’ombre la plus noire au tableau: issu de l’ethnie malinké, alors que son opposant est Peul, Alpha Condé n’a pas hésité à tirer sur la corde ethnique durant la campagne. «C’était la première vraie campagne en Guinée, elle a été longue et il y a eu des dérapages, i[admet Albert Bourgi. Mais Alpha Condé n’instaurera jamais un pouvoir ethniciste. Ce serait contraire à son engagement]i.»/////////Angélique Mounier-Kuhn



Secteur minier: Un potentiel considérable

Le président élu, Alpha Condé, promet de réformer le secteur, en qui il voit «le poumon de l’économie guinéenne». Jusque-là, le peuple guinéen n’en a jamais tiré profit.

Certains ont parlé du «coffre-fort guinéen», beaucoup ont dénoncé un «scandale géologique». Ce dernier tient à un paradoxe. Les sous-sols de la Guinée recèlent en quantité astronomique deux minerais clés: le fer, nécessaire à la production d’acier, et plus encore la bauxite, produit de base pour l’industrie de l’aluminium – deux tiers des réserves mondiales en comptant les tonnes prouvées et probables.

Le pays est aussi généreusement pourvu en diamants, en uranium, vraisemblablement en cuivre, en cobalt, ainsi qu’en gaz et en pétrole. Malgré cette diversité inouïe, la Guinée persiste en queue du classement de l’indice de développement humain (IDH) des Nations unies (156e rang sur 169 en 2010). Sous le règne interminable de Lansana Conté (1984-2008), les conditions de vie de ses 10 millions d’habitants se sont même détériorées, alors que la contribution du secteur minier aux recettes budgétaires s’effondrait de 73,7% en 1986, à 18,3% en 2004, selon le FMI. Dans son livre d’entretiens avec Jean Bothorel, le président élu, Alpha Condé, dresse lui-même un constat effarant: «i[La proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est passée de 49% en 2002 à 55% […]. En dix ans, l’immense majorité des Guinéens est passée de deux à un repas par jour, si ce n’est à un repas tous les deux jours]i!»

Alpha Condé a promis de réformer le secteur, ce «poumon de l’économie guinéenne». Déjà deuxième exportateur mondial de bauxite après l’Australie, le pays peut, s’il arrive à exporter ses réserves prouvées en fer, rivaliser avec le Brésil. «Tout le problème est de passer de l’état de potentiel à la réalisation, la création d’emploi et la redistribution», résume Michel Billard de la Motte, conseiller en économie minière.

Les défis à relever sont colossaux, à commencer par le déficit en infrastructures. Tout manque: routes, rails, ports en eaux profondes pour accueillir les navires d’exportation. L’énergie aussi fait défaut, en dépit d’un potentiel hydroélectrique très prometteur. «Le deuxième problème est l’absence d’interlocuteur unique au niveau de l’État pour les groupes miniers», poursuit le spécialiste. L’instabilité politique, et les doutes corollaires qu’elle engendrait sur la pérennité des contrats, constituait jusque-là un troisième obstacle. Si Alpha Condé parvient à lever cette hypothèque, ce sont 25 milliards de dollars de contrats déjà signés mais en suspens qui pourraient être exécutés, assure Michel Billard de la Motte.




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Rédigé par psa le 24/11/2010 à 08:08



En parlant simplement de l’Afrique et de sa diaspora, l’on ne peut nier le rôle important que les Africains de l’extérieur jouent dans le développement du continent. D’ailleurs les pays africains les plus performants de l’indice d’Ibrahim Mo cette année, indicateur de bonne gouvernance exclusif à l’Afrique, ces pays sont ceux qui possèdent une diaspora reconnue et intégrée : Maurice, Cap vert, Ghana, etc. On le sait, ce lien viscéral existe entre les gens et leur pays, entre deux êtres éloignés, entre deux particules aussi même dans le monde microscopique. C’est ce lien qui subsiste malgré la distance que l’on nomme l’intrication que l’université de Genève célèbre à partir cette semaine. Il y a de quoi! Même les hésitations d’Albert Einstein n’ont pas effacé cette réalité de l’intrication. En effet, la mécanique quantique est à l’honneur du 14e Colloque Wright qui se tient à l’Université de Genève du 15 au 19 novembre. Développée au début du XXe siècle, cette théorie physique qui décrit le monde microscopique des particules a fait entrer des concepts révolutionnaires dans la description de l’Univers. Si révolutionnaires qu’ils ont même troublé Albert Einstein lui-même.


Bohr et Einstein
Bohr et Einstein


Alain Aspect est l’un des orateurs du Colloque Wright 2010 à Genève, qui traitera de la physique quantique. En 1982, le physicien français a fait entrer l’intrication quantique, phénomène bizarre lié aux particules, dans le monde réel. Entretien de Anton Vos, pour Le Temps, avec l’un des intervenants du colloque, Alain Aspect, directeur de recherche CNRS et professeur à l’Institut d’optique et à l’École polytechnique en France.



