Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Quand je l’ai connu en septembre 2004, il était déjà un autre ou s’évertuait à l’être… Quelques amis qui ne l’aimaient pas avaient fini par me croire, car je voyais bien que cet homme changeait à vue d’œil et le Québec y était pour quelque chose, sa femme Isabelle aussi. De Monaco, Alain Juppé semble bien le confirmer. Et moi, je conseille cet Interview à Karim Wade, dans toute son intégralité... Lui aussi, Karim Wade, pourrait devenir un autre homme, même après sa retentissante humiliation de mars 2009. Et voici donc pourquoi : une preuve par Alain Juppé. « Juppé est un autre homme. La cassure s'est produite il y a cinq ans sous l'onde de choc de quelques mots assénés, le 30 janvier 2004, par un juge qui le condamne pour avoir « trompé la confiance du peuple français », lui, qui a passé sa vie à tenter de la conquérir. Les emplois occultes du RPR financés par la mairie de Paris le rendent inéligible. Il n'est plus droit dans ses bottes, vacille et rend tous ses tabliers, parlementaire, municipal, partisan. De retour de sa « cavale » au Canada, il écrit un bouquin où il se met à nu, reconnaît ses fautes sans oublier ses qualités, fait tomber le masque de l'arrogance pour révéler ses sentiments les plus intimes, comme la place vitale qu'occupe Isabelle, son épouse. Ce ne sont ni sa traversée (verte) du désert ni son altermondialisme mâtiné de libéralisme qui l'ont changé. C'est l'élan humain sans la distance hautaine, la sincérité sans la carapace, la fragilité sans les apparences. On croirait vraiment qu'Alain Juppé est devenu le meilleur d'entre nous... »


