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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




L’inévitable réveil du peuple togolais est à l’horizon. En prélevant dans son mécontentement général ce qui est rapidement utilisable comme les légitimes revendications syndicales, c’est tout le peuple togolais qui fait la démonstration qu’il n’avait jamais consenti à la léthargie et ne s’y était jamais abandonné. À certains moments de l’histoire, dormir c’est mourir; dormir sur son sort, c’est boycotter son avenir : un parjure, une génuflexion, un deuil de soi devant rien d’autre que le néant. À ce nouveau réveil, chacune et chacun doit apporter un souffle et un support. C’est connu, vérifié et prouvé : Qui désespère a tort!


Épître aux Togolais


Au Togo, plus personne ne réinventera le boycott pour fuir la complexité de la réalité toujours insoutenable d’aujourd’hui. Le cadre de l’éveil du peuple togolais était déjà prêt depuis des années; il ne restait qu’à remplir, à un moment ou un autre, les intervalles par tous ces fragments, accumulés et solidifiés, d’une liberté constamment hachée par un système aux abois. Les dix dernières années particulièrement, Faure Gnassingbé n’avait fait qu’abuser du peuple togolais en gouvernant dans le passé et la menterie, alors que tout le monde l’attendait dans l’avenir et l’audace.

L’improvisation, l’illusion et même les simples erreurs politiques étaient toutes planifiées par l’instinct de fausseté et avec des raccourcis démagogiques fulgurants. En seulement dix ans, le Togo est pris de vitesse par un tel degré d’inaction et d’humiliation qu’il est devenu un néant démocratique, livrant tout le pays à l’abus et à l’absence de toute parole crédible. Il est désormais clair que Faure Gnassingbé est un mal passager : un baromètre ou un thermomètre, un instrument qui permet véritablement de constater l’ampleur cumulée des dégâts des cinquante dernières années dont il est le produit le plus pur et le boson le plus fidèle, le résultat le plus représentatif en somme. Un tel indicateur de triste qualité sert surtout à convaincre les derniers sceptiques ainsi que les autres dupes honnêtes encore plus indignés de s’être laissés enfariner par des Accords de gouvernance, partiel ou global, restés sans lendemain.

Il n’y aura jamais de mots trop purs, durs, clairs et nets pour faire devoir de mémoire et de loyauté à la dignité des Togolaises et des Togolais, surtout désireux de passer à autre chose de respectable que l’imposture programmée. Rien d’étonnant! C’est au seuil de l’illusion et de la tromperie que le Togo est resté pris si longtemps, agrippé, harponné, accaparé, confisqué, altéré, faussé, détroussé, détourné et gouverné ces dernières années par une clique d’insatiables embusqués sur tous les chemins de traverse. La question au Togo n’est donc plus de savoir si les élections seront régulières ou pas. Mais c’est parce qu’elles ne le seront pas sous ce régime qu’il faut y aller afin d’apporter toute la voix du peuple togolais au désaveu du système à la face du monde.

Il est bien entendu que le destin du Togo est inaliénable; ce destin demeure toujours la démocratie, le développement et la réconciliation dont les autres noms sont l’alternance pacifique et non l’enlisement, la justice réparatrice et non la vengeance, le Grand pardon et non la chasse aux sorcières. L’État de droit au Togo est donc une nécessité du moment, une véritable « Urgency of Now », non reportable à quelque autre négociation postélectorale que ce soit. C’est ici et maintenant que la voix du peuple togolais doit encore s’exprimer pour être enfin, en son temps, respectée, entendue et réclamée.

Démocratie d’abord, multipartisme après!

C’est bien l’éveil salutaire du peuple togolais qu’il faut soutenir et justifier par notre vital devoir d’insoumission. Il faut véritablement accompagner le changement politique au Togo. Et il faudra encore le faire dans la collégialité en adhérant à une vision communément partagée et relayée par les porte-étendards principaux et non occasionnels. Ce n’est pas défendre la démocratie que de la défendre dans tous les sens ou seulement dans sa seule vision exaltée, sectaire ou solitaire.

