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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le constat généralisé que des élections ne favoriseront guère l’alternance politique au Togo est la pire des choses qui puisse arriver à un pays. Ceci rend témoignage de la dégringolade en accéléré et en désinvolture de la gouvernance de toute une nation, par un temps de modernité où plus personne ne peut ignorer sa responsabilité propre ni prétendre ne pas disposer de base comparative en gestion publique. Le Togo est abandonné dans des mains peu habiles et très peu éthiques au plan de la gouvernance d’État : un pays où seuls le mensonge, le déshonneur, l’entêtement, la brutalité, l’indécision, l’illégitimité et même l’incapacité pure font aubaine et complaisance. Le désenchantement des citoyens togolais est donc la meilleure preuve de l’échec d’un système totalitaire qui ne trompe plus personne. L’heure est grave : le Togo a besoin d’une audace innovante. Les intrigues politiques, inutiles et désuètes, ainsi que la fragilité même du pouvoir absolu, cinquantenaire, obligent une évolution courageuse et définitive vers la démocratie au Togo.


Togo : l’éternelle tentation de la démocratie

La succession des épisodes de crises et de ridicules politiques –formation du gouvernement, organisation d’une inutile cérémonie d’investiture présidentielle, état de santé de Faure Gnassingbé, déclaration farfelue et injurieuse de l’ambassadeur de l’Allemagne au Togo, la cacophonie de la célébration impromptue des martyrs (quels martyrs finalement?) et bien d’autres situations corsées et carrément loufoques comme celle du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest au lendemain des présidentielles, un Mohammed Ibn Chambas incapable de dignité, sans oublier le fameux expert électoral Clément Aganahi, davantage plaisantin que démocrate, et son système dénommé « succès », tout cela témoigne bien de la déliquescence avancée qui prévaut dans les mœurs publiques au Togo et qui attirent autant de charognards politiques.

Véritablement, les deux mandats présidentiels de Faure Gnassingbé n’ont servi qu’à confirmer une impréparation assidue, une vaste corruption politique à ciel ouvert ainsi qu’une carence irrévérencieuse à faire évoluer le Togo, contrairement à ses propres promesses de réconciliation et de développement en plus de n’avoir jamais été l’élu de ses concitoyens.

Une fois encore et toujours maladroitement, Faure Gnassingbé expose l’impératif éthique qui s’impose désormais au Togo : il faut du caractère, de la volonté, de la ténacité et du métier pour sortir le Togo de son impasse et retourner le pays à sa vocation démocratique. Il n’y a plus de doute que le Togo est entré dans une ère de survie politique. La tergiversation ambiante et le choix peu risqué du premier ministre Edmond Sélom Klassou laissent les roues libres à Faure Gnassingbé pour faire face à ses vieux démons : son éternelle indécision ainsi que la tentation de l’impossible rapprochement avec son seul et redoutable adversaire que demeure Jean-Pierre Fabre. La situation qui prévaut au Togo atteste bien que le pays est livré en pâture à une bande difforme et tentaculaire sans aucune retenue.

Pour avoir usé constamment de la manipulation envers tous ses vis-à-vis, dont des chefs d’État étrangers et, comme son père Gnassingbé Eyadema au soir de sa vie lorsque celui-ci n’avait que la subversion comme gouvernance, l’isolement comme refuge et la solitude comme naufrage, Faure Gnassingbé reçoit à son tour le désaveu du changement tronqué, l’impermanence et même la fragilité du pouvoir absolu. La faiblesse de Faure Gnassingbé est désormais réelle autant que sa posture inconfortable est observable de partout et sous tous les angles. Une bataille perdue et volée, en plus d’être connue du monde entier est toujours difficile à concélébrer avec ses pairs et ses compatriotes. Le Togo doit être restitué à la sagesse des termes et des conditions de la réconciliation et du Grand Pardon si longtemps prônés. C’est écrit et enseigné partout dans l’espace public : « Tu n’iras pas plus loin, ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots! »

La répression constante du peuple n’est pas une solution à la démocratie


Il est clair. Pour la large majorité de ses citoyens de l’intérieur et de l’extérieur, le Togo actuel est inacceptable, totalement indigne, inconcevable et, plus que quiconque, Faure Gnassingbé en est le responsable. Mieux vaut tôt que tard. Faure Gnassingbé doit se convertir à la démocratie, accepter de quitter le pouvoir dans des conditions courageuses qui le feront porter en triomphe par les Togolais eux-mêmes et ainsi lui conférer la garantie populaire autant que le respect institutionnel comme ce fut le cas en Argentine, au Bénin et ailleurs où le totalitarisme s’est transmuté en salutaire démocratie. La capacité de répression du peuple togolais par les forces de sécurité ne peut donc constituer une autre option à la démocratie; c’est aussi en cela que le pouvoir absolu est impermanent. La liberté ne fatigue pas les peuples; ils poursuivent toujours leur lutte émancipatrice jusqu’à la victoire finale.

