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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Retour vers le futur? Ici, réellement, le futur s’entremêle et se nourrit de son passé; et cela change tout à l’étrange présent. Il est clair que le président François Hollande frôlera la catastrophe de l’humiliation à l’allure actuelle, si rien n’est fait en termes d’incarnation de l’action gouvernementale, c’est-à-dire le renversement de la courbe politique de la crédibilité elle-même, plutôt que du renversement de la courbe du chômage. Une éternité 2017? Pas si sûr!


Taubira et Hollande: respect et souvenirs
Taubira et Hollande: respect et souvenirs


Certes, ceci n’était pas de l’ambition de Christiane Taubira. Néanmoins, François Hollande aurait nommé une battante comme Christiane Taubira au poste de Premier Ministre, légitimement Première Ministre dans ce cas, que les choses ne seront pas aussi difficiles pour lui dans cette année préélectorale. Parce que les choses ne se présentent toujours pas bien pour François Hollande, qu’il faut en arriver à l’évidence que c’est plutôt d’un Premier Ministre politiquement combatif et fortement charismatique qu’il lui faut pour affronter le primordial prochain rendez-vous électoral. Manuel Valls n’a jamais fait recette véritablement. Or, politique rime avec charisme crédible, et de plus en plus.

Nous le savons. À moins d’une contrefaçon institutionnelle des statistiques, jamais la courbe du chômage ne sera à la renverse, en si peu de temps, comme baromètre des réussites de l’action gouvernementale. D’ailleurs, les chômeurs autant que les citoyens ont besoin d’une voix crédible, à défaut de travail ou d’un projet emballant, même tardif.

Après tout, ce sont les citoyens qui se transforment en « entrepreneurs autonomes » ou en « entrepreneurs salariés » qui créent la richesse génératrice d’emplois, c’est-à-dire d’autres « entrepreneurs autonomes » et « entrepreneurs salariés ». Tout est dans la créativité qui ne peut être ensemencée dans aucun pays si la confiance a déserté les lieux. C’est cela créer du travail aujourd’hui en France, pas dans un monde global désincarné, mais avec et pour des citoyens exigeants et légitimement incontrôlables qui, au-delà des attentats terroristes, affichent inlassablement : « Valls m’a tuer ».


Hollande n’avait pas besoin d’une copie de Sarkozy

Difficilement, Manuel Valls peut être considéré comme capable de porter des perspectives ambitieuses et adaptées à la France, et qu’il soulèverait l’enthousiasme citoyen qui reste le moteur de la croissance et de la créativité. Nous l’aurions déjà vu faire et le vent d’espoir aurait longtemps soufflé sur cette France depuis mars 2014.

À chaque occasion cruciale, il faut un apport différentiel à la politique. Trop souvent, cette plus-value vient du flair politique. Il est trop tard maintenant de vouloir ramener Christiane Taubira au gouvernement. Le problème est d’avoir succombé aux sirènes anti-citoyennes, in-enthousiastes et chimériques, dont la porte-flambeau immerge ostensiblement en Manuel Valls. La France, et surtout pas sa gauche officiellement au pouvoir, n’avait besoin d’une pâle reproduction de Nicolas Sarkozy aux côtés de François Hollande.

Et les choses tombent mal! Voici un Nicolas Sarkozy au comble de la démagogie politique qui confond allègrement le neutre paquet de cigarettes aux bouteilles de vin français qui font la distinction universelle du pays dont il a présidé aux destinées. Voilà une sortie cauchemardesque qui confirme d’ailleurs le caractère infructueux du retour de cette personnalité aux plus hautes fonctions républicaines. Jamais Alain Juppé ne ferait une telle sortie, profondeur et crédibilité obligent… Le temps et le Québec l’y ont aidé, et depuis il ne s’en cache plus, ne gardant « rien en réserve » désormais : « France, mon pays: Lettres d'un voyageur », « Je ne mangerai plus de cerises en hiver », etc.

Avatar de Nicolas Sarkozy s’il faut encore le dire, Manuel Valls pas plus qu’Emmanuel Macron d’ailleurs, tourbillonne davantage qu’il ne soit porteur de projets crédibles de reprise socio-économique pour cette France qui s’étale sous nos yeux. Toutes et tous fouettés par le départ de Christiane Taubira du gouvernement –et de la manière la plus digne, il nous est rappelé qu’il faut toujours habiter la politique, et non occuper l’espace politique de manière trop souvent ordinaire et vouloir amender une Constitution presque par opportunisme. Il s’agit bien de toujours faire de l’ordinaire un acte politique extraordinairement éthique, et ne nullement extraire des opportunités des attitudes revanchardes, intempestives et démesurées. Nous y sommes, malheureusement!

Si sosie politique de Christiane Taubira existe avec autant de charisme et de crédibilité –elle-même loyale à François Hollande pour accepter toute confusion supplémentaire, c’est le moment ou jamais de sortir cette doublure enchanteresse; particulièrement, après le refus de Nicolas Hulot de s’associer au gouvernement remanié. Il est véritablement temps de sortir la France de l’ordinaire… Prière de ne pas envoyer des fleurs.