Vouloir la démocratie au Togo c’est nourrir la démocratie et rien que la démocratie, au risque même d’affamer son propre parti et sa propre opinion, le temps d’une solidarité républicaine. Qui a dit qu’au Togo, ce devrait être « démocratie d’abord, multipartisme après »? L’un n’allant pas sans l’autre, il s’agit simplement d’une opération de raison guidée par le souci de résultat. Le moment est arrivé pour rendre concrète cette fameuse « Déclaration de Tchékpo » : laisser la voie à la démocratie, pour asseoir par la suite une transition propice à l’éclosion et à la vitalité des partis.

Une fois encore, il faut sonner le ralliement des troupes démocratiques derrière le Combat pour l’Alternance Politique en 2015 (CAP2015), clairement. Il n’y a aucune honte à s’effacer devant un idéal plus grand, sachant que le problème du Togo n’est pas l’opposition togolaise, son combat difficile ou son candidat unique parfaitement légitime selon les standards objectifs en démocratie. Le problème du Togo ce sont bien toutes ces analyses liminaires, cette idéologie spontanée de la camaraderie ne reflétant que le sens commun déjà en circulation, toutes ces déclarations intempestives et infondées par lesquelles chacun se croit en mission de mieux sauver le Togo par sa seule idée, sa seule argumentation intrépide, ses seules données indigentes.

Une fois de plus, car il faut bien le dire cent fois comme Isaïe pour que cela soit entendu une bonne fois, le problème du Togo n’est pas l’opposition et même les points de vue différents qui s’y retrouvent. Le problème du Togo c’est bien l’inexistence d’un État républicain qui soit indépendant d’un parti politique, d’un clan et d’une personne. Le problème du Togo c’est l’inféodation d’une fonction publique à un seul et même parti politique au point de devoir pratiquement fermer toute la boutique administrative lorsque ce parti est en congrès. Le problème du Togo c’est qu’une main déjà baignée de sang, d’oppression et de zizanie tente, en plus, de tremper le doigt dans l’eau bénite républicaine afin de se donner un signe de purification et de virginité pour s’offrir un autre mandat frauduleux. Il faut mettre fin à cette confusion des registres qui a trop longtemps pesé sur le Togo en y étouffant toujours la voix du peuple.

Les paradis artificiels à chaque fois promis depuis cinquante ans aux Togolaises et aux Togolais n’existent pas. Tous ces rayons de l’impossible initiés à la hâte, de parts et d’autres, se présentent également comme des incantations gratuites sans véritable contrepoids au système quinquagénaire en place. C’est pour tout cela qu’il est grandement temps d’y croire, une fois encore, et choisir de loger du bon côté de l’histoire.

Voilà qui est précis, juste et clair ce que nous voulons du Togo et des démocrates togolais : ne pas laisser le temps à leur engagement de se refroidir pour quelque raison que ce soit, et surtout pas à cause des subterfuges de la régence présidentielle togolaise. La préparation du drame des élections en situation de non-démocratie possède toujours son lot d’intrigues, d’incertitudes et d’imperfections. Parti de loin, le CAP2015 se confronte à certaines consciences troublées par l’antique épopée des oppositions politiques : emprunter des courbes pour arriver droit devant l’objectif visé. Bien trempé en détermination cependant, le CAP2015 reste le seul à prêter l’oreille à la diversité des voix politiques du changement; toutes ces volontés qui veulent véritablement passer le Togo à la démocratie, plutôt que de faire avaler les pastilles de piment à la majorité des citoyens togolais. À ce CAP2015 nous devons, toutes et tous, notre soutien pour rendre possible l’Espérance de la délivrance de tout un peuple.

●12 mars 2015●



Diplomatie Publique


Rédigé par PSA le 15/03/2015 à 13:30
Tags : Démocratie Politique Togo Notez



Permettez alors que je vous dise : Rien ne menace aujourd’hui votre sort que la gloire; la gloire de la réconciliation des filles et des fils du Togo, la gloire de vous faire porter en triomphe par vos compatriotes, la gloire des lendemains qui chantent uniquement le meilleur de vous-même, les meilleurs de vos ascendants et de vos descendants.


Le Choix de la Gloire
Lettre Ouverte au Président de la République Togolaise
« Le Choix de la Gloire »


À
Faure Essozimna Gnassingbé
Président de la République Togolaise


Monsieur le Président de la République,

Très peu de personnes peuvent se vanter d’avoir eu le destin que vous avez obtenu de la Providence. Le chemin de vie emprunté depuis le commencement de votre pèlerinage sur terre, de vos frêles petits pas innocents jusqu’à la pleine conscience de vos actes, tous ces jalons constituent et rassemblent des richesses sans commune mesure avec l’épopée des gens ordinaires.