Ainsi, la bataille pour la démocratie au Togo se doit d’être livrée par tous les citoyens du Togo, le courage de Faure Gnassingbé y compris, davantage que sa peur des uns et des autres qui essaiment tout autour de lui et plombent son propre salut et celui de sa famille tout autant que le destin, la dignité et l’envol de tout le peuple togolais. L’heure est grave. Le désenchantement des citoyens togolais est le meilleur argument quant à l’échec d’un système totalitaire qui ne peut plus tromper personne à quelques niveaux que ce soient; un système dont les courtisans seuls, internes et externes, savent vanter les avantages, les leurs, sonnants et trébuchants, insolents et impertinents.

Désormais, chacun connaît ses responsabilités quant au devoir du changement politique au Togo. Le renoncement, le déni, encore moins le dénigrement, les menteries et les propagandes n’ont réussi à convertir la réalité togolaise à autre chose que l’imposture et l’insatisfaction généralisée dont les dernières élections présidentielles d’avril 2015 constituent le parfait exemple. Et, parlant d’élections, le réveil démocratique tardif de Faure Gnassingbé ne doit aucunement compromettre la participation de l’opposition responsable à tous les rendez-vous électoraux à venir. En aucune circonstance, il n’est plus question du boycottage électoral au Togo; que des élections soient organisées sous le sceau de la fraude, de la précipitation ou de l’irrespect des citoyens au travers des résultats connus d’avance, qu’importe. C’est la corde du ridicule que ce régime impropre fournira lui-même, que les démocrates togolais utiliseront, raisonnablement, pour venir à bout d’un système aussi livide. L’absurdité de la situation politique au Togo exige la participation à toute élection, même frauduleusement organisée, et le moindre gain ne sera que la réaffirmation du désir obstiné du devoir de changement politique au Togo.

Invariablement, l’opposition togolaise ne constitue pas le problème du Togo. Et tous ceux qui comprennent cette évidence minimale doivent savoir dans quelle direction tourner leurs inflexions. Soudain seuls avec une autre victoire électorale volée au peuple togolais, Faure Gnassingbé et ses affidés quant à eux redécouvrent la fiction de leur entêtement à creuser des sillons politiques vers le changement véritable avec de simples lames de rasoir, en acrobatie et en contorsions diverses. Ils sont seuls à tailler des arbres de la forêt politique togolaise avec de rudimentaires canifs datant de l’époque du père Gnassingbé Eyadema, cinquante ans déjà. Une tragi-comédie qui sème l’embarras chez tous les citoyens du Togo. Et pourtant. Hors la démocratie, point de salut ni de repos politique au Togo. Autant en apportent toujours tous les vents du changement duquel le Togo ne saurait trop longtemps se cacher. La démocratie est libératrice des enthousiasmes et des forces du progrès socio-économique et de la dignité humaine; les citoyens du Togo ne renonceront donc pas à la démocratie et à l’alternance.


Diplomatie Publique


Rédigé par psa le 26/06/2015 à 00:00
Tags : Démocratie Togo Éthique Notez



La favorite à l’investiture démocrate en 2016 doit restaurer la confiance. A Roosevelt Island samedi, elle ose enfin prendre des risques. Contrairement à Barack Obama, Hillary Clinton n’a pas les campagnes électorales dans le sang. Mais depuis deux mois, elle tente de corriger sa réputation de candidate à la Maison-Blanche qui, en 2008, avait donné l’impression d’être déconnectée de l’électorat. Samedi, à Roosevelt Island, une petite île sur l’East River à New York, l’ex-secrétaire d’État a changé son fil narratif pour se forger une image plus personnelle, elle qui admet ne pas être «la plus jeune parmi les candidats» à la présidentielle, mais qui sera «la plus jeune femme présidente de l’histoire des États-Unis».


Hillary Clinton sous le regard de Bill, de leur fille Chelsea et de son mari Marc Mezvinsky
Hillary Clinton sous le regard de Bill, de leur fille Chelsea et de son mari Marc Mezvinsky
Le discours de Roosevelt Island, un lieu symbolique dédié à l’architecte du New Deal et situé en face du siège des Nations unies, est venu à un moment crucial. En publiant ses mémoires intitulés Hard Choices en 2014, Hillary Clinton relatait sa vie de cheffe de la diplomatie américaine. Mais son récit, insipide, est apparu comme une série de calculs politiques et moins comme l’expression d’une vision politique sincère. L’ouvrage a été mal reçu par la critique.

