Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Éloge à Léhady
L’université formalise généralement nos savoirs; bien souvent des savoirs dont les germes nous sont inoculés par une éducation de base, celle de notre milieu. J’ai beau me retenir, la démonstration quasi quotidienne du métier politique dont fait preuve notre ami Léhady devient hors norme et acte de géant.

Assez grand, Léhady l’est déjà par la taille, plus grand il ne cesse de le devenir par son audace politique. La dernière fois qu’on déambulait ensemble, l’un à côté de l’autre, c’était lorsqu’il me raccompagnait et que nous prenions le temps de bien conclure une conversation, c’était bien longtemps déjà, puisque c’était au Palais de la Marina, la Présidence béninoise. Depuis, quelques échanges de mots font vivre notre amitié.

J’ai beau me retenir, je ne peux ne pas fondre devant la compétence politique, la compétence tout court, et le faire savoir. Et Léhady, Léhady que j’aie depuis oublié d’appeler Léhady Soglo –puisque c’est bien de lui dont il s’agit, mérite mon admiration… notre admiration, je veux dire.

Bien longtemps, comme certains, j’ai aussi lu le livre « Tout ce qu’on ne vous apprend pas à Harvard » ou un titre de ce genre qui était incontournable à cette époque d’effervescence du MBA, surtout lorsque vous êtes accueilli avec solennité et humilité… ailleurs, pas à Harvard. Léhady a fait Harvard et son MPA (Master in Public Administration) ou je ne sais plus… son MPP (Master in Public Policy). Léhady n’a pas appris à Harvard, sur les bords de Charles River, qu’il lui faut rencontrer les vénérables Mathieu Kérékou et Émile Derlin Zinsou, après son élection lui Léhady comme jeune président de Renaissance du Bénin. Léhady n’a pas appris à Boston –précisément à Cambridge, MA qu’il était urgent de réunir l’opposition béninoise pour le bien de son pays. Léhady n’a pas appris à Montréal ou ailleurs dans une de ces Temples du savoir, la force du pardon au point d’organiser une réconciliation entre Adrien Houngbédji et Nicéphore Soglo, prélude historique à la mutation politique en cours dans l’opposition au Bénin.

En réalité, ces choses s’enseignent dans ces grandes institutions universitaires: l’écoute et l’analyse de l’environnement, l’audace de l’action, la particularisation différentielle et positive de l’action, l’éthique en tant que acte du bien dans l’action, etc. Mais tout de même… certains l’oublient vite, une fois sortis de ces temples, de ces Ndzimba. C’est donc ce Léhady nourrit aussi à la sagesse et aux sciences africaines avant que d'autres sciences complémentaires ne peaufinent son essence qui a mis fin véritablement aux récriminations entre son père Nicéphore Soglo et Adrien Houngbédji; un préalable qui a favorisé la naissance du Mouvement politique unitaire de l’Union fait la Nation (UN). L’histoire politique du Bénin ne peut pas oublier une telle œuvre. Je le vois encore hochant de la tête, en guise d'acceptation, les paroles de bénédiction prononçées par sa mère, publiquement dans La Cité des Rois cette fin de semaine. Cette fin de semaine même, Adrien Houngbédji également a sacralisé publiquement notre Léhady, en plus de réitérer son « Pardon », son « Grand Pardon » tout aussi publiquement, à Abomey, à ce congrès de la RB qui a porté Léhady à sa tête. Personne ne s’y attendait, personne ne lui avait demandé, et pour Adrien Houngbédji, et pour Léhady Soglo, leur humilité diversement exprimée.

De tels actes ne peuvent que susciter admiration : ils sont vrais, nobles et ils suscitent un large consensus. Nous sommes bien en 2010, et déjà, de partout, Léhady est vu comme le candidat présidentiel en 2016 dans l’euphorie générale, après celle, commune à l’UN, déjà concédée à Me Adrien Houngbédji. 2015-2016, une éternité en politique…

L’idée est de Paul Ricœur, et je vais tenter de la restituer de mémoire et sans doute maladroitement : notre tendance à faire des erreurs, à faire même du mal, ne doit pas nous empêcher de choisir le bien, de mettre en valeur notre capacité à faire du bien. Choisir de faire la suprême bonne chose, aussi difficile voire périlleuse que cela puisse paraître, demeure un choix rentable, fortement rentable en politique. En toute circonstance, la bonne action est un généreux et fructueux investissement. Avec respect et sans tromperie, la bonne action politique procure résultat et bénédiction. Il suscite forte admiration, mais une admiration fondée sur des résultats, des faits, des actes. Léhady n’a pas volé l’adoubement dont il jouit aujourd’hui, surtout lorsque l’on connait certaines des colères et réputations… de sa mère par exemple, la maman Rosine au caractère bien trempée.

