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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Il y a quatre ans, le président Abdoulaye Wade sermonnait pratiquement Faure Gnassingbé dans son ambition de succéder à son père de président décédé, Gnassingbé Eyadema. Aujourd’hui, le tout Sénégal observe les faits et gestes du même Abdoulaye Wade et en arrive au constat que celui-ci, à son tour, prépare bien son fils Karim Wade pour lui succéder. Le passage du témoin politique des pères aux fils, que ce soit réel ou potentiel, que ce soit au Togo, au Sénégal, au Gabon, en Guinée équatoriale ou ailleurs, ce geste à saveur monarchique dans des expériences nouvelles des très embryonnaires démocraties africaines soulèvent des questions. Je pense même à mon ami Léhady Soglo, actuellement porteur de l’ambition de continuité présidentielle de ses parents, Nicéphore et Rosine, aux côtés des siens propres ; ce qui semble gêner bien de Béninoises et de Béninois –lesquels ignorent de ce fait même les capacités intrinsèques à Léhady. Toujours est-il que le cas Karim Wade monte suffisamment aux nez des Sénégalais pour que notre ami Madior Fall s’y attarde si admirablement dans le texte suivant. Et surtout, en attendant que de grands juristes et éthiciens de la politique –à l’instar du professeur Maurice Glèlè-Ahanhanzo qui termine ces jours à Cotonou la conférence sur « Les défis de l’Alternance démocratique » en Afrique- n’en viennent à nous éclairer suffisamment sur toutes ces gymnastiques politico-constitutionnelles. Le cas Karim Wade fait assez de bruit pour que nous le sortions de l'ombre et l'écoutions dorénavant au pas de course de l'interessé lui-même; et c’est l’occasion…


Qu’est ce qui fait courrir Karim Wade?
Curieux Sénégal et ses Sénégalais. Tout et son contraire s’y déroulent sans que cela ne gène outre mesure, la population qui est certes, plus préoccupée les temps qui courent par un cours perturbé de la vie qui s’enchérit chaque jour d’avantage, sans que sa bourse puisse suivre, loin s’en faille. Elle s’émeut de moins en moins des turpitudes politiciennes. Tant pis donc si l’opposition « gazée » samedi 21 février à Dakar pour avoir manifesté aux côtés du Collectif René Sanchez pour la sauvegarde du stade Assane Diouf de Rebeuss a été sévèrement réprimée par les forces de l’ordre.
Venus apporter leur soutien, certains leaders de la Coalition Benno Siggil Senegaal ont été durement pris à partie par des policiers enragés, attachés à faire régner l’ordre républicain et les manifestants ont été dispersés à coup de gaz de lacrymogène. La Médina de renouer avec les heures chaudes de la contestation, une journée de week-end. Le regain d’activité de l’opposition ne semble cependant être motivé que par les élections locales du 22 mars prochain où elle entend démontrer l’impopularité du pouvoir en place en battant à plate couture sa coalition ou ses coalitions.
Elle accepte, étrangement, de participer aux élections locales, avec le même fichier qu’elle avait pourtant tant décrié aux législatives de 2007 au point de se priver d’Hémicycle. Elle n’a rien obtenu qu’elle n’avait pas en 2007, Cheikh Tidiane Sy, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur de le marteler, mais le risque de devoir en cas de non-participation à nouveau, se mouvoir en marge de la République et de ses institutions mêmes décentralisées, l’a certainement conduit à reconsidérer sa position boycotteuse.