En 1982, vous publiez une expérience qui met fin à une ancienne controverse entre les physiciens Albert Einstein et Niels Bohr. En d’autres termes, vous démontrez que le phénomène d’«intrication» prévu par la mécanique quantique est une réalité. De quoi s’agit-il?
Alain Aspect : Le concept d’intrication a été introduit par Einstein en 1935. Mais ce n’est qu’après les travaux du physicien nord-irlandais John Bell, en 1964-1965, que l’on a compris le caractère révolutionnaire de cette notion. L’intrication est caractérisée par la «non-localité». Deux objets intriqués (telles des particules de lumière, ou photons), aussi éloignés soient-ils, semblent pourtant toujours constituer un tout inséparable. Si l’on fait quelque chose au premier, cela affecte instantanément le second, même s’il se trouve à des kilomètres de là! Contrairement à Bohr, Einstein ne voulait pas remettre en cause la notion de localité, à savoir que deux objets éloignés dans l’espace-temps sont indépendants l’un de l’autre. L’intrication, qui ne répond pas à sa vision du monde, lui paraissait incompréhensible.


Vous avez donc démontré que cette bizarrerie n’existe pas seulement sur le papier, mais aussi dans le monde réel?
Quelques expériences ont eu lieu avant mais les résultats n’étaient pas concluants. Celles que nous avons réalisées avec des photons éloignés d’une douzaine de mètres ont marqué un saut tant par la précision des résultats que par le fait qu’elles étaient très proches de l’expérience idéale dont parlaient les théoriciens. Dans ce sens, on peut dire que nos travaux ont été les premiers à démontrer de manière irréfutable la réalité de la non-localité.

Vous donnez donc tort à Einstein, ce qui n’est pas fréquent…
On peut présenter les choses ainsi. Je préfère insister sur le fait que c’est lui qui a mis le doigt sur le caractère révolutionnaire du concept d’intrication.


Au cours de votre conférence de jeudi, vous allez évoquer l’ordinateur quantique. Un tel appareil existera-t-il un jour?
Personne ne peut répondre à la question, mais c’est un sujet qui fascine de nombreux physiciens. L’idée est la suivante. Contrairement au bit informatique classique, qui vaut 1 ou 0, un «qubit» (un bit quantique, par exemple la polarisation d’une particule de lumière, ou photon) peut prendre à la fois la valeur de 1 et de 0! Si l’on intrique deux qubits, nous avons quatre états de base possibles existant en même temps. Avec trois, nous en obtenons 8 et ainsi de suite. Donc si nous disposons de 10 qubits intriqués et que nous réalisons une opération élémentaire sur eux, ce sont en réalité 1024 (soit 2 à la puissance 10) paramètres qui changent en même temps. L’idée de l’ordinateur quantique, c’est donc celle du parallélisme massif. Cela dit, on parvient aujourd’hui à intriquer au maximum neuf ou dix qubits. Il en faudrait beaucoup plus, notamment pour compenser les erreurs inévitables. On est loin du compte.


À quoi servirait un ordinateur quantique?
Certains chercheurs imaginent déjà des algorithmes (des logiciels) qui fonctionneraient sur de telles machines. Le plus connu, celui de Peter Shor, permettrait de factoriser les très grands nombres. Le fait que cette opération soit très lente avec les ordinateurs classiques garantit la sécurité des codes de cryptage actuels sur Internet. Un ordinateur quantique les rendrait caduques. Remarquez qu’il existe déjà la parade: la cryptographie quantique, elle aussi basée sur l’intrication.


Vous travaillez actuellement sur le condensat Bose-Einstein. De quoi s’agit-il cette fois?
Lorsqu’en laboratoire on maîtrise avec précision les paramètres d’une particule, on ne la décrit plus comme étant un point placé à un endroit précis et doté d’une certaine vitesse, mais on lui associe une fonction d’onde quantique: la particule devient une onde. Et dans un condensat de Bose-Einstein (CBE), toutes les particules sont décrites par la même fonction d’onde. Cette dernière, qui n’existe a priori que dans le monde microscopique, devient macroscopique car les chercheurs parviennent à placer des millions, voire des milliards d’atomes dans un condensat. Pour cela, il faut réduire les mouvements de ces atomes au minimum, ce qui revient à ramener leur température proche du zéro absolu (–273,15° C). Résultat: les atomes d’un CBE sont tous cohérents, exactement comme le sont les photons d’un rayon laser, possédant tous la même longueur d’onde, la même direction, la même polarisation, etc.


À quoi pourraient servir ces atomes ultrafroids?
On parvient déjà à fabriquer des interféromètres qui fonctionnent avec des atomes ultrafroids et non avec de la lumière. Ces appareils sont très sensibles à tout changement de mouvement (accélération ou rotation) et pourraient servir à la navigation des avions par exemple. Ils seraient beaucoup plus précis que les dispositifs actuels. Ils pourraient également servir à la mesure des variations du champ de pesanteur terrestre et examiner ainsi le sous-sol, trouver du pétrole, des aquifères, des minerais, etc.






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Rédigé par psa le 15/11/2010 à 09:00



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