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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le grand public et les citoyens togolais en général ont assisté dernièrement, tous médusés, au spectacle inqualifiable entourant la prise de la Pierre Sacrée du peuple Guin, à Glidji, le 10 Septembre 2015. Ce théâtre impie s’était poursuivi d’ailleurs dans plusieurs autres cérémonies culturelles ancestrales des peuples Guins.

Ainsi, l’une des traditions séculaires, sinon la plus prestigieuse et la plus rassembleuse qu’est la Pierre Sacrée pour les peuples Guins, a été mise à rude épreuve par des dissensions programmées et elle a surtout subi des récupérations malsaines.

À l’initiative d’un groupe de personnes, une action commune est prise face à cette situation. Ainsi, à travers un Manifeste Universel, ces citoyens ont essentiellement exprimé leur attachement à l’indépendance de leurs pratiques ancestrales vis-à-vis des ingérences politiques.

Il nous plaît de publier ici le contenu du Manifeste Universel ainsi que la liste de ses signataires.


MANIFESTE UNIVERSEL


●MANIFESTE UNIVERSEL●
DES FILLES ET DES FILS GUINS
AUX
DIGNITAIRES ET AU GRAND PEUPLE GUIN AU TOGO ET DANS LA DIASPORA



À
Guin-Fiogan SÈDÉGBÉ FOLI-BÉBÉ XV, Roi des Peuples Guins du Togo ;

À
Tous les Dignitaires, Chefs coutumiers et Religieux des Peuples Guins au Togo ;

Aux
Membres des cinq organes traditionnels séculiers principaux du Royaume des Peuples Guins du Togo : Assemblée des Dignitaires, Conseil du Trône, Fioto (doyen d’âge des chefs des familles princières et membre de droit), Conseil de choix de Guin-Fiogan, et Collège des chefs Hounons.



Nous, filles et fils authentiques des Peuples Guins, natifs et originaires des terroirs allant des bords de l’Océan Atlantique, des bords de l’embouchure du fleuve Zio, des bords du Lac Togo, du Lac Zowla aux rives du Bas-Mono, nous parlons d’une seule voix à travers ce Manifeste Universel ;

Nous nous adressons solennellement et dans le respect strict de la tradition ancestrale aux honorables Dignitaires de notre Peuple ;

Nous prenons parole depuis des coins disséminés partout dans le monde, des Amériques, de l’Europe, de l’Asie, de l’Océanie, des régions d’Afrique et des terres du Togo ;

Nous demandons que nos paroles puissent bénéficier de toutes les attentions et considérations, et qu’elles tombent dans des cœurs sereins et confiants, selon les usages traditionnels et les protocoles coutumiers établis ;

Nous sommes particulièrement préoccupés par les mésententes entre certains Dignitaires temporels des Peuples Guins autour de la marche unanime à suivre pour officier les rites ancestraux et multicentenaires de la Pierre Sacrée qui sont propres à notre Peuple ainsi que toutes les autres pratiques qui s’y rattachent.


MANIFESTE UNIVERSEL
NOUS DÉCLARONS UNANIMEMENT ET SOLENNELLEMENT :


Que les différentes fêtes traditionnelles des Peuples Guins, dans toute leur succession et légitimité, constituent un véritable ouragan séculier de Paix, de Fraternité et d’Amitié sur la Terre de nos Aïeux et au-delà, et ces traditions, us et coutumes n’ont de soumission à aucune allégeance politique passagère, souvent profanatoire, blasphématoire et porteuse de division ;

Que les incidents publics passagers, mais graves qui ont perturbé la prise de la Pierre Sacrée lors de sa 353e célébration, survenue le 10 septembre de l’année chrétienne 2015, sont un signe de malaise astucieusement semé dans l’âme de notre noble et digne Peuple ;

Que face à la récente situation, inacceptable en dignité collective, il y a lieu pour chaque fille et fils Guin de réaffirmer que la Pierre Sacrée ainsi que toutes les pratiques ancestrales qui y sont associées, demeurent des symboles ultimes, inviolables et infalsifiables, de notre lien de sang, de reconnaissance, d’appartenance et de perpétuité dans le temps ;