Plus tard, sa gestion de la crise liée à ses courriels quand elle était patronne du Département d’État a laissé une impression de déjà-vu. C’était, disait-on, un nouvel exemple prouvant que les lois auxquelles est soumis le commun des mortels ne s’appliquent pas aux Clinton. Durant son mandat de secrétaire d’État, Hillary Clinton n’avait utilisé qu’un serveur privé et avait décidé seule, avec ses conseillers, des e-mails qu’elle devait remettre à l’administration à des fins notamment d’archivage.
Ces dernières semaines, les révélations troublantes sur la Fondation Clinton et les dons qu’elle a reçus de gouvernements étrangers, dont l’Arabie saoudite alors qu’Hillary Clinton officiait encore en qualité de cheffe de la diplomatie, ont soulevé des questions sur de possibles conflits d’intérêts. Ces «affaires» ont eu un impact sur la perception qu’ont les Américains de la démocrate. Une majorité (57%) estime qu’elle n’est pas «honnête et digne de confiance».

A quelques mètres de la tribune où la candidate a tenu son discours, Khaki, la cinquantaine est une démocrate depuis toujours. Elle va voter Hillary en novembre 2016, mais elle a des réserves: «J’attends qu’elle gagne mon cœur. Car il y a un vrai problème d’éthique et d’authenticité, même si je ne doute pas un instant qu’elle a toutes les compétences pour être présidente des États-Unis.» Khaki est à l’image de nombreuses militantes venues à Roosevelt Island. Alors que les femmes restent sous-représentées en politique, dans les conseils d’administration ou aux postes de dirigeants et qu’elles sont toujours moins payées que les hommes pour les mêmes fonctions, la perspective d’avoir pour la première fois une femme à la tête des États-Unis n’est pas anodine.

Devant une foule enthousiaste sur une bande de terre étroite de Roosevelt Island, après une première tournée électorale où elle a rencontré «Middle America», Hillary Clinton a pris plus de risques. Elle a parlé de Dorothy, décédée en 2011, rappelant à quel point sa mère s’était battue pour réussir alors que ses parents l’avaient abandonnée. Elle a confirmé le virage à gauche qu’elle a opéré depuis deux mois. Est-ce par conviction ou par nécessité stratégique pour couper l’herbe sous les pieds des autres candidats démocrates, plus à gauche, qui ne semblent pourtant pas en mesure de menacer cette candidate «inévitable»?

Les propositions faites samedi n’en restent pas moins audacieuses. Elles pourraient faire mouche auprès de l’aile gauche du parti qui a le vent en poupe sous l’impulsion de la sénatrice Elizabeth Warren. Dimanche, la une du New York Post était explicite: «Rodham Hood.» Une allusion à Robin des Bois et au deuxième nom de famille d’Hillary. La candidate a violemment attaqué Wall Street. Une stratégie à double tranchant, sachant que la candidate est proche des donateurs de Wall Street. «Les 25 principaux patrons de hedge funds gagnent plus que la totalité des enseignants de l’école enfantine aux États-Unis.» Elle a aussi plaidé pour l’école maternelle universelle, le congé parental et maladie, un programme qui sonne très européen. Elle juge nécessaire de régulariser les sans-papiers. Depuis deux semaines, elle martèle la nécessité de rendre l’inscription aux élections automatiques dès 18 ans. Une manière de contrer les multiples efforts républicains visant à restreindre le droit de vote des minorités. Elle a en revanche soigneusement évité de parler du controversé Partenariat transpacifique qui déchire les démocrates.

L’ex-sénatrice de New York devra jouer subtilement pour assurer la classe moyenne qu’elle est bien dans son camp. Mais l’exercice ne sera pas simple. En mai, la presse américaine a révélé qu’Hillary et l’ex-président Bill Clinton ont gagné ensemble 25 millions de dollars au cours des seize derniers mois par le seul fait de tenir des discours. A Roosevelt Island, elle a juré qu’elle ferait tout pour défaire la décision de la Cour suprême, «Citizens United», qui a permis aux milliardaires de déverser leur fortune dans les campagnes électorales. Au cours du week-end, elle est déjà partie pour l’Iowa, un État où elle avait subi, en 2008, une défaite mortifiante face à un certain Barack Obama. //////STEPHANE BUSSARD


Diplomatie Publique


Rédigé par PSA le 15/06/2015 à 07:30
Tags : Clinton Obama États-Unis Notez



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