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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Les dictatures africaines ont fini par élever des remparts autour de leur pouvoir. Les efforts de la société civile burkinabé ayant conduit au départ de Blaise Compaoré sont à chaque fois remis en cause par les moyens colossaux dont disposent toujours sa garde rapprochée, le fameux RSP, le Régiment de la sécurité présidentielle. Pour le comble, le RSP se mue en CND, un encore mystérieux « Conseil national pour la démocratie » avec à sa tête le général Gilbert Diendéré qui n'était que l'ancien chef du RSP et homme de main de Blaise Compaoré. Clairement, le peuple burkinabè a besoin de ses amis. Il y a trop d'impunité en Afrique.


Situation confuse et Peuple en colère
Situation confuse et Peuple en colère



Naturellement, le RSP n’a rien de républicain ni de démocratique. Ce régiment semble ne devoir allégeance qu’a Blaise Compaoré et serait prêt à provoquer le retour en selle de Blaise Compaoré, son fondateur, à travers ce que son maillon politique appelle dorénavant à des « élections inclusives ». Comme certains autres pays comme le Burundi, le Congo et le Togo, manifestement le Burkina Faso est pris au piège d’une garde présidentielle, « armée dans l’armée », très peu républicaine.

La preuve vient d’être donnée au monde entier à travers le vandalisme démocratique en cours, qu’il est aussi convenu d’appeler coup d’État contre la jeune démocratie burkinabè. De tels méfaits de perversion de la démocratie ne peuvent continuer en Afrique sans mettre en danger la sécurité des populations qui restent les seuls verrous de sécurité en contre tous les fondamentalismes en Afrique.

Face aux moyens de nuisance à la démocratie dont disposent le RSP et qu'il déploie de temps à autres, pour un oui ou pour un non, le peuple du Faso a besoin de se dresser de nouveau. Mieux encore, ce peuple a besoin de l’assistance directe des pays amis, africains ou non, pour mettre en état de nuire le RSP, toujours réactionnaire par rapport aux avancées démocratiques entreprises par les institutions du Burkina Faso.

Il y a à peine quelques jours que l’unité d’élite qu’est le RSP a subi les foudres de la Commission de réconciliation nationale et des réformes (CRNR). Cette dernière a réclamé la dissolution du RSP dans son rapport sur la transition du 13 septembre 2015 et rendu public immédiatement le lendemain, lundi 14 septembre 2015. En effet, comme on pouvait s’y attendre et sous la conduite rigoureuse de son président monseigneur Paul Ouédraogo, les membres de la CRNR recommandent aussi que les 1 300 militaires de cette « armée dans l’armée » soient répartis dans d’autres unités.

Après avoir fait l’état de la nation burkinabé et de constater le « lourd passif de crimes divers et des expériences de réconciliation inabouties », le regard des commissionnaires s’est tourné davantage vers l’avenir et sur les moyens de réconcilier les burkinabés. Les « Voies du renouveau » identifiées passent courageusement par plusieurs actes républicains dont le démantèlement de la garde pléthorique prétorienne qu’est devenu le RSP. C’est bien ce qui est proposé à l’adresse de la nation burkinabè et des institutions nouvelles dont celles en attente d’une prochaine consécration électorale.

Le coup d’état auquel nous assistons trois jours seulement après la publication du Rapport de la CRNR, et à la veille des élections générales démocratiques du 11 octobre 2015, est la preuve que les changements démocratiques en Afrique ont besoin des citoyens, certes. Mais, une fois que les efforts sont effectués par les peuples africains pour se débarrasser des dictatures qui les oppressent, ces citoyens aux mains nues ont aussi besoin de l’assistance des nations en moyens de faire face aux retournements des situations qui pervertissent les démocraties au lieu de les consolider rapidement. Le peuple burkinabè a besoin de la démocratie. Le peuple burkinabè a besoin de ses amis, avant que tous les dictateurs africains ne rient dans leur barbe en continuant de se moquer du monde entier.


Horizon


Rédigé par psa le 17/09/2015 à 05:57



Un homme de gauche, anti Blair pur jus, émerge du Labour britannique. Antimonarchiste, favorable à l’intervention de l’État, mais partisan du maintien du royaume dans l’Union européenne, le député d’un quartier du nord de Londres, Jeremy Corbyn, domine la primaire du Parti travailliste. Rien n'est joué... La grande Bretagne retient son souffle toutefois devant la Corbynmania.


Jeremy Corbyn
Jeremy Corbyn


Personne n’aurait misé un penny sur Jeremy Corbyn, lorsque s’est ouverte, à la mi-juin, la primaire du Parti travailliste qui doit désigner le successeur d’Ed Miliband, démissionnaire au lendemain de son échec aux élections législatives du 7 mai. Les trois candidats considérés comme sérieux ne l’avaient aidé à obtenir in extremis les parrainages nécessaires que pour affaiblir leurs adversaires.

Presque deux mois plus tard, alors que le vote s’ouvre ce vendredi – il sera clos le 10 septembre –, Jeremy Corbyn, 66 ans, député du quartier londonien d’Islington depuis plus de trente ans, considéré comme un dinosaure gauchiste par l’establishment du Labour, fait la course en tête. Mardi, un sondage YouGov lui attribuait 53% des voix, 32 points de plus qu’à Andy Burnham, un proche d’Ed Miliband, et 35 points de plus qu’à la candidate modérée Yvette Cooper. Quant à Liz Kendall, qui se réclame de l’héritage centriste de Tony Blair, elle plafonne à 8%. Nombre de militants travaillistes se sont sentis humiliés par la pique de l’ancien premier ministre, désormais très décrié: «Ceux dont le cœur penche pour Corbyn ont besoin d’une transplantation», avait ironisé Tony Blair.

