Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




C’était plus ou moins prévu dès le départ, mais tout de même, on est impressionné. D’ici peu, sans doute dès la fin de la semaine, Avatar de James Cameron va détrôner le Titanic du même auteur (1997) comme le plus grand succès du cinéma de tous les temps.


Gilles Rousset
Gilles Rousset

La nouvelle stratégie de sortie mondiale quasi simultanée, jusque sur des marchés aussi peu accessibles que l’Inde ou la Chine, n’y est sans doute pas pour rien. Cela n’en fera pas forcément le film le plus rentable, ni le plus vu, ni le meilleur. Mais ce succès phénoménal n’en donne pas moins à réfléchir: qu’est-ce qui rend donc Avatar si irrésistible? Car, au-delà d’une démonstration de la puissance de frappe du marketing hollywoodien, il y a là un film qui plaît et qui fait parler de lui pour ses indéniables qualités.
Qualités techniques d’abord, avec l’affirmation de la troisième dimension (3D) comme avenir possible du cinéma, et plus seulement de celui d’animation. En réalité, Avatar est tout aussi frappant en version «plate», mais plus de la moitié du public s’est ruée sur la version «relief». Simple effet de nouveauté, comme à l’époque du premier boom de la 3D, dans les années 1950? Censée contrer l’arrivée de la télévision, la 3D s’était alors vite révélée un «gimmick» dispensable. Mais, cette fois, avec Tim Burton, Steven Spielberg et Peter Jackson déjà sur les rangs, cela pourrait se passer autrement, et faire d’Avatar le prototype d’une riposte à l’essor du «home cinema».
Qualités artistiques ensuite, tant la patte du cinéaste, également auteur du scénario, est ici évidente. Si James Cameron, maître du cinéma de genre acquis à son principe de recyclage permanent d’idées et de formes, n’a rien d’un visionnaire comme Stanley Kubrick, il manifeste une belle fidélité à des thèmes personnels et une capacité phénoménale à coller au «Zeitgeist» (Esprit du temps). Naïve, la fable d’Avatar? Peut-être, mais aussi sacrément bien vue dans son propos écologiste, anti-impérialiste et féministe, sa mise en abyme de l’expérience du spectateur et son invitation à un dépassement de ses limites par l’humain! Si la version 2D fonctionne parfaitement, c’est que la meilleure dimension supplémentaire restera toujours l’immersion par identification, ce que Cameron maîtrise heureusement aussi bien que ses innovations technologiques. Et s’il y aura bien un avant et un après Avatar, ce sera pour toutes ces raisons-là. ///////Norbert Creutz


Ad Valorem


Rédigé par psa le 25/01/2010 à 06:15



Lendemain du jour de naissance de son fils, partons à la rencontre de Joseph. Doux, attentif, concret. «Epoux non possessif de sa femme et de son fils». Le mari de Marie est «l’ancêtre des pères d’aujourd’hui». De plus, voilà un homme qui accepte sans broncher de s’occuper d’un enfant qui n’est pas de lui, «comme tant d’hommes sont amenés à le faire aujourd’hui». C’est un scoop : Joseph est le modèle des pères modernes.


Mangilli
Mangilli
La psychanalyste française Marie Balmary, auteur de La Divine Origine: Dieu n’a pas créé l’homme, interroge quant à elle la Bible depuis vingt-cinq ans. Et en tire la surprenante conclusion que, dans la suite d’Abraham et Sarah, c’est le couple formé par Marie et Joseph qui est moderne, «s’il est vrai que ce que nous cherchons aujourd’hui, c’est une relation entre un homme et une femme où chacun a sa juste place». Un couple qui est tout le contraire de celui, raté, d’Adam et Eve: d’abord, parce que, lorsque Joseph apprend que Marie est enceinte, «il ne la désigne pas comme coupable». Ensuite, parce que «Marie, contrairement à Eve, résiste à la promesse mirifique, à la tentation de faire un enfant toute seule avec l’Eternel». A la naissance de Caïn, en effet, Eve dit: «J’ai acquis un homme avec YHWH (Dieu).» Elle ne mentionne pas la paternité d’Adam. Marie en revanche, lorsque l’ange lui annonce qu’elle enfantera le fils de Dieu, s’étonne qu’une telle chose soit possible puisqu’elle ne connaît pas d’homme. «Relation sans connaissance? Symbole à interpréter?» se demande Marie Balmary. Voilà en tout cas un homme, Joseph, «époux non possessif de sa femme et de son fils». Et une femme, Marie, qui «n’est pas une mère porteuse», mais signifie clairement que la place à ses côtés est occupée par Joseph. «Ton père et moi nous te cherchions», dit-elle à Jésus lorsqu’elle le retrouve au temple. «D’une certaine manière, conclut Marie Balmary, Marie et Joseph représentent un accomplissement. Car une mystérieuse réussite a lieu lorsque l’humain n’est issu ni d’un père tout-puissant ni d’une mère toute-puissante, mais d’une relation puissante.» Cette passionnée de la Bible, qui s’est mise à apprendre l’hébreu après avoir découvert les traductions d’André Chouraqui, va plus loin dans ses écrits: elle est parvenue à la conviction que, dans le texte, Dieu lui-même n’est pas tout-puissant. Et que «cette figure d’ogre» qui s’est imposée à nous est bien souvent issue de la tête des lecteurs et des traducteurs. Dans le texte original, note Marie Balmary, le Père dit «nous»: «Nous ferons l’humain en notre image.» «Où est la mère, se demande la psychanalyste? Serait-ce l’humanité?» En tout cas, pour elle, les choses sont claires: «On est dans une religion de la relation.» Pas de la possession, pas de la toute-puissance, pas de l’exclusion. De la relation. Que Dieu l’entende. //////Anna Lietti



Ad Valorem


Rédigé par psa le 26/12/2009 à 01:36



1 ... « 65 66 67 68 69 70 71 » ... 143