Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Quand il est réellement dans ses œuvres, le chef de l’État français est tout simplement inégalable en ignorance. C’est devenu de son ordinaire que le manifeste du sarkozysme soit un refus de l’élégance et du savoir. On peut ne pas partager l’option souverainiste de la moitié des Québécois de devenir indépendants du Canada, mais on peut difficilement traiter ces Québécois de « sectaires » comme le fait le président de la République française. En fait, plusieurs m’ont posé la question ces deux derniers jours… Ma réaction était plutôt amusée, par rapport au personnage même de Nicolas Sarkozy qui a beau être le président français, demeure toutefois petit dans cette fonction grandiose. En banalisant les propos de Nicolas Sarkozy, je crois que j’ai souvent utilisé le mot « incorrigible » pour lui pardonner ses écarts de langages. En effet, il faut bien un jour prendre ce président français là pour ce qu’il est et ce qu’il semble demeurer : désespérément incorrigible pour rester maitre dans les gaffes politiques inutiles. En prime, il suscite des réactions négatives dont la cause canadienne qu’il voudrait défendre se passerait bien. La preuve, Sarkozy réveille encore certains, dont Pauline Marois, Gilles Duceppe et ici, Lise Payette dans un article « Petit Caporal » ; une désignation peu flatteuse qui pourrait tout aussi être attribuée à Sarkozy qu’à Jean Charest… Je ne le sais pas…


Auguste Rodin
Auguste Rodin
Je suis devant ma télé. J'attends de voir mon bien-aimé Jean Charest se boursoufler de bonheur devant les honneurs qui vont lui être décernées par le président de la France. Les salons de l'Élysée, ce n'est pas rien pour un petit gars de Sherbrooke, et je sens mon premier ministre flotter sur un nuage, un sourire béat sur le visage. Le «Petit Caporal», celui que les Français appellent «Sarko», va parler. Il se tortille et il grimace comme il le fait d'habitude, mais il en rajoute comme le ferait un personnage de Molière dans une mauvaise mise en scène. Il nous ressert la fameuse cassette de l'été dernier, lors de sa visite éclair à Québec, en route vers les États-Unis où l'attendait, croyait-il, son moment de gloire. Il a encore une fois les deux mains dans nos affaires de famille, tripotant l'identité québécoise pour l'arranger à la sauce Desmarais. Il affirme en grimaçant, espérant sans doute faire passer un peu mieux l'énormité de ce qu'il va déclarer, que nous, les Québécois, nous sommes sa famille et que les Canadiens sont ses amis. Que l'heure n'est pas à la détestation et blablabla... Je me dis, en l'écoutant, que cet homme n'a aucune idée de ce qui s'est vécu ici depuis 400 ans. Qu'il dise des choses stupides en les signant Sarkozy, c'est son droit le plus strict, mais qu'il les dise au nom du président de la France, alors qu'il est en fonction, c'est une énormité impardonnable. Je pense que quelqu'un va intervenir, profiter du moment pour remettre la pendule du président à l'heure, trouver la formule qui va corriger immédiatement l'affront qu'il vient de nous faire pour la deuxième fois en peu de temps, mais personne ne bouge. C'est alors que je comprends que Jean Charest va devenir un héros. Il va très calmement et avec dignité refuser la Légion d'honneur. Il va choisir son peuple au lieu de la médaille. Il va afficher son courage et son identité. Il va remercier la France et le président pour tout ce que nous leur devons, mais il va afficher sa fierté d'être Québécois et il va prendre tout son peuple malmené par le président Sarkozy sous son aile parce qu'il est son chef, et que c'est pour ça qu'il est notre représentant. Il va se tenir debout. Et il va pouvoir rentrer au Québec la tête haute, laissant les Français démêler leurs sentiments entre eux en dehors de notre présence. Sarkozy passe la médaille au cou de Jean Charest. J'ai envie de pleurer. J'ai honte de voir que Paul Desmarais applaudit. Jean Charest se fait tout petit pour être à la hauteur de Sarkozy et je sais que s'il rougit, ce n'est pas de honte, mais de plaisir. Si au moins il avait profité du moment pour dire ce que nous sommes, les luttes que nous avons menées pour survivre et celles d'aujourd'hui sans aucune garantie de survie même après tous ces siècles. Il a semblé dire qu'on ne corrige pas le président de la France. Je crois qu'il fallait le faire, au contraire, et en assumer les conséquences. Ce président qui n'aime pas la «détestation» a réussi à faire sortir pratiquement toute la France dans la rue, contre lui, il y a moins d'une semaine. Et cet homme donnerait des leçons aux autres? Je n'ai pas pu m'empêcher de me demander ce que René Lévesque aurait fait dans les mêmes circonstances. Il se serait sûrement tortillé, car lui aussi il avait cette caractéristique. Il aurait fait quelques grimaces, mais je suis convaincue qu'il aurait défendu son peuple avec des mots que Sarkozy aurait compris. Et plus jamais ce président ne se serait permis de donner des leçons aux Québécois quant à la façon de mener leurs affaires. Il s'est conduit comme un malappris, et je crois que Lévesque le lui aurait dit. Quant à Jean Charest, c'est un cas désespéré. Il avait tout en main pour expliquer les relations Québec-Canada à son ami «Sarko», lui à qui Ottawa vient de servir une gifle mémorable dans son dernier budget. Il a choisi le mauvais camp, comme d'habitude. Il a choisi de ne déplaire ni à «Sarko», ni à Desmarais surtout. Sans doute parce qu'il en attend encore quelque chose. J'ai fermé ma télé. J'avais quelque chose comme un mauvais goût dans la bouche. L'impression d'avoir été trahie par un premier ministre qui aurait dû me défendre. Dommage.