Alors que l’échec du Labour aux législatives est généralement attribué à un positionnement trop à gauche, l’émergence de l’un des rares députés à s’affirmer «socialiste», dans un pays où ce mot équivaut à un chiffon rouge, est considérée comme suicidaire. La presse de gauche a d’ailleurs longtemps traité Jeremy Corbyn avec condescendance, attribuant sa popularité à la mode du vintage et au profond désarroi consécutif à l’échec électoral.

Mais l’affluence à ses meetings, le large soutien des instances locales du parti dont il bénéficie, et surtout son adoubement par les centrales syndicales Unison et Unite, qui financent la campagne du Labour, obligent désormais les médias à le prendre au sérieux.

Jeremy Corbyn est «Nous rejetons l’idée que le Labour doit se positionner au centre», a déclaré Dave Ward, jeudi 30 juillet, en apportant le soutien du syndicat des salariés de la communication, fort de 200 000 adhérents. «Nous rejetons l’idée que le Labour doit se positionner au centre», a-t-il ajouté, en réclamant un programme en faveur d’«une plus juste redistribution des richesses, des emplois et des salaires décents». Le refus de Harriet Harman, leader par intérim du parti, de condamner les coupes drastiques dans les prestations sociales décidées par le gouvernement Cameron a exacerbé les tensions internes.

« Notre mission constante dans le Parti travailliste est de lutter contre l'injustice partout où nous la trouvons. Cette idée m'a guidé tout le long de ma vie politique - et c’est avant tout ce qui m'avait poussé à me présenter comme député au Parlement britannique ».
« Notre mission constante dans le Parti travailliste est de lutter contre l'injustice partout où nous la trouvons. Cette idée m'a guidé tout le long de ma vie politique - et c’est avant tout ce qui m'avait poussé à me présenter comme député au Parlement britannique ».
Une Europe de justice sociale

Pour l’appareil du Labour, acquis au libéralisme économique débridé et au retrait de l’État, le profil de Jeremy Corbyn relève du non-sens. Assidu des piquets de grève, antimonarchiste, partisan de la renationalisation des chemins de fer, militant du désarmement nucléaire, de la solidarité avec la Palestine et du refus de la guerre en Irak, l’élu d’Islington passe son temps au parlement à s’opposer à la ligne de son propre parti.

Ascétique, végétarien, refusant de boire de l’alcool et de posséder une voiture, il est perçu comme la caricature des intellectuels de gauche du nord de Londres. De Karl Marx, il y a «beaucoup de choses à apprendre», a-t-il affirmé, faisant frissonner l’auditoire de la BBC. Certes, il est partisan du maintien dans l’Union européenne, mais «une meilleure Europe défendant la justice sociale et pas la finance».

Dénué de charisme mais fort de sa simplicité et de revendications claires qui font totalement défaut à ses concurrents, Jeremy Corbyn mobilise la jeunesse éreintée par la politique d’austérité du gouvernement Cameron, qui voit en lui le leader d’un Podemos ou d’une Syriza à la britannique. A ceux qui affirment qu’aucune victoire électorale n’est possible avec son programme, il répond que les Ecossais ont plébiscité le SNP (Parti national écossais), résolument positionné à gauche, et qu’en Angleterre même, 36% de l’électorat n’a pas voté. Il se fait fort de mobiliser les abstentionnistes avec un programme d’interventions étatiques destiné à «supprimer les pires vestiges de la pauvreté en Grande-Bretagne».

La réforme du mode d’élection du dirigeant, qui donne aux sympathisants le même pouvoir qu’aux adhérents ou aux syndicalistes, est favorable à l’outsider. Outre les 79 000 adhésions enregistrées depuis les élections, 145 000 personnes ont payé les 3 livres sterling nécessaires pour participer au vote, dont le résultat sera annoncé le 12 septembre. Cela équivaut à un doublement des effectifs, les nouveaux venus soutenant massivement Jeremy Corbyn.

Secouée, la direction du parti dénonce à la fois l’«entrisme» de groupes d’extrême gauche et les manœuvres d’électeurs de droite qui «votent Corbyn» pour tuer le Labour, comme le quotidien conservateur Daily Telegraph les y encourage.

Avec Jeremy Corbyn, «le danger est que le grand parti de gouvernement qu’est le Labour soit réduit à un simple groupe de pression», estime Tristram Hunt, ministre de l’Education du cabinet fantôme du Labour. Les adversaires du député rebelle évoquent avec fureur le précédent de Michael Foot, dont le programme très à gauche, ayant débouché sur le triomphe de Margaret Thatcher en 1983, est resté dans les annales comme «la plus longue lettre de suicide jamais écrite». Complexe, à plusieurs tours, le système électoral interne au Labour n’assure nullement la victoire finale de Jeremy Corbyn. Mais, quel qu’il soit, le prochain leader travailliste ne pourra pas ignorer son message radical. /////// Philippe Bernard

Horizon


Rédigé par psa le 13/08/2015 à 00:30



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