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Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




Le Vatican socialiste brésilien est en conclave et fait une découverte : le destin est à la politique, ce que le hasard est à Dieu lui-même, inextricable. L’Afro-Brésilienne Marina Silva, écologiste pure et ancienne ministre de Lula va probablement croiser le fer des élections présidentielles avec la présidente sortante Dilma Rousseff. Alors directrice de cabinet du président Lula, Dilma Rousseff, et Marina Silva se détestaient cordialement déjà. Partie remise, nouvelle lutte à venir ou authentique drame shakespearien. Là est la question est là!


Le defunt Eduardo Campos en compagnie de Marina Silva
Le defunt Eduardo Campos en compagnie de Marina Silva
Marina Silva avait fini par quitter le gouvernement Lula. Elle a fait du chemin politique, a abouti au Parti Vert brésilien, puis à la tête d’un nouveau Réseau d’environnementalistes avant de faire alliance, et alliance seulement, avec Eduardo Campos chef du Parti socialiste brésilien (PSB) et lui aussi ancien ministre de Lula. Le tandem politique était en marche pour affronter Dilma Rousseff dans les élections prochaines d’octobre. Eduardo Campos et Marina Silva, colistiers pour les besoins de la cause, arrivaient quand même en troisième position dans les sondages pour les présidentielles que la présidente Dilma Rousseff pourrait ne pas gagner au premier tour face aux Conservateurs jusqu’à maintenant deuxième. Le décor politique est mis et on attendait les acteurs. Patatras et pleurs!

Depuis cette semaine, mercredi dernier, le Brésil a perdu brutalement Eduardo Campos du PSB dans un accident d’avion; et voilà que les données commencent à changer. Et si le parti socialiste acceptait de prendre et d’adopter la colistière de son défunt candidat Eduardo Campos comme sa nouvelle tête de liste, quitte à lui adjoindre un socialiste pur jus comme vice-président. Et si les deux rivales Dilma et Marina s’affrontaient politiquement, enfin, pour donner de la saveur à cette élection. Et si Lula lui-même revenait pour reprendre service et redorer le blason de son Parti des travailleurs qui ne fait pas mieux dans les mains de Dilma Rousseff. Et si… Et si… Et si…

Le Parti socialiste brésilien doit écourter son deuil et faire face à la réalité de designer une autre personne pour remplacer le défunt Eduardo Campos. Le PSB doit reprendre campagne et, si possible, transformer son drame en sympathie populaire. En pareille circonstance, la loi électorale brésilienne accorde un délai de dix jours au PSB pour trouver un remplaçant et communiquer un autre tandem à la Commission électorale. D’ailleurs, la campagne électorale commence ce mardi 19 août sur les chaines de télévision, un autre champ de bataille politique au Brésil.

Marina le choix du Brésil populaire
Parlant en son propre nom, le frère d’Eduardo, Antonio Campos, déclare au lendemain du drame que son frère aurait naturellement fait le choix de designer Marina Silva pour le remplacer. En conclave, les bonzes du PSB découvrent qu’il y a beaucoup trop de paramètres qui ne font pas de l’écologiste Marina un choix facile et naturel à leur parti politique, davantage centriste. Mais la rue a fait son choix, et elle n’attend plus la fumée blanche du Vatican socialiste brésilien : Marina Présidente!

Ennemie jurée des exploitants forestiers brésiliens, le milieu d’affaire et une frange du parti socialiste brésilien ont de la difficulté à consacrer la vigoureuse et grande militante écologiste Maria Osmarina Marina Silva, récipiendaire de plusieurs prix pour sa trop grande ferveur environnementaliste. Chrétienne pentecôtiste, Marina Silva attend que les choses se précisent en sa faveur dans les prochaines heures, et elle est prête à faire des compromis raisonnables à cet effet. Issue d’une famille pauvre de onze enfants, Marina s’est sortie du destin par le haut et elle sait faire des compromis, ceux qui font avancer sans se laisser écraser par d’autres. C’est cette bataille quotidienne qu’elle sait mener et gagner sur la vie. Elle qui a trimé dur pour arriver à obtenir son diplôme universitaire d’historienne et qui connait bien la dureté de la politique au Brésil pour avoir également été syndicaliste comme son ancien mentor Lula.

Déjà en 2010, les présidentielles lui avait donné une étonnante popularité confirmée par 19 millions d’électeurs alors qu’elle dirigeait le modeste Parti Vert. Depuis, les déboires de la Coupe du monde FIFA 2014, les déçus de Dilma Rousseff surtout, tous ont leurs regards tournés vers l’espoir du changement et de la lutte contre la corruption que symbolise Marina Silva devenue dirigeante principale d’un vaste Réseau d’adeptes de développement durable intégral dans tout le Brésil.