Pendant ce temps, Me Wade et son camp déroulent. Quoi au juste ? L’idée, la mieux partagée au sein de la classe politique toutes obédiences confondues et de l’opinion, est que le président de la République, bien qu’il s’en défend, travaillerait à une dévolution à son « ingénieur financier » de fils, du pouvoir reçu par deux fois pourtant des Sénégalais par le biais des urnes. Le vieux accuse dit-on, le poids des ans et voudrait passer le témoin « à des mains sures et expertes… en économie parce que la situation actuelle exige une bonne connaissance des questions économiques et financières… » Ainsi tous ses faits et gestes sont lus à cette aune. Dernier acte en date d’un tel scénario : la présentation au Khalife général des Mourides, Serigne Bara Falilou Mbacké à la veille du Grand Magaal, de Karim par son père de président de la République qui a paru ainsi solliciter un « ndigueul » pour l’enfant, présenté ou perçu par ce fait, comme le successeur désigné, même s’il devra passer par les urnes du suffrage universel ? Le politologue Abdou Aziz Diop a relevé le silence du marabout à ce sujet.
Me Wade veut donc pour héritier au trône Sénégal, son fils. Rien de moins sur. Le président est un homme qui se définit lui-même comme nuancé, très nuancé peut-on même dire. Si certains parmi ceux qui se réclament de ses proches ou de sa cour renseignent à profusion sur ses intentions de faire la courte échelle à son conseiller spécial de fils, et de lui passer le témoin pas plus tard que cette année 2009 même (le mandat présidentiel de cinq ans, cette fois-ci, s’achève en 2012), d’autres par contre, se voulant prudents, avancent plutôt que le fils biologique comme les fils d’emprunt n’ont été et ne sont que des pions de la pérennisation de son pouvoir. Selon cette catégorie de « scrutateurs » des intentions présidentielles, il n’a nullement l’intention de « refiler » le pouvoir à qui que ce soit, fut-il son propre fils, mais plutôt d’en user autant que faire se peut. Autant qu’en permettront ses artères ?
Mais alors qu’est-ce qui fait courir Karim, même si jusqu’ici l’intéressé semble tout faire par procuration ? Il conseille son père de président. Préside encore au Conseil de surveillance de l’Agence nationale pour l’Organisation de la conférence islamique (Anoci), gère l’Etat entre deux avions, travaille à son propre bisness,-au fait lequel ?-, les Sénégalais aimeraient bien connaître la nature et la raison de ses affaires. Leur importance et ce que cela lui rapporte au point de lui permettre de voyager en jets privés et de s’ouvrir les portes de l’Elysée si ce n’est de partager la table avec quelques Emirs, quelques Cheikhs et rois du Golfe. Entre en politique, brigue la mairie de Dakar, intente des procès à la presse de son pays. Tout cela quasiment par procuration. Si son père est prolixe, certes de moins en moins depuis un certain temps, du moins avec la presse sénégalaise, lui est avare en parole. Il ne dit quasiment rien en public. On dit donc que c’est le pouvoir, tout le pouvoir qui fait courir le premier des « concrétistes ». On lui prête beaucoup, il réclame peu, mais comme le « cube Jumbo », il est dans toutes les sauces ces cinq ans, s’occupant de tout ou faisant semblant de s’occuper de tout.
Au point que l’Elysée semble en faire un interlocuteur privilégié aujourd’hui. La présidence française ne serait pas dit-on la seule à vouloir plus parler à Wade fils qu’à Wade-père, susurre-t-on du côté de l’avenue Léopold Sédar Senghor. En moins d’un an, il est reçu deux fois à l’Elysée par le maître des céans en personne. Rares sont les ministres du président Wade qui peuvent s’honorer d’une telle attention de la part du président français. On les compterait depuis 2007 sur les doigts d’une main s’il en existait même. Nicolas Lui, a adoubé Karim qu’il tutoie disent nos « impénitents » confrères de « Bakchich.info ».
La presse a rapporté la semaine dernière que M. Karim Wade a été reçu encore une fois par son « ami » Nicolas. A son arrivée comme la fois passée à l’Elysée, le président du Conseil de surveillance de l’Anoci, a été accueilli par Claude Guéant, le Secrétaire général de la Présidence française qui semble être son « sésame » à Paris avec l’appui de Robert Bourgi, l’autre frère de l’Ump, avocat de son état.