Avec une telle vie hors du commun, il est tout à fait conciliable et acceptable d’en extraire des résultats extraordinaires, de les offrir, surtout, pour rendre grâce à la bonté divine incarnée par tant de regards connus et inconnus de notre humanité collective.

Permettez alors que je vous dise : Rien ne menace aujourd’hui votre sort que la gloire; la gloire de la réconciliation des filles et des fils du Togo, la gloire de vous faire porter en triomphe par vos compatriotes, la gloire des lendemains qui chantent uniquement le meilleur de vous-même, les meilleurs de vos ascendants et de vos descendants.

Permettez que je vous dise : Osez, Monsieur le Président ! Osez relever ce défi qui vous sied si parfaitement et si opportunément! Soustrayez-vous des particularismes et nichez-vous au chœur des Togolais. Choisissez l’alternance politique en renonçant à un conflictuel troisième mandat présidentiel. Établissez cette règle démocratique pour une envolée, un décollage de la réconciliation promise et tant attendue au Togo.

Pour y arriver, pour atteindre le chœur de vos concitoyens, du secours vous viendrait volontiers de votre Peuple : le véritable bouclier sur lequel vous saurez compter pour toujours. D’ailleurs, aucune protection n’est aussi étanche, porteuse et édifiante que celle de son Peuple; il n’y a donc de sécurité que l’assurance de la protection du Peuple togolais qui vous sera servie, en tout temps et en tout lieu. Comme ailleurs, cette protection n’a jamais fait défaut, et elle ne fera jamais défaut à ceux et à celles qui ont su la mériter en se mettant en adéquation avec le désir profond de leur Peuple.


Monsieur le Président de la République, tournez votre regard vers l’est du Togo, puis vers l’ouest; toujours visibles, vous y distinguerez dans des pays si proches du nôtre, encore adulées, des gloires politiques dont les débuts ont dû être chaotiques. Et pourtant, leur Peuple les vénère aujourd’hui avec une amabilité triomphante, bien loin des ovations de boue qui auraient pu les empêcher de vivre librement et respectueusement sur leur terre natale; des ovations de boue qui, immanquablement, devraient accueillir ces personnalités à chaque passage de leur nom et de leur silhouette. Certaines de ces gloires aujourd’hui auraient pu, et de manière assidue, être traquées et soumises à une vindicte sacrificielle perpétuelle.

Rien, absolument rien, ne vous menace donc aujourd’hui que le courage d’une action éthique de grande portée historique, et au terme de ces deux mandats présidentiels à la tête de notre pays, le Togo. Vous êtes à visage découvert devant l’histoire, la grande histoire : celle de notre pays le Togo, certes. Mais aussi, vous êtes à visage découvert devant l’histoire de tout un continent qui se cherche, et qui pointe obstinément vers l’audace du renforcement de ses capacités démocratiques exemplaires. Avec le Togo, voilà que vous y êtes appelé aussi; vous êtes appelé à parfaire le même exercice, et en face de ce monde en pleine mutation. Quelle opportunité!

À vos côtés, il est vrai, d’autres visages sont masqués. Ces visages renfrognés et conservateurs n’ont pas besoin d’être révélés au grand jour maintenant. La seule lumière que vous projetterez de toute votre sagesse leur fera réaliser l’inutilité de leur déguisement. Et, quelle âme n’a pas besoin de salut! Quel pécheur n’a besoin de rédemption, à la place d’une mort par supplices étendue au déshonneur de sa lignée.

Sans aucun doute, c’est votre lumière salvatrice sous la forme d’actes exceptionnellement républicains qui protègeront d’ailleurs les uns et les autres du pire de leurs craintes. Car, au Togo, l’étape suivante demeure le rendez-vous de la réconciliation et non celui des représailles. Un seul citoyen togolais de plus qui perdrait sa vie pour l’avènement de la réconciliation serait un mort de trop. Beaucoup trop de vies innocentes ont déjà été sacrifiées sur ce territoire, et pour une cause si évidente.