Léhady mérite d’autant plus notre profonde admiration qu’il a su transformer toutes les entraves, réelles et supposées, en autant de passerelles et d’opportunités politiques. C’est ce qu’on appelle avoir du métier politique, choisir le bien politique; ce qui est sans âge ni territoire, il peut bien se faire autant au Bénin qu’au Togo, chacun dans son rôle, dans l’opposition comme dans l’exercice du pouvoir. Je continue sur ma digression togolaise…

Rien, absolument rien au Togo n’empêche Faure Gnassingbé d’être un président autre que celui qu’il est aujourd’hui, en assumant si peu le Togo, en ne transcendant pas le lourd héritage de son père, en établissant pas sa propre réputation, en ne fécondant pas le Togo autrement…
Rien, absolument rien n’empêche l’opposition togolaise d’être plus unie, efficace et professionnelle que le peu de métier dont elle fait montre encore et toujours aujourd’hui. À cette opposition surtout, je suggère la lecture de l’interview accordée par Léhady à la Nouvelle expression en décembre 2009, il y a à peine un an; un véritable plan d’action pour l’opposition togolaise…

Trop souvent, les regards portent loin vers Mandela… avec raison. Mais à côté du Togo, à cinquante ans d’âge, notre ami Léhady façonne admirablement le paysage politique du Bénin avec éthique. Il a comprit : nul ne doit plus s’aventurer en politique sans maitrise de l’éthique politique à partir de sa position propre, pas celle des autres.

Alors que l’on patauge dans les hésitations et les togolaiseries politiques, d’autres osent et innovent, intègrent et agrègent, densifient et massifient; ils osent, intègrent et densifient car ils savent qu’après leur Conférence nationale le défi constant demeure et demeurera l’innovation, l’agrégation et la massification des talents politiques. C’est ce que Léhady aide à faire dans l’opposition béninoise, avec un leadership médiateur unique et admirable, un leadership africain modernisé et mémorable.

Bravo Léhady!



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Rédigé par psa le 24/09/2010 à 06:01



Jacques Leinne, Lecture
Jacques Leinne, Lecture
«Face à une récession mondiale qui continue de peser sur l’emploi, l’éducation constitue un investissement essentiel pour répondre à des évolutions technologiques et démographiques qui redessinent le marché du travail», a déclaré mardi le secrétaire de l’OCDE, Angel Gurria, en présentant le rapport 2010 Regards sur l’éducation.

Fort bien. Sauf que la même publication rappelle que dans la plupart des pays de l’OCDE, les enseignants sont toujours moins bien payés que d’autres professionnels à qualifications égales.
De plus, le hasard fait qu’en France, pays hôte de l’OCDE, le gouvernement a supprimé quelque 40 000 postes d’enseignants depuis 2008. Parallèlement, il annonçait l’ouverture d’«établissements de réinsertion scolaire» où des jeunes «perturbateurs» de 13 à 16 ans seront «fortement encadrés» au prix de 15 350 euros par élève et par an, trois fois plus que le coût d’un élève du premier degré.

Telle est la France de Nicolas Sarkozy à la rentrée 2010, un pays où le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, déclarait crânement au Monde, fin août: «Je trouve qu’on a trop parlé de l’échec de l’école plutôt que de celui de l’élève qui ne travaille pas assez.» Ces propos seraient plus crédibles s’ils ne masquaient l’affaiblissement progressif du système d’éducation nationale, qui connaît ces jours une grève suivie par 10 à 30% des enseignants selon les régions.

La tactique de l’affrontement est rarement payante pour faire évoluer l’école. Il faut s’assurer de la motivation de ceux qui sont au front, directeurs d’établissements et enseignants. Dans ce sens, l’expérience que Le Temps a réalisée la semaine dernière en s’immergeant dans un collège lausannois est plutôt rassurante: dans un quartier où le défi de l’immigration est plus marqué qu’ailleurs en Suisse romande, l’engagement des professionnels, leur créativité et l’encadrement parascolaire mis en place réalisent de petits miracles quotidiens.

On se gardera de généraliser ou de céder à une béate autosatisfaction à partir d’une observation ponctuelle. S’il y a néanmoins une leçon à en tirer, c’est que plus l’école agit en amont, plus la société voit augmenter les chances que tout le monde se retrouve gagnant à l’arrivée.///////////Jean-Claude Péclet


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Rédigé par psa le 17/09/2010 à 00:00



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