Que notre Pierre Sacrée est également le socle solide d’une mémoire de sagesse, de vertu morale et de cohésion sociale laissée en héritage par nos Aïeux, et que nous avons la responsabilité de transmettre fidèlement aux générations futures pour qu’elles en deviennent les gardiennes, responsables et enthousiastes, jusqu’à la fin des temps ;

Que les dérives momentanées qui viennent entacher ce socle sacré des traditions des Peuples Guins soient le fait d’ennemis extérieurs, d’une fille ou d’un fils égaré, d’une princesse ou d’un prince véritable ou honorifique, nous allons combattre chacune et chacun de ces incrédules jusqu’à ce que nos traditions soient rétablies dans leurs formes originelles ;

Que chaque fille et fils Guin, conscients de notre destinée commune, où que nous sommes et quoi que nous sommes, proclamons ouvertement notre devoir essentiel d’agir durablement pour recouvrer et sauvegarder notre dignité collective ainsi que notre existence évolutive et participative à une destinée saine et pérenne.


Sur cette profession de foi nous prions et travaillons, et en même temps nous en appelons à la conscience tutélaire de Guin-Fiogan SÈDÉGBÉ FOLI-BÉBÉ XV, Roi des Peuples Guins du Togo, à celle avisée de tous les chefs des Peuples et des collectivités Guins, à tous les prêtres et prêtresses attitrés de nos rites et coutumes, à tous les hommes et femmes pétris de sagesse dans notre Peuple, à s’éveiller, s’impliquer, s’asseoir, s’entendre et s’éduquer à cœur ouvert sur l’avenir, le bien-être et le devoir éthique du Peuple Guin.

Persuadés qu’il n’y a de voie de salut aux problèmes humains en dehors de la vérité incluse dans la raison, nous restons disponibles et nous sommes résolument engagés aux côtés de toutes les bonnes volontés afin d’éviter la sédimentation des mésententes anciennes et nouvelles, et surtout dans le but de réaliser et d’enrichir l’immense mission salvatrice d’unité, de cohésion et de respect des Peuples Guins ainsi que l’ensemble des citoyennes et des citoyens du Togo, sur la Terre de nos Aïeux et partout ailleurs sous la voûte céleste.

Que la Grâce de Dieu et la sagesse des Ancêtres nous conduisent.

●30 septembre 2015●


SIGNATAIRES actuels & ADHÉRENTS futurs




Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 01/10/2015 à 01:30
Tags : Glidji Manifeste Togo Notez



À partir du « Coup d’état le plus bête du monde » que reconnaît d’ailleurs un Gilbert Diendéré, aujourd’hui débarrassé de l’emprise éternelle de son mentor et de sa femme, et avouant que son « plus grand tort est d’avoir fait ce putsch », jusqu’à la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle, Vincent Foly met en perspective « les leçons d’une semaine folle » au Burkina Faso. Édifiant rappel! De son côté, Macky Sall a confirmé qu’il existe réellement un syndicat rétrograde des chefs d’États africains, et Blaise Compaoré a compris que son étoile a définitivement pâli. L’histoire est toujours du côté du Peuple, celles et ceux qui subissent les pouvoirs sans avoir les moyens de se défendre, jusqu’au jour de leur revanche. Leçons pour tous!


Peuple burkinabè en colère
Peuple burkinabè en colère

Que retenir de cette semaine folle du mercredi 16 au mercredi 23septembre 2015, où le Burkina a failli basculer dans le chaos ? Deux images contrastées relayées par les télévisions du monde entier résument à merveille la nouvelle ère qui s’ouvre au Pays des Hommes Intègres et à l’Afrique toute entière : celle d’un président Kafando, d’ordinaire pondéré et très mesuré dans ses propos, abandonnant la langue de bois diplomatique pour prononcer ce qui apparaîtra demain comme le discours le plus important de sa vie.

Un discours d’hommage à la résistance du peuple face à ce qu’il a appelé ‘’l’imposture et l’usurpation ‘’ du pouvoir. La deuxième image est celle du visage livide de Diendéré, général d’opérette, spécialiste de coups tordus qui a avoué, sans sourciller et, toute honte bue, que son coup de force insensé avait lamentablement échoué.