Il est donc nécessairement un crime d’exploiter la démocratie pour servir la vengeance. Il est même indécent, tout à fait impossible même que l’étape prochaine de vérité, de justice, de contrition, de Grand Pardon et d’enthousiasme durable qu’est la réconciliation soit une œuvre de haine lorsque, ensemble, les Togolaises et les Togolais seront à vos côtés pour lever le voile sur un jour nouveau; dès lors que vos propos et vos engagements seront distinctifs, nets, sans équivoque et immensément portés par les clameurs et les aspirations de tous vos concitoyens où qu’ils se trouvent.

Ils attendent, ces hommes et ces femmes, que vous libériez en chaque personne, en chaque citoyenne, en chaque citoyen, l’élan de la cohésion nationale, de l’émergence et d’un nouveau patriotisme; l’élan de la réconciliation togolaise tant attendue.


Monsieur le Président de la République, le Togo tout entier a la certitude que la réconciliation est en marche, et que rien ne l’arrêtera. Même les plus effroyables souillures de la Terre de nos aïeux ne seront que passagères, et ostensiblement coupables au besoin, dans l’environnement politique contemporain.

À leur opposé, à l’opposé de toutes les tentatives de retardement et d’aliénation de l’avenir démocratique de la Nation, se retrouvent l’État de droit, la démocratie, l’alternance, la convivialité, l’armistice politique, les reformes, les élections crédibles, les batailles d’idées, les amitiés, les renoncements, les actions concertées, le développement, les saines oppositions, les brassages sociaux, tous ces atours qui sont aux aguets et attendent, de vous, le signal du renouveau togolais. Par ces temps de grandes tensions, votre responsabilité personnelle dans le dégel politique du Togo est énorme et consubstantielle.

Rien que votre clair signal, votre message d’une réelle volonté de changement politique et ces hommes et ces femmes, cette jeunesse, ces fonctionnaires, ces militaires, ces policiers, ces gendarmes, cette diaspora, ces retraités, ces étudiants, ces religieux, et toutes les composantes du Togo se prêteront volontiers à la raison ainsi qu’à la passion de leur pays, à l’ensemencement et à la fertilisation de chaque parcelle des capacités individuelles et collectives du même territoire enfoui en chacun de nous.

Et pour toujours, le Peuple togolais sera reconnaissant à votre personne, à votre dignité, comme l’aiguillon d’une motivation nouvelle pour un vivre-ensemble dont il est en quête, il y a trop longtemps. Il lui aurait alors fallu un homme, un des siens resté librement humain et clairvoyant, votre personnalité, votre détermination, votre caractère, votre intelligence, pour immortaliser cette indispensable vocation unitaire qui est indispensable pour briser les dernières barrières de la société togolaise.

Notre pays, le Togo, ne saurait rester trop attentiste : nous savons bien qu’actuellement « Dans toutes les larmes s'attarde un espoir », un rêve que chaque citoyenne, chaque citoyen a hâte de concrétiser pour ce pays. Notre pays, le Togo, reste résolument dans cette Espérance.

Ainsi poussé par sa propre destinée, un Togo, nouveau, fait escale à votre porte, devant vos responsabilités et face à votre conscience. L’élan que vous saurez lui injecter, ici et maintenant, à l’orée de l’année nouvelle 2015, avec conviction et authenticité, cet élan servira d’amorce au redéploiement de la Nation togolaise à jamais réconciliée.

Nous, Togolaises et Togolais, pressentons déjà votre adhésion à la République auréolée de votre choix et de votre engagement; la République qui saura, en retour, vous investir d’une place de choix. Ainsi, vous aurez mérité de la République ce que plusieurs autres années supplémentaires ne sauront vous accorder autrement qu’au prix d’une incertitude infinie.


Monsieur le Président de la République, choisissez la certitude d’une année 2015 faste et paisible; une année conforme à votre sens de devoir que le Peuple togolais couvrira, à son tour, de son enthousiasme élogieux. Véritablement, rien ne vous interpelle aujourd’hui que le choix de la gloire.

Le Peuple togolais attend donc de vous servir l’immensité de sa reconnaissance, bien au-delà de vos propres espérances.


Respectueusement soumis, ce choix de la gloire, à votre haute considération.


(J’ai signé)


Diplomatie Publique


Rédigé par PSA le 13/12/2014 à 00:47



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