C’est tout le Brésil qui croit désormais vivre une ère politique digne d’un drame shakespearien. Comme collés devant leur télévision, les Brésiliens attendent le dénouement avant d’aller au lit, et voir la suite au lendemain des élections : « What’s done cannot be undone. To bed, to bed, to bed! » disait bien le personnage shakespearien de Lady MacBeth. Au Brésil, l’on pense que certains sorts sont définitivement liés, et une autre ferveur digne des débuts d’Obama est sur le point de porter l’Afro-Brésilienne Marina. Jusqu’où? Là est la question est là! Pour de nombreux croyants brésiliens, Eduardo Campos n’avait pas fait son choix en dehors du parti socialiste pour rien. Dieu à l’œuvre ne serait donc que le hasard en action chez les profanes. Croyants ou pas, tous les observateurs pensent véritablement vivre l’épisode inattendu d’une télésérie populaire aux intrigues brésiliennes, très en demande en Afrique d’ailleurs.


Horizon


Rédigé par psa le 16/08/2014 à 02:00



Silence au peuple togolais? Non! De partout, il nous faut donner des signes de la lente mais constante évolution politique du Togo, des signes de la conversion définitive de toute une nation à la démocratie et à une République intégrale. Le temps est propice; le rappel des troupes démocratiques doit être sonné, et chacun doit répondre à ce nouvel appel à la République. 2015 ne saurait être la reproduction du 2005 togolais avec ses centaines de morts. D’autant plus que les dix dernières années n’ont servi qu’à confirmer l’absence de volonté politique des pensionnaires du pouvoir présidentiel togolais : « Mais là parut l’écueil de sa course hardie, les peuples sommeillaient : un sanglant incendie fut l’aurore du grand réveil». « Démocratie ou rien! », « Démocratie ou rien! », ce peuple togolais têtu recommence à scander sa soif de liberté, rejoint par d’anciens fidèles du pouvoir oppresseur… Togolais, tous égaux par la démocratie.


Chuka Harrison Umunna, le nouvel Obama anglais. Il symbolise le devoir du changement en politique, même au Togo.
Chuka Harrison Umunna, le nouvel Obama anglais. Il symbolise le devoir du changement en politique, même au Togo.


Dans le brouillard des tergiversations et de la suffisance du pouvoir présidentiel, les Togolais ont réussi à s’emparer de la réconciliation et ont même obtenu l’unité d’action de l’opposition nouvelle post-Gilchrist Olympio. Réunir les deux solitudes togolaises, voir le Nord et le Sud aspirer ensemble à la démocratie reste un pas de géant consacrant la mue d’un certain Togo, inaltérable et incompressible devant tous les abus politiques des dernières années.

Évènement majeur également, la probante unité d’action politique de l’opposition togolaise est un manifeste véritable de la nécessité d’inaugurer une ère nouvelle dans la vie politique togolaise. Une ère de dépersonnalisation du débat qui vient consacrer l’aboutissement d’un plaidoyer; un plaidoyer aussi noble que la cause de l’appel à la démocratie et au devoir de produire, enfin, des résultats républicains dans l’action politique visant le changement au Togo. Toutes choses qui ne pouvaient exister sous le long règne et la domination inefficace de Gilchrist Olympio.

Ainsi, l’abîme politique avait tellement duré que l’acte politique lui-même était déconsidéré, orphelin de père et de mère, orphelin du pouvoir et de l’opposition. L’aveu d’une telle désespérance fut l’alliance contre nature entre Gilchrist Olympio et Faure Gnassingbé; une alliance contre-peuple, contre-écoute, contre-éthique, contre-vérité; une alliance contrefaite et un contre-exemple qui n’avait de raison que l’incompétence politique déchaînée de ses géniteurs ainsi que la tromperie programmée des citoyens togolais. Une alliance mort-née. Une alliance mortifère... À d’autres! Passons!

Les Togolais ne veulent rien savoir d’une démocratie frelatée

Les Togolais sont intégralement pacifiques, et ils possèdent une réelle adhésion à la République une et indivisible. C’est donc tout naturellement qu’ils veulent être démocrates, retrouver la démocratie ou rien. Rien d’un système politique frelaté, rien d’un kpayo démocratique qui enivre ses tenants et pervertit l’avenir du peuple; rien d’un état de siège permanent qui étouffe la fierté et l’enthousiasme de toute une nation; rien d’une force brute qui toujours s’abat sur leur désir de liberté, leur désir d’État de droit, leur désir d’humanité, de réconciliation, de raison et de bon sens.