Horizon


Rédigé par psa le 06/02/2009 à 06:06
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Yves Poulain, correspondant de Radio Canada à Washington DC, pense que notre ami, Barack Obama, fait face à ses premières difficultés. Probablement que oui, pour un président qui a la transparence comme promesse. Ce qui est aussi merveilleux dans cette tournure, c’est aussi la réaction rapide de ce président qui n’a pas hésité à avouer que des erreurs aient été commises dans le choix de certaines personnes. À retenir dans tout cela, le ton présidentiel a vraiment changé et un humain semble être désormais aux commandes des États Unis d’Amérique. C’est aussi cela la beauté Obama dont le parcours est sans aucun doute semé de nombreux trous après le passage de notre autre ami Georges W. Bush. Et Dieu sait qu’il a commencé à en remplir adéquatement de ces trous pour refaire le passage.


Dorothy
Dorothy
Barack Obama avait promis d'insuffler un vent de renouveau à Washington. Fini les intérêts particuliers, les lobbyistes! Place à la responsabilité, à l'éthique et à la transparence! Mais à peine deux semaines de présidence se sont écoulées que le nouveau chef de la Maison-Blanche est victime de ses propres règles ou des enquêtes bâclées au sujet des membres de son Cabinet. L'ancien leader démocrate du Sénat Tom Daschle, nommé secrétaire à la Santé, a dû renoncer à son poste. On a appris qu'il avait « promis » de payer 140 000 $ en impôts. Il paraissait aussi en grave conflit d'intérêts, puisqu'il avait touché des millions de dollars comme consultant auprès des industries liées à la santé, après son départ du Sénat, en 2005. Tom Daschle était perçu comme le meilleur candidat pour convaincre le Congrès et les divers groupes d'intérêts de doter enfin les États-Unis d'un régime universel d'assurance santé. La réforme de la santé, l'une des priorités du président, sera ainsi retardée de plusieurs mois, sinon davantage. L'opposition républicaine au Congrès et plusieurs journaux, dont le New York Times, avaient souhaité que Tom Daschle renonce à sa nomination. Le « démission » de Tom Daschle est survenue le même jour que celle de la contrôleuse du budget de la Maison-Blanche, Nancy Killefer, également en « indélicatesse » avec l'impôt américain. Le président Obama n'avait guère le choix d'accepter « avec tristesse et regret le retrait volontaire » de Tom Daschle et Nancy Killefer. Ces deux distractions s'ajoutaient à celle de Timothy Geithner, secrétaire au Trésor, confirmé dans ses fonctions malgré ses omissions répétées de régler certains impôts (43 000 $) quand il était à l'emploi du Fonds monétaire international. Dans les tribunes téléphoniques à la radio américaine, plusieurs citoyens commençaient à évoquer la règle des « deux poids deux mesures » devant le fisc. Les humoristes de la télévision avaient aussi commencé à ridiculiser les « distraits » de l'impôt du Cabinet Obama. Ces affaires ont rappelé le goût amer laissé par l'épisode Leona Hemsley, l'ancienne propriétaire de luxueux hôtels à New York. Elle avait affirmé, avant d'aller en prison pour évasion fiscale, que « seules les petites gens » payaient de l'impôt. Sans oublier le cas de Bill Richardson, le gouverneur du Nouveau-Mexique, qui a dû renoncer au poste de secrétaire au Commerce, en raison d'une enquête sur des allégations de corruption dans son administration. On peut aussi ajouter dans la liste le sous-secrétaire à la Défense William Lynn III, nommé en dépit de ses antécédents de lobbyiste pour Raytheon, un des grands fournisseurs militaires du Pentagone. Le président Obama a tenté de limiter rapidement les dégâts après les départs de Tom Daschle et de Nancy Killefer. Il a reconnu avoir manqué de jugement au cours d'une série d'entrevues aux grands réseaux américains de télévision. Il a affirmé: « Je pense que cela a été une erreur. J'ai foiré. (I screwed up) J'en prends la responsabilité et nous allons faire en sorte de régler le problème pour être sûrs que cela ne se reproduira pas ». Tout un contraste avec George W. Bush, qui a pratiquement toujours refusé la responsabilité de toute erreur. Cet aveu d'échec sera-t-il suffisant pour maintenir le lustre de la jeune présidence? À peine 24 heures, après le départ de ses deux collaborateurs, le chef de la Maison-Blanche a tenté de rassurer les contribuables, en annonçant des règles salariales strictes pour les grands patrons des entreprises renflouées par le gouvernement fédéral. Barack Obama, le candidat qui en campagne électorale avait promis de faire de la politique autrement et de changer les moeurs à Washington, écope malgré tout de ses premières tuiles.

Mot à Maux


Rédigé par psa le 05/02/2009 à 10:45
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