Fulvio Pellegrini... Les Pérégrinations d'une vie
Fulvio Pellegrini... Les Pérégrinations d'une vie
Vous n'avez jamais été un bon client pour la presse people, mais vous parlez tellement d'Isabelle qui semble tant peser sur vos décisions et sur vos indécisions...
J'en parle avec la retenue et la pudeur qui me caractérisent, mais avec une entière franchise. Depuis 20 ans, je vis une belle aventure amoureuse. Elle m'a sauvé dans la période tourmentée que j'ai traversée. J'ai appris à ses côtés à hiérarchiser mes malheurs et mes bonheurs et ce bonheur-là est tout en haut de la liste.
Au niveau sentimental, vous n'êtes pas comme Sarkozy...
Je ne lui jetterai pas cette pierre, car si, tout un pan de ma vie, j'ai été instable, j'ai la chance après de vivre un amour durable...
À vous lire, on a aussi le sentiment d'une carrière politique gâchée...
J'ai eu comme tout un chacun mon lot d'épreuves, d'échecs et de souffrances. Mais non, lorsque je regarde derrière, je n'ai pas à me plaindre.
N'était-ce pas de l'orgueil d'avoir mis en jeu le grand ministère de l'écologie contre une victoire aux législatives ?
C'était moins de l'orgueil qu'une exigence morale. La condamnation n'était pas effacée de ma cervelle. Je recherchais dans cette consultation une légitimité démocratique. Je ne l'ai pas eue, j'en ai tiré les conséquences.
Cette sentence « Vous avez trompé la confiance du peuple français » vous mine encore ?
Elle a été corrigée en appel où la cour écrit que je me suis consacré au service de l'État, sans aucun enrichissement personnel, et me reconnaît implicitement le rôle de bouc émissaire.
Mais je n'oublie pas que lorsque j'ai débarqué à New York, les services de sécurité de l'aéroport m'ont placé en isolement, comme un repris de justice !
Qu'un ancien Premier ministre évoque l'inhumanité de la justice, c'est à peine croyable...
C'est l'homme qui a dénoncé cette espèce de machine à broyer dont bien d'autres que moi pourraient porter témoignage. Je n'ai pas de rancoeur, mais qu'on me laisse au moins le droit de dire comment j'ai vécu cette période très éprouvante de ma vie.
Il y a des erreurs que vous ne commettriez plus ?
Le rythme des réformes engagées en 1995 : j'ai eu les yeux plus gros que le ventre. J'ai appris à mieux gérer le temps. J'aurais dû mettre aussi plus de vigilance dans la remise en ordre des affaires du RPR. Je n'aurais pas subi tout ce que j'ai subi.
A l'évidence, vous êtes aussi un gros gaffeur...
Je regrette surtout celle commise en 1996, lorsque j'ai déclaré à l'Assemblée nationale que l'entreprise Thompson, alors percluse de dettes, ne valait plus rien. Cette petite phrase à l'emporte-pièce dont j'ai le secret a blessé les femmes et les hommes salariés qui se sont sentis réduits eux-mêmes à plus grand chose.
Ce sont les responsabilités qui déshumanisent ou l'arrogance est-elle un bouclier pour ne pas se laisser atteindre humainement ?
Un peu des deux. À Matignon, on n'est pas coupé de la réalité. Elle remonte en permanence avec les députés qui vivent au milieu de leurs électeurs. Mais on est soumis à une telle pression au moment de prendre des décisions difficiles, parfois impopulaires, que la tension atteint des paroxysmes et, de temps en temps, ça pète.
Vous admettez donc avoir été parfois hautain et égocentrique ?
Sans doute, mais je n'arrive pas à m'expliquer l'image qu'on m'a collée. Jusqu'en 1995, j'avais plutôt bonne presse. Puis, j'ai été perçu comme un type froid, insensible, rigide. Alors oui, c'est peut-être une façon de me protéger car je suis en réalité hypersensible, et ce décalage entre ce que je pense être et ce que certains disent que je suis me désole. On me connaît beaucoup mieux à Bordeaux...
Vous avez souffert d'avoir longtemps été un mal-aimé de l'opinion ?
Tout homme politique veut être aimé et bien compris des autres. J'aime le contact, les effusions, la controverse. Je préfère l'agora à la solitude, même si j'aime la solitude à petites doses.
C'est de l'ingratitude, alors...
Plutôt de l'incompréhension. Qu'on ne m'aime pas, d'accord, mais pas à partir de choses fausses. J'ai déjà assez de défauts vrais comme ça...
Qui se souvient, par exemple, que c'est vous qui aviez baissé le plus les impôts ?
Pas grand monde. Aussi, vous imaginez le petit frisson de plaisir à la lecture du magazine L'expansion de novembre 2008 qui, en conclusion d'une étude comparative entre les cinq derniers Premiers ministres, me gratifiait d'un bilan fiscal flatteur...
Vous voyez bien que vous avez conservé un gros ego...
J'ai toujours aimé recevoir des compliments et Isabelle m'a fait comprendre combien cela pouvait faire plaisir que je puisse moi-même en donner. Alors, je fais des compliments. Bien sûr, il faut qu'ils soient sincères, et pas trop exagérés...
Ça a été dur de vous livrer ainsi corps et âme ?
Ce n'est pas dans mon tempérament, c'est vrai. Mais c'était le moment de sortir en quelque sorte de moi-même et de partager. J'ai plus de temps de liberté et plus de liberté de ton. C'est un peu thérapeutique aussi, et j'ai préféré la plume au divan.
Depuis, les gens vous regardent différemment ?
C'est encore trop frais pour le dire, mais les témoignages que j'ai reçus sont très positifs. Les gens me disent : On sent que vous parlez vrai. Il y a comme un retour de sincérité et ça me touche.
Nicolas Sarkozy a lu lui aussi le livre ?
Il l'a lu et m'a envoyé un petit mot.
Il dit quoi dedans ?
Ça reste dans le cadre de nos relations privées, mais c'était sympathique.
Quand vous parlez de lui, on vous sent à la fois admiratif et sceptique...
Vous avez bien résumé. J'admire son dynamisme, sa puissance de travail, sa capacité d'initiatives, tout ce que j'ai pu éprouver dans les années 88/93 lorsque nous animions côte à côte les états généraux de l'opposition. Mais nous n'avons pas la même formation, la même culture, le même style et ça crée forcément de l'incompréhension.
Vous pourriez retourner au gouvernement ou vous présenter à la Présidentielle ?
S'agissant du gouvernement, la décision appartient au chef de l'état. Mais ce serait très indécent de ma part de répondre à cette question.
Ce ne sont après tout que des hypothèses de carrière...
À la lumière de mon parcours, vous comprendrez que je sois réticent à construire des hypothèses de carrière.
Vous vous dites pourtant prêt à servir votre pays...
Et je le confirme, mais il y a mille et une façons de servir son pays. Par exemple, ambassadeur de l'Antarctique comme Rocard...
C'est tout ? Vous n'êtes plus le « meilleur d'entre nous » ?
L'ai-je seulement jamais été ? Je vous rappelle d'ailleurs la citation précise de Jacques Chirac : Il est probablement le meilleur d'entre nous. Vous voyez bien, lui-même n'était pas très sûr!