Les termes utilisés par l’un et l’autre témoignent d’une réelle prise de conscience des vraies aspirations du peuple burkinabé dans toutes ses composantes. Le discours de Kafando est truffé de constantes références au combat du peuple burkinabé et à l’énorme sacrifice consenti par sa jeunesse. Il n’a que du mépris pour les auteurs du coup d’État. Quant au projet d’accord soumis par la Cedeao, les propositions ne seront prises en compte, dira-t-il, que si « elles répondent aux aspirations du peuple exprimées dans la charte de la transition ». Un camouflet à la Cedeao !

Les leçons d’une semaine historique au Burkina
Diendéré qui n’a pas prononcé de discours, a choisi, quant à lui, de s’épancher au micro des journalistes sur ses regrets. « Le plus grand tort conclut-il, est d’avoir fait ce putsch. Aujourd’hui, poursuit-il, quand on parle de démocratie on ne peut plus se permettre de faire des actions de ce genre. Le coup d’État s’est fait compte tenu d’un certain nombre de raisons que nous avons évoquées lors de la proclamation (du putsch). Nous avons vu ce qui s’est passé. Nous avons vu que le peuple n’était pas favorable. C’est pour ça que nous avons tout simplement abandonné. »

Et voilà la grande leçon de cette semaine folle où tout a failli basculer. Les putschistes de la nuit du 16 au 17 septembre ont tout prévu sauf la détermination de tout le peuple burkinabè à s’opposer à leur aventure insensée. En octobre dernier le peuple s’est soulevé contre la volonté d’un homme de s’éterniser au pouvoir. Blaise Compaoré en tiré toutes les conséquences et a préféré prendre la route de l’exil. En ce mois de septembre c’est l’ensemble du peuple qui a encore dit non cette fois-ci au coup d’État qui remettait en cause la transition.

Contrairement à ce qui s’est passé au Burundi où la soldatesque en furie a maté les résistants, la mobilisation populaire au Burkina-Faso n’a pas faibli. Les travailleurs ont déclenché une grève illimitée, tandis que les manifestants occupaient les rues de toutes les provinces. Le président du CNT Chérif SY qui a échappé à la séquestration par les soldats du Rsp s’est autoproclamé chef d’État en l’absence du président Kafando. Pendant que les responsables du mouvement dit du « Balai Citoyen » appelaient ouvertement le peuple à la résistance.

Les leçons d’une semaine historique au Burkina
C’est dans cette atmosphère surchauffée que le président Macky Sall a rendu publiques les propositions de projet d’accord de la Cedeao aussitôt rejetées par toute l’opposition. En cause, l’amnistie aux auteurs du coup d’État et la non exclusion des anciens du Cdp. La tension est montée de plusieurs crans, lorsque tous les chefs de corps des unités de défense ont décrété un ultimatum aux forces rebelles du Rsp leur enjoignant de déposer les armes. Les rapports de force se sont aussitôt inversés : 1300 putschistes contre les 10.000 à 13.000 soldats loyalistes. Tous les Burkinabè ont retenu leur souffle et, avec eux, toute la sous-région ouest-africaine.

Nous étions à la veille du sommet de la Cedeao et tout le monde avait craint le pire. Fort heureusement, il n’est pas arrivé, du moins pour l’instant. Diendéré qui comptait sur ses soutiens occultes au sein du syndicat des chefs d’État de la Cedeao-suivez mon regard !-, pour résister à l’ultimatum des autres corps de l’armée, a été contraint de jeter l’éponge. La Cedeao et son président en exercice qui n’a pas daigné faire le déplacement de Ouaga pour réinstaller Kafando de peur de subir l’ire des populations ont pigé la leçon : on ne résiste pas impunément à la volonté de tout un peuple.

Une leçon à la Cedeao elle-même pour la résolution des conflits ultérieurs, mais aussi à tous les Africains qui ploient sous le joug de dictateurs aux petits et grands pieds. Une leçon surtout aux Burundais et autres Congolais de Brazza et de Kinshasa dont les présidents ne manifestent aucune volonté de quitter le pouvoir au terme de leur mandat.

On ne résiste pas impunément à la volonté de tout un peuple
On ne résiste pas impunément à la volonté de tout un peuple


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 26/09/2015 à 03:00



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