Profil
Pierre S. Adjété
Pierre S. Adjété
Né à Lomé, PSA a fait ses études au Togo, au Gabon et au Canada. Économiste, administrateur et essayiste, PSA est un partisan assumé du «Grand Pardon» et un adepte de l’Éthique dans l’espace public; il est un acteur engagé dans des initiatives citoyennes et républicaines.




La nouvelle a vite fait de circuler le jour même; la démission de Tino du poste de deuxième vice-président de la Fédération Togolaise de Football est bien intervenue ce lundi. Un coup de fil et une question pour me demander de confirmer la démission de mon frère, et me voilà en train de dire OUI pour cette nouvelle que l'intéressé avait pris soin de discuter avec moi. Seulement, les choses sont allées beaucoup plus vite que je ne le pensais... Voici la lettre de démission de Tino: courte et percutante.


Tino Adjété
Tino Adjété



À

Monsieur Gabriel AMEYI
Président
Fédération Togolaise de Football (FTF)
Lomé (Togo)


Objet : Ma démission du Bureau exécutif de la Fédération Togolaise de Football (FTF)


Monsieur le Président,

L’espoir de redressement du football togolais qui a justifié ma collaboration avec vous au sein de la Fédération Togolaise de Football (FTF) s’est rapidement dissout dans l’exercice particulier que vous avez fait de votre responsabilité à la tête de cette institution depuis bientôt quatre ans. En tant que deuxième vice-président en charge successivement de l’Éthique et Fair-Play et du Marketing et Télévision au sein du Bureau exécutif de la FTF, l’une des personnes aguerries dans la connaissance et la mise en œuvre des exigences impératives des Statuts Standard de la FIFA qui devraient être rigoureusement mis en application sous votre gouverne, j’ai ainsi pu constater cette constante dégradation des pratiques de tous genres ainsi que leur dommage réel sur l’intégrité du football togolais, sa réputation au plan national et sur la scène internationale.

Mes appels à votre endroit ainsi que ma confiance à votre propre jugement ont fini par produire en moi lassitude et silence qui, malheureusement, n’ont suscité en vous aucun éveil ni changement dans la gestion de la FTF et du football togolais. Il ne me reste aujourd’hui que le choix responsable de mon retrait du Bureau exécutif de la FTF; une démission que je vous présente ce jour, ici même par la présente, et que je vous prie de bien vouloir accepter et rendre public. Il me reste surtout la volonté de démontrer que la gestion de la FTF ne saurait être un perpétuel chaos managérial qui finirait par anéantir tout le football togolais si nous ne sortons de cette fatale logique qui l’étouffe.

J’assume donc ma détermination invariable de travailler à un saut qualitatif et à un nécessaire renouveau du football togolais : savoir faire et faire savoir que la transparence et la compétence sont encore possibles dans la gestion de notre sport véritablement national et rassembleur que reste et doit demeurer le football. La saine gestion du football togolais au profit de sa jeunesse devient un devoir et un appel auquel nous ne saurons plus, collectivement et individuellement, trop tarder de répondre avec courage et détermination. C’est bien à un tout autre destin glorieux, un défi fructueux et respectueux de l’ensemble de la famille sportive togolaise que j’entends désormais participer.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.


Tino ADJÉTÉ

Copie :
• Membres de la FTF
• Confédération Africaine de Football (CAF)
• Fédération Internationale de Football Association (FIFA)

Horizon


Rédigé par psa le 14/04/2014 à 20:20



Au Togo, l’expérience des dernières années hante et obsède. Effectivement, le Togo ne peut plus continuer à languir dans un régime ancien, peu novateur et peu viable; un régime ancien non-préparé à fédérer les énergies autres que celles de ses obligés, un régime ancien non-agile à susciter l’émulation des talents pour bâtir une Nation intégrée génératrice du développement. Comment le dire autrement sans penser aux peuples qui sont déjà passés par là : « C’est dur de rouler cet inexorable rocher de Sisyphe, l’État de droit; on le monte jusqu’au sommet, en 1990 et en 1992 par exemple, il retombe bas en 2005, en 2010 et sous nos yeux encore, en 2013 lors des législatives. Qu’en sera-t-il alors en 2015 aux présidentielles? »


La persistante nudité démocratique du Togo
La persistante nudité démocratique du Togo


Plus souvent qu’autrement, les occasions de réconciliation, de cohabitation et de démocratisation ont été manquées, au lieu d’être transformées en Travail-Liberté-Patrie, la devise même du pays et la recommandation constante de plusieurs commissions, nationale et internationale. Rien, absolument rien de démocratiquement fiable ne tient la route ou ne colle plus à la peau du Togo, de ses institutions et de ses dirigeants.

Des décisions de la cour constitutionnelle? De vrais théâtres avec une cascade de plaisanteries cléricales dignes des hors-la-loi. Des élections législatives? Rien d’autre qu’une comédie aux résultats préfabriqués qui relèvent d’un « gangstérisme électoral » purement effronté. Un seul dialogue politique franc, viril mais sincère et respectable? Introuvable. Un opposant dérangeant ou un collaborateur ambitieux? Interdiction, arrestation, inculpation, disparition, c’est selon l’humeur, c’est selon l’arbitraire. Une presse moindrement critique? La ferme! Et pourtant, le monde entier sait que « la liberté de l’information, c’est ce qui permet de vérifier l’existence de toutes les autres libertés. » Mais alors, des lois à respecter quelque part dans ce Togo... Quelles lois?