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Rédigé par psa le 04/02/2016 à 22:22



Jour de prestation de serment pour la nouvelle équipe gouvernementale appelée à gouverner le Canada. La couleur y était : représentative de la diversité canadienne. Mieux encore la parité entre hommes et femmes, quinze personnes de chaque côté. Félicitations ! Seul bémol, le Premier ministre Justin Trudeau a oublié l’Afrique et ses représentants dans le choix des ministres. Quatre Afro-Canadiens, une femme et trois hommes, tous bien outillés dont aucun n’a trouvé responsabilité ministérielle. Disons, pas encore ! Et croisons les doigts pour voir la suite des nominations aux responsabilités d’adjoints parlementaires aux ministres titulaires.


Sidy Diallo et Justin Trudeau
Sidy Diallo et Justin Trudeau
Dans tous les cas, l’Afrique était de la fête à Rideau Hall, à Ottawa. Tellement, la joie est énorme face à la prouesse d’avoir fait partir le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Personne ne boudait le plaisir de cette journée aux côtés des membres du gouvernement ; et surtout pas les Africains Canadiens. Demandez à l’ami Sidy Diallo, tout excité qui m’avait appelé au boulot ce matin : « Je comprends ! », dit le prof Yao Assogba lorsque je lui racontais l’histoire du jour… L’ami Sidy, muni du livre de Justin Trudeau « Terrain d’entente ». Et voilà que les étoiles africaines étaient bien alignées pour Sidy qui a pu avoir une agréable conversation avec son PM qui luis a dédicacé aussi le Livre « Terrain d’entente ». Bonheur total! Bonheur absolu! Bonne présence africaine alors. Justin Trudeau pardonné!

Pour ce qui est du Livre, profitons pour en dire quelques mots selon la présentation faite par le journal Le Devoir dernièrement, en octobre.

Sous des formes variées, il reprend cette formule des chemins à part à quelques reprises dans le livre. Il s’applique aussi à souligner que, s’il reste un « intellectuel austère » chez les Trudeau d’aujourd’hui, c’est son frère Sacha. Justin préfère qu’on pense à lui comme une personne à l’écoute des autres, un naturel aimant le contact humain.

Justin Trudeau prend aussi soin de distancier son style de politicien de celui de l’ex-premier ministre. Selon lui, s’il faut chercher dans sa famille un modèle lui ressemblant, c’est du côté de son grand-père maternel que l’on doit regarder. James Sinclair, ministre libéral des Pêcheries dans les années 50, « était le parfait exemple du politicien de terrain, un homme qui adorait socialiser avec les gens, serrer des mains, écouter et embrasser des bébés de temps en temps. Le contraste entre les deux hommes était saisissant. […] C’est le style de campagne de Jimmy, axé sur le porte-à-porte, et non celui de mon père, qui m’a servi de modèle parce que cela cadrait davantage avec ma personnalité. »


Long voyage en Afrique et en Asie

Sa personnalité et son parcours, Justin Trudeau les dessine à grand renfort d’anecdotes propres à plaire aux regards curieux de connaître ce qu’est la vie d’un Trudeau né dans l’œil du public. Tout y passe : les photos sur le réfrigérateur familial (ses enfants, sa femme Sophie, son père), les expéditions en canot rouge, ses expériences comme moniteur de planche à neige ou videur de bar, son passé d’enseignant dans l’Ouest, sa relation avec l’alcool (il boit peu, et ne parle pas de consommation de marijuana) ou les filles (il s’est « épanoui plutôt tardivement », dit-il), Trudeau est généreux.


Je faisais du surf sur la vie
Je faisais du surf sur la vie

Il raconte son long voyage en Afrique et en Asie au début de la vingtaine. Il se remémore la vie de jeune garçon au 24 Sussex, la GRC aux fesses. Il parle de sa passion pour le bénévolat ou les jeunes. Il raconte sa version de la dislocation du mariage de ses parents, un événement qui l’a touché profondément. Même chose pour la maladie mentale de sa mère, Margaret, qui a lutté toute sa vie avec la bipolarité. Terrain d’entente ne révèle aucun scandale, mais offre un regard personnel sur les événements qui ont forgé Justin Trudeau. Y compris un problème d’acné qui a laissé des « blessures ». « Encore aujourd’hui, quand on me complimente sur mon physique, ça me fait plaisir, mais j’ai toujours le sentiment que les gens le font par simple politesse. »

Le ton n’est évidemment pas à l’autocritique, mais Trudeau reconnaît par ailleurs qu’il lui a fallu du temps pour « trouver sa voie ». Il brosse le portrait d’un étudiant jamais branché, dont le « manque de constance sur le plan scolaire » préoccupait tout le monde, lui compris. « Je faisais du surf sur la vie », écrit-il à un moment. Cela a duré essentiellement jusqu’à son entrée en politique, en 2007.

Et ce 4 novembre 2015, serment du Premier ministre Trudeau sous les yeux de sa mère Margaret, avec une forte pensée pour le père, Pierre Elliot Trudeau, celui-là même qui, en raison d’une circonstance particulière en face de sa résidence sur l’avenue des Pins Montréalaise, m’appelait toujours, moi, « Le bon Samaritain ». Drôle que mon ami Sidy ait eu à son tour cette agréable expérience avec le fils Trudeau aujourd’hui. Bonheur total! Bonheur absolu! Bonne présence africaine alors. Justin Trudeau pardonné! Justin Trudeau modèle à Sidy! Restons vigilants pour cette nécessaire présence africaine...

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Rédigé par psa le 04/11/2015 à 23:51



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