L’histoire ne dit pas si cette fois l’audience française du conseiller spécial du président Wade a été aussi longue que la dernière fois, toujours est-il que la visite projetée cette année au Sénégal du président français a été, dit-on au cœur de l’entretien ainsi que la situation économique internationale et nationale avec à la clé la dette intérieure qui a vu un concours important et intéressé de Paris. On a reparlé dit-on aussi de la fameuse centrale nucléaire civile qui impliquerait trois parties que sont la France, le Sénégal et des pays arabes amis. Tout comme des ambitions du fils qui sont de plus en plus bien comprises par l’Elysée qui, contrairement au Quai d’Orsay plus circonspect, plus réservé là-dessus, donnerait même l’impression de jouer le fils contre le père. Questions culturelles et de culture, réceptivité, question de génération ? Tout à la fois certainement. Le président Wade passe pour quelqu’un de difficile à convaincre. Trop docte, donneur de leçons, moins enclin à un langage diplomatique. Le président Sarkozy lui ressemble trop pour s’entendre avec lui, même si Me Wade revendique son amitié.
Toujours est-il qu’à Paris, au Quai surtout, on a vite fait de lire le retour de Idrissa Seck comme un moyen de contrer ce qui passe aux yeux de plusieurs observateurs comme une hâtive prise de pouvoir par la génération du concret. L’ex-édile libéral de Thiès, ex-Premier ministre, ex-n° 2 du Parti démocratique sénégalais (Pds), ex-jardinier des rêves du président est de retour au bercail et compte y rester, a-t-il même récemment souligné. On se souvient que bille en tête, il s’était dès sa première sortie publique attaqué aux tenants de la génération du concret. Ces derniers le lui ont rendu aussitôt et se sont débrouillés pour faire capoter les listes communes Rewmi-Pds, même si cela a créé des listes parallèles au sein de la majorité présidentielle, notamment au sein du Pds. Le parti lui, s’est abstenu ou a requis son droit de réserve. Me Wade quant à lui, joue lequel de ses fils contre l’autre ? Le départ de Macky Sall, l’ancien président de l’Assemblée nationale, l’ex-Premier ministre bosseur, le directeur de campagne gagnant, « chassé » dit-on par le fils biologique a ramené l’autre fils d’emprunt qui avait, il est vrai, occupé toutes les fonctions du « vidé » Macky Sall. Pour servir de bouclier ? //////

Madior FALL, Sud Quotidien


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Rédigé par psa le 24/02/2009 à 12:15
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Pour emprunter les mots de l’auteur du texte suivant, « C'est un président américain aux idées claires en matière de politique étrangère qui se présentera à Ottawa demain (ce jeudi 19 février 2009) pour une courte visite de travail de quelques heures. Un président qui a démontré qu'il s'agissait pour lui d'une véritable priorité.» Au canada, il semble bien que ce soit toujours le vide, le suspens et l’imprécision dans la politique internationnale et dans l’articulation d’une perspective diplomatique aussi distincte que possible aux yeux du monde... Laissons la journaliste Manon Cornellier le dire d’une si directe manière, alors que le Cnada accueille la première sortie officielle de notre ami Barack Obama. En vérité, une petite leçon sur l’état anonyme de la diplomatie canadienne...