C’est bien cette constante et déplorable nudité démocratique du Togo qu’il sied désormais de protéger; un effeuillage de dignité qu’il convient de revêtir convenablement de nouveau, et définitivement. Ainsi, la conscience vive de la tragique précarité démocratique du Togo accroît, de nouveau, toutes les attentions aux marches du temps vers les élections à venir, qu’elles soient les improbables locales ou les incontournables présidentielles de 2015.

Cruelle ironie : toujours au Togo, le suffrage du peuple sert à légitimer toutes les impostures. Toujours, le régime ancien s’aliène le peuple en montrant les limites d’une incapacité chronique à assumer le Togo autrement. En fait foi, l’échec patent du fameux Accord de gouvernement entre le parti de Gilchrist Olympio et celui de Faure Gnassingbé au pouvoir : une stratégie politique de réels amateurs-sans-frontières, payée et exécutée davantage pour satisfaire un seul orgueil et tenter d’imploser l’opposition plutôt que pour réconcilier valablement l’ensemble des citoyens togolais. Résultat : Échec sur toute la ligne, retour à la case de départ, aucune avancée politique notable au Togo. Il ne reste donc au Togo que le courage et le devoir d’une alternance politique véritable; le peuple a souvent exprimé ce désir, le régime ancien le lui a toujours refusé.


Choisir la République : Une Res Publica véritablement commune!
Les choses sont ainsi claires qu’on connaît le désir invariable du peuple togolais d’un côté, et de l’autre la résistance farouche ainsi que la peur constante et déraisonnable de l’ancien régime. Logiquement, la cheville ouvrière du changement est désormais l’opposition togolaise qui doit se montrer à la hauteur d’une mission aussi unique et incontestable à elle dévolue. En réalité, une triple mission revient à l’opposition togolaise : face à elle-même, face au régime ancien, et face au peuple togolais. C’est bien ce rôle connu de toutes les Togolaises et de tous les Togolais qu’il faut maintenir sacré, rendre efficace et efficient au moyen d’une unité d’action sans failles. C’est là un minimum dans les circonstances actuelles du Togo.

Dorénavant, commencent des mois difficiles de travail politique vers cette impérative unité d’action de l’opposition togolaise, afin de susciter le respect et l’effervescence nécessaires à la réhabilitation démocratique du Togo. Entière, tout entière même, l’opposition togolaise est appelée à un devoir historique pour un leadership de changement politique assumé avec responsabilité et professionnalisme, et pour une réconciliation garantie sans récrimination aucune. D’ailleurs, il y a tellement à faire au Togo qu’aucune place ne reste et ne subsistera pour les règlements de comptes, sinon le partage des responsabilités et des habiletés.

À vif, la conscience de la diaspora reprend fait et cause pour une unité d’action à l’approche des présidentielles de 2015. À demeure, l’engagement de la diaspora togolaise s’investit déjà pour cicatriser les plaies d’un passé encore douloureux. La raison est simple : le privilège même de la citoyenneté togolaise demeure, non pas seulement dans la passive appartenance à un pays, mais dans la semence constante des actions concrètes qui contribuent à l’édification d’une République nouvelle sur la « Terre de nos Aïeux »; la quête d’une Res Publica véritablement commune qui ne peut plus attendre.


Choisir toujours l’aspiration de la République
C’est à ce niveau que se situe le Togo autour duquel il est urgent de se retrouver. Le silence ne peut plus continuer à être la vedette du spectacle politique malsain que présente le Togo en Afrique de l’Ouest. Avec les mêmes peuples dont les composantes ethniques appartiennent essentiellement au Bénin à l’est, au Ghana à l’ouest, et y jouissent de modèles exemplaires de démocratie dans toute l’Afrique et au-delà, le Togo, quant à lui, fait lamentablement bande à part. Solitude, toujours : surtout pays inclassable que l’on ne peut plus croire sur parole ou encore moins sur la promesse de ses dirigeants.

Dans une conjonction politique et sociale portée par un appauvrissement économique déshumanisant des citoyens, il ne saurait être question d’un aveuglement guidé par la seule veulerie opportuniste de certains. Beaucoup de travail d’occupation de terrain et de cohésion dans la définition de l’avenir reste à faire dans les rangs de l’opposition togolaise. Hors conscience patriotique, les gains d’unité réalisés, admirablement et collectivement avec le Collectif Sauvons le Togo (CST), tomberont et sombreront. Personne n’y gagnera : même les plus grandes consciences et les introuvables compétences. Signalons que depuis la mémorable « Ovation de boue » servie en avril 2010, à la plage de Lomé, à rien de moins que Gilchrist Olympio, le CST demeure la plus grande réalisation unitaire de l’opposition togolaise.

Aujourd’hui, c’est même tout le Togo qui a son sort lié à l’avènement d’une véritable République. Sans mettre en cause les ambitions de chacun à vouloir diriger le Togo, il faut choisir l’aspiration de la République, au moment où ce choix est le plus noble et le moins partisan. L’engagement politique, c’est aussi savoir lutter à contre-courant de la facilité instinctive de se déclarer candidat à tout prix et candidat beaucoup trop tôt avant les nécessaires préalables d’organisation stratégique au plan national et international, avec le grand risque d’aller à l’encontre de l’intérêt commun. La démocratie n’étant rien d’autre que la solidarité... son heure a sonné pour le Togo... et il faut y travailler ensemble.

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Horizon


Rédigé par psa le 06/12/2013 à 01:20



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