Jean-Marc Rafaelli, Monaco-Matin

Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 06/04/2009 à 13:06
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Les commentaires sont sans équivoque : le camp présidentiel et notre ami Karim Wade ne sont pas sortis victorieux des élections locales au Sénégal. Cela changera-t-il la donne quant aux ambitions de Karim ? Difficile à dire… Dans tous les cas, c’est un autre jeu politique qui s’ouvre désormais, maintenannt qu’une évaluation des forces est réalisée à la grandeur du Sénégal profond. La bataille préparatoire de Dakar perdue, reste à la famille Wade de s'étirer et de se déployer, de tout ses longs moyens, pour la guerre véritable de la conquête du Sénégal... Toujours en face cachée et jamais sans nous dire si le fils a bien l'intention de succéder au père?


Du Dakar Karim au Sénégal Wade… Que l’an 2012 commence!
Les électeurs ont infligé une rebuffade au président Abdoulaye Wade lors des élections locales, réduisant, semble-t-il, les perspectives de son fils de lui succéder en 2012 à la tête d'un pays longtemps considéré comme une vitrine de la démocratie en Afrique de l'Ouest.
Selon des résultats partiels du scrutin de dimanche diffusés par la radio et d'autres médias locaux, la coalition au pouvoir, baptisée "Sopi" (Changement, en wolof), a perdu le contrôle de la municipalité de Dakar et de plusieurs agglomérations-clés comme St-Louis, l'ancienne capitale coloniale, et Louga.
Cette consultation était interprétée comme un référendum sur l'action du gouvernement présidé par Wade, qui est âgé de 82 ans, dans la perspective d'une candidature de son fils Karim en 2012 à l'expiration du second et dernier mandat de son père.
Karim Wade, conseiller à la présidence et à la tête d'une puissante agence étatique, se trouvait en position quasi éligible aux municipales de Dakar. Mais sans majorité, la liste "Sopi" aura une influence moins grande qu'espéré.
D'après les résultats partiels, la coalition de l'opposition, baptisée "Beno Siggil Senegaal" (Uni pour remettre le Sénégal debout) disposera de suffisamment de sièges pour élire le premier magistrat de Dakar, un poste apparemment convoité par Karim Wade comme tremplin vers une éventuelle succession dynastique à la tête du Sénégal.
"Les Sénégalais viennent par ce vote de rejeter la politique menée jusqu'ici par le camp présidentiel", a commenté Sérigné Mbaye Thiam, porte-parole de la coalition d'opposition.
Dans le camp de Wade, on s'est empressé de souligner que les résultats ne faisaient que refléter un scrutin local.
"On ne peut pas parler d'un rejet de la politique au niveau national mais ce que certains électeurs ont voulu exprimer par là, c'est qu'il faut mener la politique locale autrement", a expliqué Amadou Sall porte-parole du chef de l'Etat.
Beaucoup de Sénégalais estiment cependant que la consultation reflétait des préoccupations plus profondes.
"Ces élections avaient un caractère national, l'opposition avait fait une coalition nationale. En face, le président a voulu en faire un moment d'approbation pour la candidature de son fils pour sa succession. Si les tendances se confirment, (...) les gens ont voté pour ou contre le régime", a déclaré Mohamed Mbodj, coordinateur général du Forum civil.
D'autres n'y allaient pas par quatre chemins. "Wade, il a perdu, donc tout le monde est
content", a lancé un chauffeur de taxi. "Personne ne veut Karim Wade".
Malgré ses revers, la coalition Sopi a gagné à Ziguinchor, capitale de la Casamance rétive, où le maire sortant socialiste a été battu.

Diadié Bâ, Alistair Thomson et Jean-Loup Fiévet, Reuter


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 23/03/2009 à 15:46
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