Pour être restée si longtemps debout, l’aspiration du peuple togolais à la liberté est sans relâche et en renouvellement constant, en plus de mériter considération et encouragement. Très peu d’illusion subsiste aujourd’hui dans l’esprit des Togolais, et même jusque dans les rangs de ceux qui émargent au pouvoir présidentiel dominant. Démocrates dans l’âme, les obligés du pouvoir se sentent visiblement pris dans un engrenage antidémocratique dont ils n’ont pas le courage de s’extraire par leur force de caractère. Prisonniers, ils le sont de leur désir de gloire épineux et liberticide. Individuellement honnêtes, ils participent à une gouvernance antidémocratique et restent incapables de se résigner à la République intégrale qui ne demande qu’à les racheter, leur offrir la rédemption et le Grand Pardon, sauver leur âme.

C’est bien cette résistance fragrante à la démocratie qui complique les choses au Togo. Le Togo, un pays dont la traversée du désert a duré plus de quarante années, exceptionnellement, avant l’arrivée à la démocratie promise et toujours attendue. Cette longue traversée du désert a fini par rendre certaines personnes dépendantes et pensionnaires d’une démocrature, leur veau d’or, qui s’éternise en se confectionnant des habillages législatifs inédits à la veille de chaque élection cruciale.

C’est alors que des lois infidèles à la volonté populaire naissent pour corrompre et falsifier la République, retarder la réconciliation définitive. C’est alors que naissent des projets douteux de charité publique. Et pourtant l’histoire universelle l’a tant enseigné que : la justice l’emporte sur la charité. On ne peut pas faire le bien des peuples avec des moyens corrompus, la finalité ne justifie guère tous ces moyens douteux déployés à la grandeur du Togo. Des moyens douteux déployés dans toutes les circonstances et dont s’en répandent aujourd’hui d’anciens obligés. Heureusement, d’autres suivront. Heureusement, les peuples ont toujours une marge de liberté et d’oubli. Heureusement, il ne faudra pas soumettre tout le pays à un tardif rituel, un tout autre baptême de feu, pour l’expurger du cycle répétitif de tant d’erreurs et de fatalités. Heureusement, eux-aussi ne savaient pas ce qu’ils faisaient à leur peuple.

Des jours glorieux attendent le Togo

Probablement que s’achève une si longue comédie qui a répandu autant de débris dramatiques dans toutes les familles togolaises. Autant de « fantômes de gloire » ne peuvent plus hanter tout un pays, amoindrir et semer la honte sur tous ses citoyens. Au moment où le gouvernement togolais se durcit en se disant, par dérision grotesque, ouvert aux vertus du dialogue, de la limitation du mandat présidentiel et de l’alternance, c’est l’histoire d’une autre tragédie qui se prépare. Comprenons : Un seul Togolais mort pour qu’advienne enfin la démocratie civilisatrice au Togo, restera un mort de trop. Les dirigeants politiques togolais ne peuvent plus continuer à s’exonérer du « Tu ne tueras point » universel, d’autant plus que les exécutions, les disparitions et les répressions n’ont jamais dissuadé leurs compatriotes de faire renaître une démocratie véritable sur la « Terre de nos Aïeux ».

Démocrates ou rien, il est prévisible que les Togolaises et les Togolais continueront à se battre pour recouvrer leur dignité confisquée. Des lendemains de fanfaronnades et de liesses démocratiques, des veillées et des journées glorieuses sont donc à prévoir dans le proche avenir politique du Togo : des « Trois, Cinq, Sept Glorieuses » comme chaque peuple en a droit pour s’affranchir de la tyrannie et retrouver son destin. C’est écrit : « l’isolement n’est pas possible en temps d’élections, pas plus que la solitude au milieu d’un champ de bataille »; l’isolement des Togolais ne serait pas possible en temps de démocratie partout en Afrique et dans les voisinages immédiats du village global, à moins de vouloir la mort du Togo et de sa population exténuée et décidée.

Par ces temps, il faut donc ôter du Togo tout ce qu’il traîne encore de dangereux et de farfelu : faire croire et se leurrer que le Togo se fera sans la volonté librement exprimée de ses citoyens, ou imaginer sans cesse des astuces pour étouffer le suffrage universel, le véritable choix des Togolais, leur volonté suprême, c’est-à-dire l’ordre et la paix publique nécessaires au développement. Silence aux citoyens togolais? Non! La République intégrale sera au bout de l’alternance démocratique longtemps désirée des citoyens ou ce pays ne sera pas de son siècle et du concert des nations respectables. Et alors, les fossoyeurs du Togo en seront tenus responsables, à jamais devant l’Histoire. Il est grandement temps : Démocratie ou rien!



Horizon


Rédigé par Pierre S. Adjété le 27/06/2014 à 10:00



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