Nobuyoshi Araki, Harakiri diplomatique ou la suspendue à nulle part
Nobuyoshi Araki, Harakiri diplomatique ou la suspendue à nulle part
À preuve, Barack Obama n'hésite pas à confier ce dossier à de gros canons. Il a choisi Hillary Clinton comme secrétaire d'État, une femme qu'un grand nombre d'Américains auraient choisie comme présidente. À la conférence sur la sécurité à Munich (où les conservateurs étaient représentés pour la première fois en la personne du ministre de la Défense, Peter MacKay, plutôt qu'en celle du ministre des Affaires étrangères), il a dépêché le vice-président Joe Biden pour transmettre son message de coopération aux pays présents. L'administration Obama a fait savoir à maintes reprises qu'elle ne s'en remettrait pas qu'à la force militaire. La diplomatie va reprendre ses droits, aux côtés des outils économiques, politiques, juridiques et culturels, de dire Hillary Clinton. La «puissance intelligente» (smart power) est le nouveau mot d'ordre. Mais la promesse d'une présence américaine plus dynamique dans les institutions multilatérales s'accompagne d'une condition. «L'Amérique en fera plus. Voilà la bonne nouvelle, a dit Joe Biden la semaine dernière. La mauvaise nouvelle, cependant, est que l'Amérique demandera à ses partenaires d'en faire davantage.» Que répondra le Canada? Impossible de le dire. Stephen Harper doit faire face au nouveau président sans bénéficier d'une politique étrangère clairement articulée. Il était d'ailleurs frappant, la semaine dernière, d'entendre à Ottawa les anciens premiers ministres Paul Martin et Joe Clark parler de politique étrangère avec profondeur et cohérence alors qu'on attend toujours l'équivalent de la part du gouvernement actuel. Au cours des trois dernières années, Stephen Harper a donné la priorité aux forces armées, qui avaient besoin d'être remises sur pied, mais il a tout misé sur elles. L'aide au développement a à peine augmenté et la diplomatie a été émasculée. Joe Clark l'a relevé. Selon ses calculs basés sur les budgets des dépenses du gouvernement fédéral, les Affaires étrangères ont vu leur budget baisser de près de 18 % entre 2007-08 et 2008-09. La Défense a eu droit à une hausse de 8,4 %. «Cela est simplement pervers au moment où la diplomatie devient plus importante que jamais», et la négliger aura un prix, a prédit l'ancien premier ministre. Selon lui, l'influence du Canada sur la scène internationale a toujours découlé avant tout de la qualité de son activité diplomatique et non pas de son poids militaire ou économique. L'absence de politique étrangère claire et la méfiance du gouvernement envers la diplomatie ont effectivement un prix: celui de ne pas être prêt à répondre aux questions et aux attentes américaines. Cela est particulièrement évident dans le dossier afghan. Dans une entrevue accordée à la CBC, Obama a dit qu'il était «absolument convaincu qu'on ne peut résoudre le problème de l'Afghanistan [...] avec seulement des moyens militaires». La diplomatie et l'aide au développement devront faire partie d'une stratégie d'ensemble dont, espère-t-il, M. Harper et lui conviendront de l'importance. (…) La meilleure façon pour le Canada d'éviter des pressions pour une nouvelle contribution militaire est de prendre les devants avec une proposition de son cru. Il doit démontrer qu'il peut aider l'Afghanistan autrement. Diplomatie et reconstruction (ce qui englobe la formation de la police, la justice, l'éducation, la santé) sont deux avenues, mais encore faut-il y avoir réfléchi et avoir un plan cohérent à suggérer. Et encore faut-il croire à la diplomatie. Stephen Harper a voulu garder le contrôle de la politique étrangère en nommant toujours des néophytes à la tête du ministère des Affaires étrangères. Des Peter MacKay, Maxime Bernier et Lawrence Cannon pour faire face aux Condoleezza Rice et Hillary Clinton... Seul David Emerson s'est un peu démarqué, mais pour si peu de temps. Le Canada a désarmé sa diplomatie et se retrouve aujourd'hui mal équipé pour offrir des solutions qui lui sont propres. Son image a pâli dans les cercles diplomatiques. L'ancien ministre Emerson avouait, dans une entrevue à la chaîne CanWest, s'être d'ailleurs fait demander où était passé le Canada. Un Canada effacé a moins d'influence quand il est question de changements climatiques, de réforme des institutions internationales, de relations avec les puissances émergentes, de crise au Moyen-Orient et ainsi de suite. Et par sa propre faute il risque maintenant d'être totalement éclipsé devant un gouvernement américain qui se veut activiste. ////// Manon Cornellier, Le Devoir

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Rédigé par psa le 18/02/2009 à 18:18
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